La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

dimanche 11 octobre 2020

Vivre par procuration

 
Lorsque l’humain évolue dans une situation déplaisante, malsaine,
pour tenir le coup il met en place un système de compensations.

Les plaisirs compensatoires ont pour effets que l’humain accepte de s’activer
en agissant à l’encontre de lui-même, de ses aspirations profondes et aussi, du bon sens.

De s’efforcer à ne voir que le verre à moitié plein génère comme conséquences :
- à la fois une programmation auto-stimulante pour notre raison
à ne voir et considérer que certaines choses au détriment des autres choses,
- et, à la fois, cela renforce le besoin addictif, toujours croissant, de compensations
servant à pallier le sentiment profond d’insatisfaction (ennui, lassitude, frustration, etc.)

Un exemple de situation :
mettons qu’on soit né à la campagne (milieu naturel, vie saine)
Pour x raisons, une fois adulte, on part vivre à la grande ville.
En arrivant en ville, l’entièreté de notre personne éprouve une impression désagréable
(sensations inhibées, instincts brouillés, émotions déplaisantes, sentiment général de malaise, etc.)
On se rend compte aussitôt que cet environnement de goudron-béton avec peu d’espaces verts,
où une multitude de gens indifférents et pressés se croisent, ne nous convient pas.
Dès lors, un choix : soit on repart à la campagne, soit on reste en ville et on s’y habitue.
Si on reste en ville, la seule façon de pouvoir supporter ce mode de vie contre-nature
consiste à mettre en place un système de compensations (cela se fait inconsciemment).
Pour tenir le coup, on va s’intéresser à la culture et se trouver plein d’intérêts distractifs :
musées, cinés, théâtres, sexe, etc., on va boire de l’alcool et se droguer (licites et/ou illicites).

Et l’humain névrosé, mais oh combien civilisé, fut.

Saisissez-vous, internautes, qu’en notre façon de fonctionner,
un système fictif s’est substitué à notre fonctionnement naturel ?
C’est-à-dire que nous courons après de faux-plaisirs (compensatoires).
De la sorte, nous nous sommes égarés (de nous-mêmes, de notre plaisir de vivre).


L’humain n’avance pas (contrairement à ce qu’on veut nous faire croire en proclamant des « progrès »).
Ce n’est pas seulement parce qu’il craint l’inconnu et les changements que l’humain stagne,
mais parce qu’il se raccroche aux compensations, toxico-dépendant qu’il est devenu.

La plupart d’entre nous sont incapables de se remettre en question,
de remettre en cause cette fausse-façon de fonctionner ; la seule possible, croient-ils.

Revenons à l’exemple de l’installation en ville : si des années plus tard,
une opportunité de retourner vivre à la campagne se présente,
on va hésiter et probablement préférer rester en ville
pour n’avoir pas à se défaire, à se désintoxiquer,
de ses mauvaises habitudes et faux plaisirs (compensatoires) qu’on croit être normaux.

Dans nos sociétés, plus on vit chichement, plus on se raccroche au leurre.
Plus on a de pouvoir (sur autrui) et de biens,
plus on défend un mode de vie virtuel.

Comprendre que :
l’humain contemporain a peur... de subir et éprouver le manque de compensations,
ce qui est un faux-calcul de satisfaction.
Pour le dire autrement, nous nous sommes créés des besoins (non vitaux)
pour la satisfaction desquels nous sacrifions notre joie de vivre.


En résumé

Les causes d’une situation sont souvent multiples.
Ce n’est pas seulement la peur de l’inconnu et du changement qui nous empêche d’avancer,
mais aussi la non-volonté de nous désintoxiquer : de perdre nos faux-plaisirs,
nos fausses-motivations, notre faux-moi, etc.
On nomme ce phénomène psychique « résistance ».
On résiste au changement, c’est-à-dire qu’on s’accroche au connu
en se raccrochant aux faux-plaisirs : à notre malheur ponctué de jouissances rapides,
à notre profond sentiment d’insatisfaction recouvert d’un certain confort matériel
et de discours dogmatiques prometteurs d’un demain meilleur, etc.

 



Les personnes qui s’éveillent prennent conscience de cela :
cette course aux compensations nous mène droit en enfer,
c’est pourquoi ces personnes reviennent à un mode de vie plus simple et sain.
C’est ce que l’on nomme aujourd’hui « décroissance ».
Ce n’est pas du tout une régression que vivent ces personnes,
mais une retrouvaille avec elles-mêmes,
en délaissant la voie du leurre compensatoire,
afin de retrouver la voie du bon sens vibratoire.
 

Toi, internaute, vis-tu ton existence, tes choix, selon tes aspirations profondes ?
Ou bien, vis-tu par procuration,
angoissé et prêt à dégainer ton masque sur commande, parce que c’est obligatoire ?

 





6 commentaires:

  1. Procuration, prescription, bizarrement la rime pauvre qui me vient après c'est politiquement correct. Rester droit dans ses bottes sans être en pantoufles cela demande beaucoup d'énergie. Article qui fait réfléchir, comme toujours, merci.

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  2. j'ai pris conscience cet été que j'étais vraiment bien chez ma nièce décroissante.Bon, je le savais déjà, mais je suis un peu engluée dans le cercle vicieux dans lequel je suis entrée, crédit, argent, boulot...
    par contre je ne pense pas être tombée dans cet excès des compensations, j'espère...

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    1. L'excès, peut-être pas.
      Dans les compensations, nous y évoluons tous. Notre conditionnement comporte cet aspect-là : il faut des compensations (en métaphore, une carotte tendue).
      En fait, depuis le début de notre civilisation, les compensations ont dû être mises en place pour que le Système fonctionne.
      Sans compensations, la plupart s'arrêterait (de vivre par procuration) et modifierait leurs modes de vie.

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  3. Merci pour ce morceau .... ayez confiance .... tu parles !

    J'ai aimé regarder ma fille se planter dehors à se ressourcer devant notre paysage (que tu as vu sous le brouillard ) et respirer longtemps le bon air ... elle aime venir "respirer" , et là en l'occurrence sans masque, l'air de son pays .... et
    partager de simples choses en famille même si elle est à l'âge où la vie à Paris lui va bien ... mais elles sait q'un jour elle aura besoin de quitter la grand ville et peut être bien changer de métier ..... que ce sera vital pour elle

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    1. Où tu vis semble superbe.
      Je ne pourrais pas vivre dans une grande ville (déjà avant, mais là...)
      ;)

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