La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

mercredi 25 juillet 2018

Psychologie de l'être et de ses besoins

Les extraits de la première partie sont copiés du livre de Abraham H. Maslow,
Vers une psychologie de l’Être, 1968, (1972 pour l’édition française Arthème Fayard).
(La présentation et les caractères en gras sont de mon fait)

A. H. Maslow, psychologue américain, est connu surtout
pour « la pyramide des besoins », dite aussi « pyramide de Maslow »,
que je présente brièvement en deuxième partie.

La recherche de A. H. Maslow vise à une « psychologie de la santé »,
par l’étude d’une « psychologie de la croissance »,
plutôt que de se baser, comme la plupart, sur une psychologie de la pathologie.
Il souhaitait que sa recherche reste humaniste (dans le courant de ses confrères
qu’il cite souvent, notamment C. R. Rogers auteur de « la relation d’aide »
dite aussi « écoute active, centrée sur la personne »).


Première partie : la psychologie de l’être

A. H. Maslow propose une explication concernant
les comportements malsains et mauvais (portant atteintes à autrui) :
L’agressivité, le sadisme, la cruauté, la malice
ne semblent pas être des éléments primaires,
mais constituer plutôt de violentes réactions
à la frustration des besoins et des émotions.

Par « éléments primaires » l’auteur entend que ces caractéristiques déviantes
ne font pas partie de la nature humaine, pas forcément en tout cas.
Par exemple, contraindre une (brave) personne peut la rendre agressive.

A. H. Maslow explique :
La colère n’est pas mauvaise en elle-même,
pas plus que la peur, la paresse ou l’ignorance.
(…)

La nature humaine est loin d’être aussi mauvaise qu’on l’a pensé.
On peut dire que les possibilités de la nature humaine sont habituellement minimisées.
S’il est vrai que les structures psychiques sont bonnes ou neutres
plutôt que mauvaises,

il vaut mieux leur permettre de s’exprimer plutôt que de les réprimer.
Si nous nous laissons guider par elles, nous agissons d’une manière saine,
fructueuse et bienfaisante
.
Remarque : pour se laisser guider par notre nature profonde,
il faut au préalable (apprendre à) s’écouter.


Le risque de contenir et ravaler (sentiments et pensées) met en péril la santé :
Si un élément essentiel de la personnalité est ignoré ou réprimé,
la maladie se manifeste quelquefois de façon évidente,
d’autres fois par une voie détournée, immédiatement ou au bout d’un certain temps.
Je comprends qu’en cas de frustrations qui perdurent (parfois depuis l’enfance),
une personne risque de se comporter de façon agressive ou cruelle par exemple,
ce qui est une stratégie permettant de se maintenir en un semblant d’équilibre ;
car, autrement, la personne développerait une maladie,
soit physique, soit psychique, soit les deux (psychosomatique).
La réaction agressive est, dans cet exemple de situation, défensive et compensatoire.
L’agressivité défoule (le trop plein d’énergie contenue).

La névrose serait donc un moyen de contrer un sentiment intérieur de profonde frustration.

On entend souvent qu’il faut s’adapter ; oui, mais à quoi ?
Logiquement, on devrait s’adapter à l’environnement naturel,
même si arrangé par l’humain, qui veut le rendre plus confortable par exemple.
On devrait s’adapter à la vie communautaire (le vivre ensemble), etc.
Mais devons-nous nous adapter à un Système qui nie la vie intérieure des humains,
tout en détruisant l’environnement extérieur, naturel et nourricier ?
Faut-il, est-ce bon et sain de chercher à s’adapter à un Système (économico-politico-social)
qui nie la souffrance intérieure, psychique ?

