La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

mercredi 4 avril 2018

Gérer son potentiel énergétique (G XXI)

Dans cette rubrique paraît une série d’articles portant sur la connaissance de soi,
articles se composant d’extraits de l’enseignement de G. I. Gurdjieff,
selon les notes prises par P. D. Ouspensky, l’un de ses élèves.
G. I. Gurdjieff tenait sa connaissance de la « tradition ancienne ».

Ma motivation : se désenvoûter (un max. d'entre nous).
 
Soyez votre propre flambeau et votre propre recours.
– Sagesse orientale
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G. I. Gurdjieff revient sur le « faire » et la dépense énergétique conséquente :
Nous voulons "faire",
mais dans tout ce que nous faisons nous sommes liés
et limités par la quantité d’énergie produite par notre organisme.
 
Chaque fonction, chaque état, chaque action, chaque pensée,
chaque émotion, nécessitent une énergie, une substance bien déterminée**.

G. I. Gurdjieff explique comment nous gaspillons notre énergie « en pure perte » :
L’énergie est surtout dépensée par les émotions inutiles et désagréables,
par l’attente anxieuse de choses déplaisantes, possibles ou impossibles,
par les mauvaises humeurs, les hâtes inutiles, la nervosité, l’irritabilité,
l’imagination, la rêverie et ainsi de suite.
L’énergie est gaspillée par le mauvais travail des centres* ;
par la tension inutile des muscles, hors de toute proportion avec le travail fourni ;
par le perpétuel bavardage, qui en absorbe une quantité énorme ;
par l’ "intérêt" sans cesse accordé aux choses qui arrivent autour de nous
ou à des gens avec lesquels nous n’avons rien à faire,
et qui ne méritent pas un regard ;
par le perpétuel galvaudage de la force d’ "attention" ;
et ainsi de suite …
Dès qu’il commence à lutter contre toutes ces habitudes,
l’homme épargne une quantité énorme d’énergie (…)
L’étude du fonctionnement de l’organisme humain
montre que cela est tout à fait possible**.

Ce qui suit est important puisque ça concerne nos capacités et possibilités
qui sommeillent, restant en état latent au fond de chacun de nous :
L’organisme humain est comparable à une usine de produits chimiques
où tout a été prévu pour un très haut rendement.
Mais dans les conditions ordinaires de la vie,
elle ne donne jamais toute sa mesure,
parce qu’une petite partie seulement de sa machinerie est utilisée
et elle ne produit que ce qui est indispensable à sa propre existence.
Le travail de l’usine est de transformer une sorte de matière en une autre,
c’est-à-dire du point de vue cosmique
les substances plus grossières en substances plus fines.
L’usine reçoit du monde extérieur, en tant que matière première,
une quantité d’ "hydrogènes" grossiers,
et son travail consiste à les transformer en "hydrogènes" plus fins, (…)
"Apprendre à séparer le subtil de l’épais"
– ce principe de la "Table d’Emeraude" se réfère au travail de l’usine humaine,
et si un homme apprend à "séparer le subtil de l’épais",
c’est-à-dire à amener la production des hydrogènes fins
à son plus haut niveau possible,
il créera pour lui-même, par ce seul fait, la possibilité d’une croissance intérieure
(…)
Toutes les substances nécessaires au maintien de la vie de l’organisme,
au travail psychique, aux fonctions supérieures de conscience
et à la croissance des corps supérieurs,
sont produites par l’organisme à partir de la nourriture qui pénètre en lui.

G. I. Gurdjieff met en avant l’importance des impressions :
L’organisme humain reçoit trois sortes de nourriture :
1. La nourriture ordinaire que nous mangeons.
2. L’air que nous respirons.
3. Nos impressions.
Il n’est pas difficile de comprendre
que l’air est une sorte de nourriture pour l’organisme.
Mais il peut paraître difficile, à première vue, de comprendre
comment les impressions peuvent être une nourriture.
Nous devons nous rappeler qu’avec chaque impression extérieure,
d’ordre sonore, visuel ou olfactif,
nous recevons du dehors une certaine quantité d’énergie,
un certain nombre de vibrations ;
cette énergie qui, de l’extérieur, pénètre dans l’organisme,
est une nourriture.
De plus, l’énergie ne peut pas être transmise sans matière.
Si une impression extérieure introduit avec elle dans l’organisme une énergie extérieure,
cela signifie donc qu’une matière extérieure pénètre aussi dans l’organisme
et le "nourrit", au sens le plus plein de ce mot.

