La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

mardi 17 juillet 2018

Modes automatique ou fantaisiste ?

Les vacances d’été ont commencé.
Michel, 13 ans, a traversé une année scolaire difficile. Il redouble.
Ses parents ont accepté qu’il reste deux semaines chez les grands-parents,
vivant à plusieurs centaines de kilomètres.

Ce jour-là, au matin : 

- Dis, papy, pourquoi y a des gentils et des qui sont méchants ?

- Ho, ho, mon Michel, quelle question !
Hum, euh…
Tu sais, y en a qui disent qu’il n’y a pas de méchant,
que tous, chacun – toi, moi, les autres –,
on fait au mieux, pour trouver son bonheur.
Donc, chacun croit agir pour le bien, et se considère gentil.
Tu comprends, Mimi ?


- Oui, mais, y en a qui sont méchants quand même.
Mon frère, il est toujours méchant avec moi, jamais gentil.


- Hum, bon.
Écoute : l’humain fonctionne telle une machine,
une machine perfectionnée, géniale, complexe,
mais qu’on ne comprend pas bien.
Tu vois ?


- Oui.

- Et chacun d’entre nous peut, à son gré, comme il le souhaite,
fonctionner d’une certaine façon ou d’une autre façon.
Il y a au moins deux façons très différentes de fonctionner, de vivre.
Par exemple : imagine que l’humain soit une sorte de voiture.
Eh bien, il y a des voitures automatiques et des voitures manuelles.
Avec la voiture automatique, tu n’as qu’à accélérer et ralentir et freiner,
le reste, le changement de vitesses, se fait tout seul.
Alors qu’avec une voiture manuelle,
tu dois changer les vitesses toi-même, en plus d’accélérer et ralentir et freiner.
L’humain, tous, nous avons ce choix : soit de fonctionner en mode automatique,
c’est-à-dire en suivant des directives et en se conformant aux normes du moment ;
soit de fonctionner en mode manuel, c’est-à-dire à sa manière, selon son idée.


- Mmh.


- Un autre exemple, qui va te parler davantage :
imagine que l’humain soit comme une voiture-ordinateur.
Soit il laisse les divers programmes et applications se dérouler comme prévu,
et, à chaque démarrage, il retrouve les pages et sites qu’il aime visiter ;
soit il fait en sorte de n’afficher que le bureau au démarrage de l’ordi,
ainsi, chaque jour, selon son humeur, il choisit les sites
et activités qu’il a envies de faire à ce moment-là.
Chacun, on a ce choix de fonctionnement :
ou on se laisse guider, conseiller, dresser,
ou alors on tente de faire autrement, selon sa fantaisie, ses idées et désirs.
En mode automatique, l’humain obéit à ce qu’on lui dit être le mieux.
Ce comportement ne fait pas de lui un méchant, mais un être divisé,
qui s’exécute sans trop penser ni réfléchir aux conséquences,
et qui se comporte, souvent, à l’encontre de lui-même.
Aussi, parfois, en obéissant, on en arrive à être méchant,
sans se sentir responsable ni coupable ;
au contraire, en étant sûr et fier d’avoir bien agi.


- J’ai compris, Papy.
Tu fonctionnes comment, toi ?


- Ha, ha, ha. J’suis vieux mon Mimi.
Auparavant, je fonctionnais de façon automatique,
en me laissant entraîner par le courant des modes.
Puis, j’ai changé. J’ai commencé à m’écouter.
Maintenant, j’fonctionne le plus possible en mode manuel, créatif.
Et toi, mon grand, manuel ou automatique ?


- Mes parents, y veulent jamais me laisser faire comme je veux.

- Tu aimerais fonctionner en mode manuel, hein Mimi ?

- Ouais, j’aimerais faire plein de choses.
Dis Papy, c’est pour ça que mon frère il est méchant avec moi
et qu’il se comporte comme mes parents ? Parce qu’il est en mode automatique ?


- He, he, he, peut-être bien après tout,
et ça expliquerait pourquoi vous vous disputez tout le temps.
Tu sembles avoir compris ce que je t’explique, p’tit.


- Thomas veut toujours avoir raison et il me frappe quand on est seul.
À la maison, il est toujours du même avis que les parents. Il ne me défend jamais.
Quand papa me frappe et me punit, il rit. On dirait qu’il est content.
Il se comporte comme s’il était déjà vieux, sérieux, l’air grave ;
alors qu’il est jeune.
Et mes parents, on dirait qu’ils n’ont jamais été jeunes.
Ils n’essaient même pas de me comprendre.
Elle était comment maman à mon âge ?


- Allons, viens, mon Mimi manuel, on va se promener en forêt, ça te dit ?

- Youhou !

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2 commentaires:

  1. Jolie histoire ! vraie ? Oui, je crois que les hommes ne sont pas faits pour se comprendre malheureusement...
    justement, mon père hier a eu un accrochage(encore), avec ses voisins. Lorsqu'il a rappelé à la voisine qu'elle avait failli le tuer il y a un bout de temps lorsqu'elle avait redemarré du stop alors qu'il passait en moto, elle lui a répondu que ça aurait été un bon débarras. Son mari lui a aussi dit que lorsqu'il taillait son sapin il n'avait qu'à garder les planches pour en faire son cercueil ! Alors, là, je suis comme Michel, pourquoi qu'y en a des méchants ? Parce que si ça c'est pas être méchant ? Mon père a peut-être des torts, je n'en sais rien, mais, je suis soufflée qu'on puisse tenir de tels propos à son voisin de presque 80 ans ! Bon, je vais faire comme Michel et partir me promener, je crois que c'est beaucoup mieux !

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    1. Terrible ce que tu racontes.
      Nous ferions mieux d'être plus avenants les uns avec les autres.
      Mais comme tu l'écris : sommes-nous "faits pour nous comprendre" ?
      A + Vi

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