L’humain n’est pas une machine,
enfin, certains humains en tout cas.
Toutes les époques sauf la nôtre ont eu leurs modèles, leurs idéaux,
qui ont façonné notre culture : le saint, le héros, le gentleman, le chevalier, le mystique.
Nous avons abandonné tout cela au profit de l’homme bien adapté,
l’homme sans problème. Voilà un substitut pâle et douteux.
(…)

Il y a une chose importante que chacun d’entre nous doit reconnaître clairement
pour son propre compte, de manière existentielle : chaque manquement
aux vertus de l’espèce, chaque faute contre notre propre nature,
chaque acte mauvais demeurent marqués dans notre inconscient
et nous conduisent à nous mépriser nous-même.
Je relève : « … chaque faute contre notre propre nature … »
Par exemple, chaque fois que j’agis à l’encontre de mes aspirations profondes
ou d’une intuition ou de mon intérêt (bien-être et santé),
je me méprise (que j’en aie conscience ou non).
Aïe.
(…) il y a un autre élément de la conscience ou, si l’on préfère,
un autre type de conscience que nous possédons plus ou moins.
C’est la conscience profonde.
Elle est fondée sur la perception inconsciente et préconsciente
de notre propre nature, de notre destinée, de nos capacités, de notre vocation.

Elle demande que nous acceptions notre nature intérieure,
que nous ne la refusions pas par faiblesse, par intérêt, ou pour toute autre raison.
Il est évident que les « problèmes de la personnalité » peuvent être quelquefois
une forte protestation contre l’écrasement psychologique
et la répression de la vraie personnalité.
Commentaire : l’État de droit nous contraint de plus en plus,
notamment en empêchant tout mouvement réellement créatif et novateur.

A. H. Maslow a observé, dans sa pratique de thérapeute :
La protestation contre le crime qui est en train de se commettre
n’est pas une manifestation maladive.
Il est regrettable que beaucoup de gens ne protestent pas
lorsqu’ils sont soumis à des telles contraintes.
Cette acceptation se paie des années plus tard

sous forme de symptômes névrotiques ou psychosomatiques.
Je crois qu’il est vrai de dire qu’aucun système psychologique ne peut être complet,
s’il n’incorpore pas l’idée que l’homme porte en lui son avenir,
présent actuellement de manière dynamique.
En ce sens, le futur peut être considéré comme a-historique (…)
Nous devons ainsi réaliser que le futur est par définition inconnu et inconnaissable,
ce qui veut dire que toutes les habitudes, les défenses, les mécanismes de répétition,
sont douteux et ambigus dans la mesure où ils sont fondés sur une expérience passée.
Seule la personnalité créatrice peut réellement maîtriser le futur,
car elle est seule capable de faire face à la nouveauté avec confiance et sans crainte.
Je suis convaincu que la plus grande partie de ce que nous appelons actuellement psychologie est constituée par l’étude des ruses
que nous employons
pour éviter l’anxiété de la nouveauté
en faisant croire que le futur ressemblera au passé
.

Un peu de technique psychologique :
« Qu’est-ce qui rend les gens névrosés ? »
Ma réponse, (…), est que la névrose semble, quant à son origine et pour l’essentiel,
une maladie déficitaire : elle apparaît du fait de la privation de certaines satisfactions
dont on a besoin autant que l’on a besoin d’eau, d’acides aminés, de calcium,
et dont l’absence provoque aussi la maladie.
Dans la plupart des névroses on trouve, à côté d’autres causes complexes,
des désirs insatisfaits (…)

J’ai acquis cette conviction en douze années d’étude de la personnalité.
(…) lorsque les manques sont comblés, la maladie tend à disparaître.

À la base, nos besoins se divisent en deux formes distinctes,
ce qui oriente dans deux directions :
- besoin de combler un manque (avoir faim ou soif, etc.), ce qui rend dépendant ;
- besoin de croissance (développement personnel, avancer sur son chemin),
ce qui rend indépendant.

Ces dernières années, des psychologues de plus en plus nombreux
se sont trouvés contraints de postuler l’existence d’une tendance à la croissance
ou à l’accomplissement de soi pour compléter les concepts d’équilibre, d’homéostase,
de tension-réduction, de défense et motivation de conservation.

Distinction entre besoin de repos et homéostase :
- le repos vise la détente, la réduction, voire la suppression, des tensions ;
- alors que l’homéostase maintient une « tension optimale »
(liée au dépassement et à la réalisation de soi, par exemple).