(…)
L’organisme peut exister pendant un temps relativement long
sans nul apport de nourriture physique fraîche.
(…)
Sans air, il ne peut subsister que quelques minutes, pas plus de deux ou trois
(…)
Sans impressions, un homme ne peut pas vivre un seul instant.
Si le flot des impressions devait s’arrêter de quelque façon,
ou si l’organisme devait être privé de sa capacité de recevoir les impressions,
il mourrait instantanément.
Le flot des impressions qui nous viennent de l’extérieur
est comme une courroie de transmission
par laquelle nous est communiqué le mouvement.
Le moteur principal est pour nous la nature, le monde environnant.

G. I. Gurdjieff revient sur, et explique, le « rappel de soi » :
(…) « nous ne nous rappelons pas »,
c’est-à-dire nous n’avons pas la sensation de nous-mêmes ;
nous ne sommes pas conscients de nous-mêmes
au moment de la perception d’une émotion, d’une pensée ou d’une action.
Si un homme le comprend et essaie de se rappeler lui-même,
chaque impression qu’il recevra pendant ce rappel sera, en quelque sorte, doublée.
Dans un état psychique ordinaire je regarde simplement la rue, par exemple.
Mais si je "me rappelle moi-même", je ne regarde pas simplement la rue,
je sens que je la regarde, comme si je me disais à moi-même : « Je » regarde.
Et au lieu d’une impression de la rue, j’ai deux impressions :
l’une de la rue, et l’autre de moi-même regardant la rue.

Cette seconde impression,
produite par le fait de mon "rappel de moi",

est le "choc additionnel".
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En bref (des dernières parutions) et avec mes mots (selon mon entendement) :
pour affiner l’apport de nos nourritures,
deux chocs ou impulsions (efforts appliqués sciemment) sont nécessaires :
1. transmutation de l’émotionnel : ne pas verbaliser vainement (perte d’énergie)
les sentiments et émotions déplaisants ni, surtout, les cristalliser (ne pas les ressasser,
ruminer, mais les laisser filer tels des nuages dans le ciel intérieur) ;
s’efforcer aux non-identification et non-considération intérieures.
2. Rappel de soi notamment lorsqu’il se passe quelque chose,
et conscientisation des impressions (écouter les ressentis et le sentiment général).
Pour le dire autrement : prendre du recul, de la distance affective,
pour s’observer soi-même (durant ce qu’il se passe).
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Notes

** À savoir : en suivant les notes de P. D. Ouspensky,
G. I. Gurdjieff poursuit avec la table des hydrogènes.
Je ne vais pas copier d’extrait à ce sujet, cette partie étant ardue.
Sachez que G. I. Gurdjieff, par ce biais, parvient à expliquer la transformation de l’esprit (éveil à une conscience supérieure),
ou comment stimuler les centres émotionnel et intellectuel pour qu'ils se développent davantage.

Pour le dire autrement, il explique matériellement, scientifiquement, l’évolution spirituelle.
Pour G. I. Gurdjieff tout est matière.


Le mystère est alchimique :
comment transformer le plomb (l’homme-machine) en or (l’homme éveillé).

 
* Rappel des trois centres "êtriques", ou cerveaux, d’un humain :
- le centre moteur-instinctif,
- le centre émotionnel
- le centre intellectuel.
NB : les centres émotionnel et intellectuel sont le produit de nos éducation et conditionnement sociaux ;
ainsi, nous apprécions, méprisons et raisonnons, comme on l’a appris ou sinon, en réaction
et ce, tant que nous ne conscientisons pas les fonctionnements de ces deux cerveaux ;
c’est-à-dire que les centres émotionnel et intellectuel ne se développent que partiellement,
principalement de façon mécanico-automatique (selon des schémas types agissant inconsciemment en chacun).
C’est pourquoi G. I. Gurdjieff définissait la plupart des humains comme étant des « hommes-machines »
ou encore, des « cochers-taxi » conduisant divers clients, dont certains deviennent des habitués (les clients fidèles) :
il est question dans cette parabole des différents « moi » agissant à notre insu.

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5 commentaires:

  1. Eric,
    Passionnant, puissant, complexe des choses m'échappent mais d'autres me rattrapent. Merci.
    Thierry

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    1. Merci pour ton passage, ta fidélité, et de participer, Thierry.
      Bon jour à toi

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  2. Notre époque, notre mode de vie, nous confronte à point crucial, un carrefour :
    choisissons-nous de se nourrir aux impressions virtuelles
    (TV et Net, béton et promesses techno-industrielles)
    ou plutôt de continuer à se nourrir (du peu) d'impressions naturelles ??

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  3. Mon choix est fait ! ;) nature, nature, nature !

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    1. Ben alors, "respire" comme l'a chanté Mickey3D,
      "c'est pas rien de le dire"
      ;)

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