La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

mercredi 11 avril 2018

Etat King-Con

Déjà paru en avril 2016 (sur EB)

J’ai imaginé un entretien avec Maître Lao Tseu, l’auteur du Tao Te King.
L’échange porte sur le fonctionnement de notre monde (humain).
Incroyable, son propos est encore à jour,
paraissant évoquer notre actualité brûlante !
Un visionnaire cet Homme.


La civilisation, représente-t-elle un progrès, une réelle avancée,
un mode de vie communautaire intelligent ?

Quelle est l’origine de la civilisation, de la civilité, M. Tseu ?
(Lire attentivement la non-progression, voire la régression ou la dégénérescence)
(...) lorsque le Tao fut délaissé il y eut la vertu ;
la vertu perdue, il y eut l’humanité ;
après la perte de l’humanité, il y eut l’équité ;
après la perte de l’équité, il y eut la civilité.
Or la civilité n’étant que l’apparence de la droiture et de la sincérité,
elle est cause de désordre.

Lao Tseu d’en rajouter une couche. Notons comment ça se dégrade :
Quand le grand Tao fut délaissé,
il y eut l’humanité, la justice.
Puis la sagesse, la prudence parurent,
et l’hypocrisie fut générale.
Dans la famille, les membres se méconnurent ;
il y eut l’affection des parents, la piété filiale.
Les Etats souffrirent de la corruption, du désordre ;
il y eut des fonctionnaires fidèles.

Abordons le sujet clé paraissant faire l’unanimité : la sécurité.
Lao Tseu recommande à ce sujet :
Il ne faut pas glorifier les hommes de valeur, pour que le peuple ne dispute pas ;
ni estimer les biens difficiles à acquérir, pour qu’il ne vole pas ;
ni étaler ce qui excite la convoitise, pour que son cœur ne soit pas troublé.

Lao Tseu, en verve, de continuer :
Quand les palais sont trop bien entretenus,
les terres sont incultes, les greniers vides.
Porter des habits somptueux, des épées tranchantes,
se gaver de nourriture et de boissons, accumuler des richesses,
c’est glorifier le vol.
Conserver plein ce qui va déborder, mieux vaut y renoncer.
Un tranchant trop aiguisé ne peut rester longtemps affilé.
Une salle remplie d’or et de joyaux ne peut être gardée.

« Si, à quarante ans, on ne parvient pas à s’acheter une montre Rolex,
c’est qu’on a raté sa vie », a dit un salopard  intellectuel civilisé.
Un autre connard politicien a clamé fièrement « j’espère bien
que des jeunes rêvent encore de devenir milliardaires
».

Et Lao Tseu de répondre à ses sans-âme possédés par leurs biens :
S’enorgueillir parce que l’on est comblé de richesses et d’honneurs,
attire sur soi l’infortune.

De nouvelles lois, des traités comme le TAFTA, tombent du toit des « supérieurs ».
Plus on évoque la liberté, la démocratie, plus les choix se restreignent !
… ?
Environ 540 ans avant J.-C., c’est-à-dire il y a plus de 2500 ans (!),
Lao Tseu prétendait que :
(…)
plus il y a de règlements et de prohibitions dans l’Empire, plus le peuple s’appauvrit ;
plus le peuple a de moyens de s’enrichir, plus la vie familiale se trouble dans la nation ;
plus le peuple est habile et ingénieux, plus on voit surgir des inventions inutiles ;
plus le flot des règlements et des lois monte, plus il y a de malfaiteurs et de bandits.

Nous ne respectons plus rien,
et ne reconnaissons ni valeur ni éthique ni justice ni équité.
Comment expliquer cela ?
Les Grands Souverains de jadis, le peuple savait qu’ils existaient.
Ceux qui vinrent ensuite il les aima, les honora ;
puis il les craignit, et enfin les méprisa.
Quand la confiance est limitée, il n’y a pas de confiance.

Lao Tseu, renversant, poursuit avec l’attitude des dirigeants :
Lorsque le gouvernement est simple et indulgent, le peuple est riche et généreux ;
lorsque le gouvernement est formaliste et tracassier, le peuple est besogneux et mesquin.
(…)
Si le gouvernement est sans droiture,
la droiture devient erreur, et le bien devient perversité.
Les hommes sont égarés et cela dure depuis longtemps.