Voici les conditions pour un sain développement de soi :
Un homme en bonne santé a suffisamment gratifié ses besoins de base :
sécurité, propreté, amour, respect et estime de soi
pour se permettre d’être motivé par le désir de réalisation de soi
(défini comme mise en œuvre de ses capacités,
de ses qualités, comme accomplissement de sa vocation, de sa destinée,
comme un approfondissement de la prise de conscience de ce qu’il est
et l’acceptation de sa nature profonde, un effort vers l’unité, l’intégration,
la mise en œuvre de toute son énergie personnelle.)
(…)
Ces personnes en bonne santé peuvent alors être décrites
par quelques-unes de leurs caractéristiques cliniques :
1.    Très bonne perception de la réalité.
2.    Progression dans l’acceptation de soi, des autres, de la nature.
3.    Progression dans la spontanéité.
4.    Progrès relatifs au problème du centre.
5.    Détachement et désir de vie personnelle.
6.    Autonomie croissante et résistance à l’embrigadement.
7.    Originalité du jugement et richesse de l’émotivité.
8.    Fréquence des expériences paroxystiques.
9.    Bonne identification à l’humanité.
10.    Amélioration des relations interpersonnelles.
11.    Facilité de l’acceptation des autres.
12.    Accroissement de la créativité.
13.    Mobilité du système de valeurs.

Il arrive que la vie psychologique d’une personne se manifeste d’une manière
tout à fait différente selon qu’elle est dominée par le besoin de combler ses manques
ou par le désir de croissance, métamotivation, volonté de réalisation de soi.

G. Allport affirme que « si la motivation à combler un déficit,
vise à la réduction d’une tension, à la restauration d’un équilibre,
la motivation au développement maintient la tension,
afin d’atteindre un but lointain et souvent inaccessible.
Là se trouve la distinction entre le devenir animal et devenir humain,
le comportement de l’enfant et celui de l’adulte ».

Pour résumer ma pensée (…),
je dirai que satisfaire un besoin permet d’éviter la maladie ;
la santé est la conséquence de l’engagement dans le processus de développement.
Les besoins de combler un manque sont communs à tous (…)
La réalisation de soi est individuelle car chaque personne est différente des autres.
Les besoins, c’est-à-dire, les exigences de l’espèce,
doivent habituellement être satisfaits de manière convenable
avant que l’individualité réelle puisse se développer pleinement.
Les conséquences de ce développement (de soi) sont le rejet des inhibitions
et des contraintes qui permet à la personne d’être elle-même,
d’avoir un comportement fécond,
de ne pas vivre la répétition du passé,
mais plutôt de laisser s’exprimer sa personnalité profonde.
Le comportement de ceux qui sont engagés dans cette réalisation d’eux-mêmes
n’est pas appris mais inventé, libéré plutôt qu’acquis, exprimé plutôt que copié.

Voici un bilan psychologique de notre société,
avec ce que chacun sacrifie pour le "bon" fonctionnement du Système :
Ce que l’on appelle couramment la théorie de l’apprentissage
est presque entièrement fondé sur la motivation à combler un déficit
proposant habituellement des objets extérieurs comme buts à atteindre.
(…) notre psychologie de l’apprentissage constitue un savoir très limité, (…)
Elle apporte très peu d’éléments pour la solution du problème de la croissance
et du développement de soi.
L’adaptation normale de l’homme moyen implique un rejet continuel et réussi
d’une grande partie des profondeurs de la nature humaine,
à la fois sur le plan cognitif et sur celui de l’action.
Une bonne adaptation au monde réel signifie une division de la personne.
Cela implique que l’individu se détourne d’une grande partie de lui-même
parce qu’elle est dangereuse. Mais il est clair qu’en faisant cela, il perd beaucoup,
car ses profondeurs sont aussi la source de ses joies, de son aptitude à jouer,
à aimer, à rire, et ce qui est le plus important pour nous, de l’aptitude à créer.
En se protégeant contre son enfer intérieur, il se coupe aussi du ciel intérieur.
Au stade extrême, nous avons la personne obsessionnelle, nouée, rigide, glacée,
contrôlée, prudente, incapable de rire, de jouer, d’aimer, d’être stupide, sincère
ou enfantine. Son imagination, ses intuitions, sa tendresse, son émotivité,
sont réprimées ou déformées.
Qu’est-ce que bien vivre ?
Quel est l’idéal humain ?
(…)

Comment élever les enfants pour qu’ils deviennent de vrais adultes ?


