La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

jeudi 8 mars 2018

Résilience

Introduction

« Résilience » est un mot bien exploité depuis quelques années,
une notion en train d’être galvaudée, utilisée à toutes les sauces.

D’après la définition du dictionnaire,
ce terme nous vient du domaine de la métallurgie
(décidément, qu’est-ce que nous aimons les métaux !) :
« résistance d’un métal aux chocs ». 
Quant à l’adjectif « résilient » : « qui offre une certaine résilience ».
Dans le domaine de la psychologie, par analogie,
on peut entendre : « résistance aux chocs émotionnels
ainsi qu’aux maltraitances tant physiques que psychologiques ».
Digression :
en la sonorité du mot « résilience » on entend résilier,
comme résilier un contrat, un accord tacite, un pacte du silence,
une loyauté envers quelqu’un(s), un survenu terrible…
Résilier les affaires du passé. Se détacher de ce qui fut.

Concernant la résilience

La résilience a été observée notamment par Boris Cyrulnik
qui a écrit quelques ouvrages à ce sujet dont « Le murmure des fantômes ».

La résilience ne se commande pas,
ne se programme pas,
ne se prévoit pas.

Il y a résilience ou non.

L’un des exemples de B. Cyrulnik porte sur les rescapés des camps d’extermination nazis :
certains, après la libération, restaient psychiquement minés, dépressifs, angoissés, mal,
alors que d’autres s’en sortaient plus ou moins, avec soutien psychothérapique,
alors que certains, rares, ont rebondi aussitôt libérés, avec force et enthousiasme,
comme s’ils n’étaient ni traumatisés (sauf physiquement) ni détruits intérieurement.

Cependant, un résilient n’est pas à l’abri d’une brusque rechute
(au souvenir d’une situation traumatique ou honteuse, par exemple).

Important à considérer :
la résilience (de certaines personnes) a été observée après des événements choquants.

La résilience n’est pas quelque chose qui se déclenche en appuyant sur un bouton tactile,
genre : « c’est horrible, mais je vais être résilient après ».
Les personnes résilientes ont souffert, beaucoup.
C’est une fois l’horreur terminée que s’effectue la résilience,
ou non.

La résilience n’est donc pas un remède contre la souffrance
ni contre les chocs ingérables pour l’esprit.
La résilience ne règle aucun problème.


Mon point de vue

La résilience dépend de la relation que chacun entretient avec soi-même.
Apprendre à se préserver, intérieurement, quoi qu’il se passe à l’extérieur,
jusque dans les pires situations d’humiliation, de brutalité, etc. En effet,
c’est comme si la personne résiliente était parvenue à protéger son intériorité
des événements violents subis durant une période.

D’où l’importance de consolider un noyau dur en soi-même,
« le Soi », « le Moi objectif », peu importe comment on le nomme.


En résumé

En situation de souffrance occasionnée par autrui, des soldats par exemple,
on ne peut que subir et se protéger intérieurement.
Une fois terminé, libéré de la situation,
il faut se soigner, digérer en comprenant ce qu’il s’est passé,
et pardonner ce qui peut l’être, aux autres comme à soi-même.
Une personne résiliente traverse ces étapes de guérison, elle aussi,
à la différence qu’elle les traverse facilement et rapidement,
parfois sans aide psychothérapique ni autre.

On peut dire que la résilience désigne un processus de guérison psychique
qui s’effectue rapidement et "tout seul".

Bien-sûr, on cherche à comprendre comment se passe cette résilience
afin d’aider les traumatisés, mais parviendra-t-on à théoriser
et publier un livre : la résilience pour les nuls ?


Commentaire

Ce qui m’apparaît dérangeant consiste à parler de résilience à tous vents,
au lieu de décider de cesser de faire souffrir.

Sans événement horrible (volontaire), pas besoin de résilience.
Par exemple :
il n’est pas normal de torturer des gens (même si désignés terroristes)
et des animaux (vivisection) et des arbres pour qu’ils présentent comme on veut.

Sans faire souffrir autrui, pas besoin de résilience ni autre notion savante
semblant justifier la poursuite d’actes déments et irrémissibles.

_______________________________

4 commentaires:

  1. Eric,
    Extrêmement bien résumé bravo camarade et merci !
    Thierry

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Alors, longueur d'onde, 5/5 (je suppose).
      Merci à toi, de participer.
      A + Thierry

      Supprimer
  2. On en revient toujours au noyau, à son soi ! Cette résilience observée chez certains est toujours un mystère pour moi, comment certains font pour passer comme au travers des souffrances sans en rien laisser paraître et d'autres qui s'enlisent pour bien moins ? tu as sans doute raison, ce sont certainement des gens plus équilibrés, plus intérieurs.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. ... "et d'autres qui s'enlisent pour bien moins", effectivement.
      A + Virevolte

      Supprimer