Lao Tseu explique les soi-disant crises (qui profitent à Ceux-qui-ont-trop) :
Le peuple a faim lorsque ses maîtres dévorent le produit de lourds impôts ;
voilà la cause de la disette.
Le peuple est difficile à gouverner lorsque ses maîtres sont agissants ;
voilà d’où vient la difficulté de gouverner.
Le peuple envisage la mort avec légèreté, parce qu’il peine trop pour vivre ;
voilà pourquoi il attache peu d’importance à la mort.

Ah ! Les promesses.
Promesses des politiciens, des représentants de Dieu, des scientifiques, etc.
« Y a qu’à… », « il suffit que… », « on va édicter un nouvel interdit », etc.
Qui promet à la légère mérite certainement peu de confiance ;
qui trouve tout facile éprouve nécessairement beaucoup de difficultés.

Lao Tseu, décidément un prescient,
conseille nos politiciens et autres dirigeants restant dans l’ombre :
Renoncez à la sagesse, abandonnez la prudence,
ce sera cent fois plus profitable au peuple.
Renoncez à l’humanité, rejetez la justice,
et le peuple reviendra à l’amour filial et à l’affection paternelle.
Renoncez à l’habileté, abandonnez le profit,
et il n’y aura plus de voleurs ni de bandits.
Ces qualités étant des apparences, ne sauraient suffire.
C’est pourquoi il faut tâcher de se montrer simple,
rester naturel, réduire l’égoïsme, avoir peu de désirs.

Posséder, vouloir (cérébral), avoir davantage, comptabiliser, thésauriser… :
Il n’est pas de plus grande erreur que de vouloir satisfaire ses désirs ;
il n’est pas de plus grande misère que de ne pas savoir se suffire.
Il n’est pas de pire calamité que le désir de posséder.
C’est pourquoi celui qui sait se contenter de peu est toujours satisfait.

Concernant les bienfaits de l’abnégation :
Le ciel et la terre durent toujours.
S’ils durent toujours, c’est parce qu’ils ne vivent pas pour eux-mêmes.
Voilà ce qui leur permet de durer indéfiniment.

Lao Tseu nous laisse avec une note d’espoir :
Un ouragan ne dure pas toute une matinée,
ni une pluie torrentielle tout un jour.

Or, qui fait cela ?
Le ciel et la terre.
Si le ciel et la terre ne peuvent faire durer ce qui est excessif,
comment l’homme le pourrait-il ?

À méditer :
Quand la foi n’est pas totale, ce n’est pas la foi.

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Commentaire : depuis que l'humain a cessé de vivre en mode tribal,
notamment Lao Tseu, G. I. Gurdjieff et D. Quinn ont déploré sa régression
et dégénérescence sur tous les plans : personnel et social.

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4 commentaires:

  1. Eric,
    L'hypocrisie générale n'a pas beaucoup changé...
    Intéressant comme toujours !
    Thierry

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    1. L'hypocrisie se porte bien, prospère même
      A + Thierry

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  2. "La puissance de la joie " Frédéric Lenoir, " Être sage c'est consentir à la vie et l'aimer comme elle est. C'est ne pas vouloir à tout prix transformer le monde selon ses propres désirs. c'est se réjouir de ce qu'on a, de ce qui est là, sans toujours désirer davantage ou autre chose. "
    Et en ce moment comme tu l'écris plus bas, ils sont en train de combattre des gens qui voulaient vivre de peu. Sous prétexte qu'il n'est pas autorisé de s'approprier des terres. Terres qu'ils voulaient détruire auparavant ! le combat est inégal, honteux, abject !

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    1. Oui, "combat inégal, honteux, abject"
      En discours TV, le président aurait dit "déconstruire" = ils ont détruit les cabanes, saccagé et ramassé les débris (pour qu'ils ne puissent pas reconstruire), tout en armes de guerre, chars et pelleteuses !
      80 blessés (aussi parmi les flics)...

      Le message de F. Lenoir, faudrait leur envoyer à "eux".

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