Aïe (avec le paragraphe qui suit) vu ce qu’il se projette,
et qui a déjà commencé notamment en Chine :
Les êtres humains ressentent le fait d’être classés ou étiquetés
comme une atteinte à leur individualité (identité, soi).
Ils peuvent réagir en affirmant leur identité par les divers moyens qui s’offrent à eux.

Et voilà une clef, un palier à passer, un degré d’être à atteindre :
Je crois (…) que notre intelligence de la perception et du monde perçu
pourrait être modifiée et élargie, si nous nous livrions à une étude approfondie
de la distinction entre la perception motivée par un besoin
et la perception qui n’est fondée sur aucun besoin.
Cette dernière est beaucoup plus concrète et moins sélective
et elle permet de saisir plus facilement la nature profonde de l’objet perçu.
Celui qui perçoit de cette manière peut appréhender simultanément les opposés,
les dichotomies, les polarités, les contradictions, les incompatibilités.

Être soi, développer autant son élan intérieur que sa personnalité sociale,
ne peut être théorisé ni fixé ni compris une fois pour toute :
Le danger d’une psychologie de l’être, c’est qu’elle a tendance à être statique,
et qu’il lui est difficile de rendre compte des faits de mouvement,
d’évolution, de croissance.
(…)

Le seul moyen que nous ayons de savoir si quelque chose est bon pour nous,
c’est le sentiment que cela est meilleur que ce que nous pourrions faire d’autre.
La nouvelle expérience opère d’elle-même sa propre validation
bien mieux que n’importe quel critère extérieur.
Elle est autojustifiante, autovalidante.
(…)
Les progrès et les choix sont effectués spontanément ; ils viennent de l’intérieur.

A. H. Maslow explique les conflits intérieurs, les états de tensions :
Dans chaque être humain, il y a deux sortes de forces :
les unes s’accrochent à la sécurité*, à la défense contre la peur ;
elles tendent à la régression, s’en tiennent au passé,
« crainte » de grandir et d’abandonner l’utérus et le sein maternels,
« crainte » de tenter sa chance, « crainte » de mettre en péril ce qui est acquis,
« peur » de l’indépendance, de la liberté, de la séparation.
Les autres (forces) poussent la personne à la réalisation d’elle-même,
dans sa totalité et son unicité ; elles l’incitent à la mise en œuvre de toutes ses capacités,
à la confiance face au monde extérieur en même temps qu’à l’acceptation de la réalité
et de la profondeur de son inconscient.
Je peux exprimer cela dans un schéma simple et significatif (…)
Le conflit fondamental entre les forces défensives et les pulsions de développement
est permanent, ancré dans la nature profonde de l’homme (…) :
Sécurité ←-------------    Personne    -------------→ Croissance

Nous pouvons maintenant opérer très facilement un classement
des mécanismes de développement :
a-    Affermissement des pulsions de développement,
augmentation de l’attrait de la croissance et du plaisir de la créativité.
b-    Diminution de la peur de développement.
c-    Diminution des pulsions de sécurisation,
c’est-à-dire diminution de leur attrait.

d-    Intensification du refus de la sécurité, des positions défensives,
des situations pathologiques et de la régression.
Nous pouvons donc considérer le phénomène de la croissance normale
comme une série de libres décisions, obligeant chaque individu à choisir
aux divers moments de son existence entre les plaisirs de la sécurité
et ceux de la croissance ; entre la dépendance et l’indépendance,
entre la régression et la progression, entre l’immaturité et la maturité.
La sécurité a ses angoisses et ses plaisirs,
le développement a aussi ses angoisses et ses plaisirs.
Nous avançons lorsque les plaisirs de la croissance et les angoisses de la sécurité
sont plus grands que les anxiétés de la croissance et les plaisirs de la sécurité.
L’assurance de la sécurité permet aux besoins plus élevés de se manifester,
aux pulsions d’émerger et d’être maîtrisées et intégrées.
Mettre en danger la sécurité signifie provoquer une régression à un état antérieur.
Ce qui veut dire que s’il faut choisir entre la sécurité et la croissance,
c’est généralement la sécurité qui l’emporte.
Le besoin de sécurité est prépondérant sur le besoin de croissance.
(…)
En dernière analyse tout individu, même l’enfant, doit faire ses choix lui-même.
Personne ne peut choisir pour lui, car cela l’affaiblit,
le coupe de sa vérité intérieure

et l’empêche de percevoir ses tendances intérieures au travers d’une expérience,
de ses propres pulsions, jugements, sentiments,
et de différencier cette spontanéité de l’intériorisation des habitudes des autres.
Commentaire : il est vraiment important de comprendre le schéma ci-dessus car
les médias ne cessent de nous parler de « sécurité » et de « croissance »,
alors que les deux, ensemble, sont antinomiques !!


Le propos devient sensible, à lire attentivement :
Comment est-il possible de perdre le soi ?
Cette trahison inconcevable et méconnue, de l’homme à l’égard de lui-même,
a son origine dans la mort secrète de son psychisme, durant son enfance,
s’il n’est pas aimé et s’il est coupé de la source de sa spontanéité.
La victime peut « dépasser cela » mais c’est un double crime parfait
dans lequel il n’y a pas seulement le meurtre de la psyché.
Le soi naissant, progressivement et sans le savoir, « participe » à l’entreprise.
Il n’a pas été accepté tel qu’il est. « Oh ! ses parents l’aiment,
mais ils veulent ou ils espèrent qu’il sera différent et ils le forcent à l’être. »
Donc il est inacceptable. Il apprend à le croire et finit par en être convaincu.
Il s’est complètement anéanti lui-même.
Quoi qu’il fasse, qu’il leur obéisse, ou qu’il se rebelle, se révolte, les refuse,
son comportement est en référence à eux.

Son centre de gravité est en eux, non en lui-même et,
pour autant qu’il s’en rende compte,

il trouve cela naturel.
Et tout cela se fait impunément, de façon invisible et insoupçonnable.

C’est un paradoxe parfait. Tout semble normal.
Il n’y a pas eu crime : il n’y a pas de cadavre. Donc pas de culpabilité.
(…)

Mais qu’est-il arrivé ? Un homme a été rejeté non seulement par les siens,
mais par lui-même.
Qu’a-t-il perdu ?
La part essentielle et authentique de lui-même.
Sa propre appréhension, sa capacité de développement, ses racines.
Hélas ! Il n’est pas mort. La vie continue et lui avec.
A partir du moment où il s’est abandonné lui-même,
il a commencé inconsciemment à créer et maintenir un pseudo-soi.
Mais c’est un expédient, un soi sans enracinement.
(…)
A partir de là il va être déchiré par les pulsions (inconscientes) de ses besoins,
ou paralysé par ses conflits (inconscients),
chacun de ses mouvements neutralisant un peu plus son soi, son identité.
Avec tout cela il a le déguisement d’une personne normale

et on s’attend à ce qu’il se comporte ainsi !
En un mot, nous devenons névrosés en cherchant ou en défendant un pseudo-soi,
et nous sommes névrosés dans la mesure où nous sommes dépourvus de soi.
Commentaire : penser à établir des liens, associations d’idées,
notamment avec l’enseignement de G. I. Gurdjieff qui parle de « faux moi »
ou « fausse personnalité ».
Le choix essentiel, la croisée des chemins,
se fait entre la fidélité à sa personnalité propre

ou à la personnalité des autres.
Si le seul moyen d’être fidèle à soi-même est de se séparer des autres,
l’enfant sacrifie habituellement sa propre personnalité,

pour la raison que l’on a déjà dite : la sécurité est le besoin essentiel
et primordial de l’enfant. Elle est bien plus nécessaire
que l’indépendance et la réalisation de soi.

« Être tout à fait honnête avec soi-même, c’est le plus bel effort qu’un homme puisse faire »
(S. Freud).

A. H. Maslow parle de certains de ses patients créatifs
(il est autant question de la créativité d’une cuisinière que d’une musicienne) :
Les gens qui sont en voie de réalisation de soi,
ceux qui ont atteint un haut niveau de maturité, de santé, de plénitude
ont tellement à nous apprendre qu’il nous semble quelquefois
qu’ils font partie d’une autre race d’hommes.
A cause même de sa nouveauté, l’exploration des plus hautes possibilités
de la nature humaine, de ses aspirations et de ses possibilités ultimes
est une tâche difficile et pleine d’embûches.
Elle m’a amène à refuser des idées reçues (…),

à voir s’effondrer sous mes yeux des lois de la psychologie qui semblaient établies
de longue date, solidement définies et inattaquables. Elles me sont alors apparues
comme étant non pas du tout des lois mais des règles permettant de vivre tranquillement
dans un état pathologique chronique, de rester en toute sécurité déformé,
sous-développé et immature, ce dont on ne prend pas conscience,
puisque la plupart des autres sont dans le même état que soi.
(…)
Ils étaient sans doute moins sensibles aux conditionnements culturels,

c’est-à-dire qu’ils semblaient moins effrayés par les paroles, les demandes
et le rire des autres. Ils avaient moins besoin des autres et par conséquent,
dépendant beaucoup moins d’eux, ils étaient moins effrayés par eux
et moins hostiles envers eux.
Le plus important, cependant, était leur absence de peur envers leur propre personne,
leurs propres pulsions émotions et pensées.
Ils s’acceptaient eux-mêmes, plus qu’on ne le fait habituellement.
Cette approbation et cette acceptation de leur personnalité profonde les rendaient
capables d’affronter la nature réelle du monde et rendaient aussi leur comportement
plus spontané (moins contrôlé, moins inhibé, moins préparé,
moins « voulu » et moins préconçu).

Ils redoutaient beaucoup moins leur propres pensées, même les plus « loufoques »,
les plus stupides et les plus folles. Ils craignaient beaucoup moins la moquerie
et la désapprobation. Ils étaient capables de se laisser envahir par l’émotion.
Au contraire, la plupart des gens et spécialement les névrosés
se construisent un mur à l’abri de la peur,
mur qui les maintient à l’intérieur d’eux-mêmes.

Ils sont contrôlés, inhibés, réprimés et refoulés.
Ils sont en désaccord avec leur être profond
et sont persuadés qu’il en est de même pour les autres.
Il s’agit impérativement de distinguer
entre le fonctionnement d’une personne malade, névrosée,
et le fonctionnement d’une personne saine de corps et d’esprit
.
Les plaisirs motivés sur le plan pathologique ne peuvent être mis sur le même plan
que ceux dont la motivation est saine.

Conclusion :
En résumé, il est impossible de comprendre réellement la faiblesse de l’homme
sans tenir compte également de ses forces.
Sinon nous commettons l’erreur de rendre toute chose pathologique.

Mais il est également impossible de comprendre pleinement la force de l’homme
et de la développer, sans tenir compte de ses faiblesses.
Sinon nous tombons dans l’erreur de faire une trop grande confiance
à la part rationnelle de l’homme.

Deuxième partie : la pyramide des besoins

Rappel de la définition de « besoin »,
dictionnaire de la psychologie, de Larousse :
besoin, état d’une personne qui ressent un manque.
Le besoin agit comme un signal d’alarme et conduit l’individu
à accomplir l’action qui est susceptible de le satisfaire.

Ce qui suit est tiré du site Net Wikipedia, sous A. H. Maslow :
Sa hiérarchie des besoins signifie que l'homme n'atteint
le plein développement de son psychisme que s'il est satisfait sur tous les plans :

physiologie, sécurité, amour (appartenance), estime (reconnaissance)
et accomplissement de soi (créativité).
Malgré l'apparence rigide de la pyramide faite d'étapes fixes pour la progression,
Maslow a dit depuis sa première publication en 1943 que les besoins humains
sont dynamiquement fluides — avec plusieurs de ces besoins présents
dans une personne simultanément.

A. H. Maslow a écrit que d’abord l’humain ne se soucie que de ses besoins de base,
dits primaires.
C’est uniquement lorsque ses besoins de base sont pleinement satisfaits,
que l’humain commence à se soucier de son développement personnel,
ce qui représente l’émergence de besoins secondaires (non vitaux, mais épanouissants).
Il distinguait cinq niveaux de besoins, des primaires aux secondaires :
1. Le premier souci, la tension principale tourne autour des besoins physiologiques
dits fondamentaux (tels que la faim, la soif, se laver, se reposer).
2. Une fois propre et le ventre rempli,
on se préoccupe des besoins de sécurité (un lieu où l’on se sent en sécurité
et où on sait qu'on trouvera à manger).
NB : ces deux premiers niveaux des besoins font partie de la survie. Lorsqu’on a faim
et qu’on ne sait où dormir, on ne se soucie pas d’autre chose. Répondre à ses besoins
occupe les journées d’un indigent ou d’un pauvre ou d’un simple (histoire du pêcheur mexicain).
3. Une fois à l’aise dans son existence (par exemple : avoir un logement et un salaire),
l’humain ressent un besoin de conformité sociale, comme celui de fonder sa famille,
et aussi d’appartenir à un groupe ou une tribu (avoir des amis, faire du sport,
avoir un réseau comme on dit aujourd’hui, s’intéresser à la politique, etc.)
4. Une fois satisfait de son existence sociale,
ce qui implique la façon d’être en relation avec les autres,
l’humain se soucie de l'estime de soi, de sa vie intérieure,
de son bien-être tant physique que psychique, ainsi que de ses capacités latentes
qu’il sent au fond de lui-même. C’est à ce moment-là et dans ces conditions
qu’il peut devenir créatif (au quotidien, c’est-à-dire que, plutôt que s’exécuter
mécaniquement, il va agrémenter sa routine de fantaisie, par exemple).
5. Lorsque tous les niveaux sont vécus de façon satisfaisante, l’humain pense
à la réalisation de soi, à l’accomplissement de ses aspirations profondes,
à l’épanouissement de qui il est vraiment (étude de soi, de sa nature profonde,
de son essence ou âme).
Commentaire : il ne s’agit donc pas d’une réalisation de soi sociale, genre devenir le P-DG de Bayer.
Selon moi, l’ambition fait stagner au niveau 3, puisque cela génère des interférences relationnelles
et donc, empêche de poursuivre l’évolution.
Au niveau 4, l’individu commence, au contraire, à prendre du recul et à se détacher
du vain et de l’inutile afin de ne se centrer que sur l’important et/ou afin d’être inspiré.
À partir de ce niveau, le 4, l’individu cherche à se libérer,
alors que l’ambitieux arriviste s’entrave de plus en plus en stagnant au niveau 3-4…


NB : A. H. Maslow a étudié l'élan de croissance ; il l'a analysé, décortiqué.
Je veux dire qu'il ne faut pas prendre cette structure des besoins à la lettre,
puisque c'est un seul et même élan ; mais c'est un élan qui peut s'interrompre à tout moment...



* * *


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Note

* J'insiste mais c'est important : la sécurité est un sentiment intérieur,
au même titre que la souffrance psychique par exemple.
On dit que la souffrance intérieure ne peut pas être considérée car « trop subjective »,
or la sécurité est tout autant subjective, étant également un sentiment !
Par exemple :
le pêcheur mexicain (vie simple dans une cabane) peut se sentir tout autant en sécurité,
voire davantage,
qu'un riche dans sa villa, où il doit mettre des alarmes, etc. Le riche, dans certains pays,
doit avoir des gardes du corps même pour accompagner ses enfants à l'école (le rapt d'enfants
pour une rançon y étant aussi courant que les pickpockets dans le métro).


Il s'agit de comprendre que dans notre société toute-sécurisée webcams, micros, senseurs, etc.,
on peut s'y sentir en insécurité, paradoxalement. Et plus on prend de mesures (alarmes, etc.),

plus les voleurs deviennent astucieux ; et ainsi de suite.

Rappel : la sécurité est un sentiment subjectif nous tirant en arrière, vers le passé ;
alors que, au contraire, la croissance est un élan nous propulsant en avant,
vers l'inconnu que représente l'avenir.


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9 commentaires:

  1. Eric,
    Intéressant. Cela me rappelle pas mal de choses.
    Et puis les besoins en CNV, c'est fondamental.
    Merci de permettre de nous remuer les méninges.
    Thierry

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    1. C'est important, effectivement, de comprendre "les besoins" ;
      de comprendre aussi le déploiement de l'élan de vie, son dynamisme...
      :) A + Tmore-méninges

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  2. Bonsoir,
    on est libre de croire en ce que l'on peu...
    un pansement et hop au dodo :))
    https://www.youtube.com/watch?v=LnjMe5jCDbQ

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    1. J'sais pas où tu découvres toute cette muse !
      Bien trouvé pour "La tordue".
      "Dieu est comme on l'a fait", chantent-ils.
      A + Cres :)

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  3. Il m'est venu une réflexion :
    l'élan, le processus créatif (évolutif, de croissance perso) ne peut parvenir
    à une "réalisation de soi" qu'à la condition de maîtriser l'entièreté du processus,
    et donc de savoir répondre à ses besoins fondamentaux (étages 1 et 2 de la pyramide).
    Je le précise car l'élan des riches (de naissance), avec leurs personnels de maison,
    démarre au 3e étage (n'ayant jamais eu à se soucier d'aller faire des commissions,
    de devoir se préparer un repas, de laver son linge, etc.) C'est peut-être pour cette raison que la plupart ne parviennent pas à éprouver une profonde satisfaction d'être et de vivre ?
    Les riches sont dépendants des esclaves, pour se prendre en charge.

    Comme vu, l'élan de croissance peut s'interrompre en cours de processus ;
    mais sans savoir se prendre en charge soi-même (tâches jugées viles par les riches), le processus reste incomplet, et il ne fonctionne que grâce aux esclaves
    qui, eux, sont maintenus aux niveaux 1 et 2.
    Riches et esclaves = une seule entité réalisée.

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  4. Bonsoir Eric,
    très intéressant sujet mais même si on fait comme la pyramide la partie du haut pourquoi des gens ne réussissent pas et d'autres oui.Les riches ils réussissent mais en volant les autres! par des combinent ils sont très malins!ils déclarent pas tout aux impôts et manipulent la classe moyenne, je peux le confirmer par des gens que j'ai connus très aisés.
    Tu as la recette pour moi, je veux profiter de la vie de la nature et gagner à
    l'euro (lol) pour une juste petite maison modeste avec un beau jardin.
    Bonne soirée

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    1. Aïe, j'aimerais bcp avoir la recette, mais dans ce système, il faut être très malin et aussi, retors, sans état d'âme, par moments pour le moins.
      Je ne sais ce que tu entends par "réussir" ?
      Un zadiste, dans sa cabane, qui s'en sort et se sent bien, a le sentiment d'avoir réussi (quand les keufs le laisse tranquille), par exemple.
      Une Amy Whinehouse qui donnait l'impression d'avoir réussi s'est suicidée.
      Qu'est-ce que réussir ?
      D'où le propos sur "ne pas confondre l'ambition et la réalisation de soi" (sous "défis de l'humain").
      Bon soir à toi, Lucette

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  5. Kikou Eric ,
    de nos jours réussir vus que nous vivons dans un monde très matérialiste c'est avoir
    un salaire au dessus de la moyenne et une maison avec piscine etc.

    Et chez moi en Suisse le prix des maisons tu trouve pas à moins de 1 million je parle en franc Suisse.
    C'est pour ça que je te parlais de la loterie:-)les Suisses doivent acheter ailleurs dans un autre pays, par contre c'est avantageux pour les étrangers et les artistes:-)Réussir c'est ça pour notre société. Mais vaut mieux réussir à être bien dans sa peau c'est la plus belle des richesse.
    Bonne soirée du pays Milka

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    1. Voilà, comme tu l'écris : il faut distinguer entre la réussite sociale
      et le sentiment intérieur de réussite.
      Effectivement, rien de mieux que de se sentir bien avec soi-même...
      Un salut, Lucette

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