La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

lundi 23 septembre 2019

SOS, je ne veux pas qu'on m'aide


Aider autrui comme se faire aider par autrui sont des actions interactives non seulement délicates
mais aussi difficiles, complexes, souvent rendues impossibles par l’attitude de l’un ou des deux protagonistes.

Commençons par le besoin de se faire aider : pour quelles raisons est-ce difficile de se faire aider ?

Tout d’abord, l’aidé doit lâcher prise sur son schéma de fonctionnement ‒ ses croyances, son idéal, etc. ‒
au moins durant le temps que dure l’intervention d’aide.
S’il s’accroche à ses idées, comment peut-il recevoir l’aide d’autrui qui a, forcément,
un autre schéma de fonctionnement, un autre point de vue et d’autres idées ?
Lorsque l’on demande de l’aide, c’est que quelque chose ne va pas dans son fonctionnement.
Si quelque chose ne va pas, il est nécessaire de s’ouvrir à d’autres points de vue et possibilités,
d’autres moyens de procéder, d’autres façons de voir et de penser, etc.
L’aidé doit donc, pour le moins, être disposé à considérer des opinions et idées différentes des siennes.
L’aidé doit également accepter le fait qu’il ne sait pas comment s’en sortir ou se guérir,
et que l’aidant n’agira pas comme l’aidé l’aurait souhaité, imaginé, voulu, pensé, idéalisé.

L’aidé doit aussi accepter le fait qu’un changement en entraîne d’autres.
Contrairement à ce que nous fait croire la médecine occidentale qui compartimente tout
et qui isole chaque compartiment, on ne peut pas intervenir sur un seul aspect de notre personne
sans qu’il n’y ait de conséquence sur le reste, sur la totalité de ce qui constitue notre personne.
Le moindre petit changement sur un aspect de notre personne entraîne toute une série de réajustements,
jusqu’à changer notre regard, notre façon de penser et même, notre façon d’être en relation avec soi
comme avec les autres.

Rien qu’en considérant et en réfléchissant à ces deux points, on se rend compte des raisons
pour lesquelles il est tant difficile et complexe d’accepter l’aide d’autrui.
Certains demandent facilement de l’aide, mais l’accepte-t-il, l’aide proposée ?
Font-ils en sorte de se laisser aider ? Sont-ils disposés à recevoir de l’aide ?

Il est impératif que l'aidé fasse confiance à l’aidant.
Quand possible et qu’il n’y a pas urgence :
il s’agit de faire bien attention à qui on demande de l’aide.

Se rappeler qu’une aide se déroule à travers la relation, l'interaction entre l’aidé et l’aidant.
Une relation de confiance entre eux deux est donc indispensable.




Continuons en abordant la délicate fonction d’aider quelqu’un.

Pour pouvoir aider autrui, il faut commencer par l’écouter.
En écoutant la personne à aider, il s’agit de comprendre son schéma de fonctionnement (autant que se peut),
afin d’y repérer les dysfonctionnements, surtout ceux échappant à l’observation de l’aidé.
Pour comprendre quelqu’un, il faut être capable d’empathie et avoir su instaurer,
avant tout, une relation de confiance.

Ce qui est complexe, ensuite, consiste en le fait qu’il s’agit d’amener l’aidé à modifier certaines choses,
sans lui imposer ni induire ses propres croyances, valeurs, rythme et schéma de fonctionnement.
C’est pourquoi l’aidant doit être empathique et, surtout, respectueux.
Il doit respecter ce qu’est l’aidé : son rythme, ses habitudes, ses croyances et valeurs, etc.
L’aidant doit opérer à partir de tout ces facteurs !

L’aidant doit aussi accepter les limites de l’aidé
et ne surtout pas vouloir l’amener au-delà, pour le moins sans son consentement.
C’est l’aidé qui dirige la barque et qui dit ce dont il a besoin et jusqu’à quel point ;
et l’aidant doit respecter cela, ce qui peut parfois être frustrant car l’aidant peut croire
pouvoir amener l’aidé bien plus loin (guérison ou changement) que ce que l’aidé souhaite.
Pour le dire autrement, l’aidant doit se rappeler qu’il est au service de l’aidé.
Par contre, l’aidant n’a pas à répondre aux caprices de l’aidé ni adhérer à son idéal,
mais il ne doit pas non plus lui imposer son idéal propre ni ses idées ni autres.
Délicat, hein ?


Il est important que l’aidé accepte sa position de récepteur.
Il doit se mettre en mode réceptif (ouverture à l’autre et confiance en son action) pour recevoir  l’aide.

Quant à l’aidant, il se met sur mode émetteur puisque c’est lui qui va donner  l’aide (soin ou conseil
ou une assistance pratique). L’aidant doit donc être capable de s’oublier lui-même durant le temps de l’aide,
en donnant de lui-même à l’autre, en y consacrant son énergie et son temps.
Il doit informer l’aidé concernant sa réflexion et/ou sa démarche.

Un aspect à tenir en compte concernant l’information :
il arrive, selon le contexte et le besoin de l’aidé, que l’aidant ait à manipuler l’aidé ;
c’est-à-dire que, bien qu’il doive informer l’aidé sur ce qu’il va faire,
selon l’intervention il va devoir, parfois, ne pas tout lui dire ou, peut-être, utiliser une stratégie
afin que l’aidé ne résiste pas inutilement ou ne court-circuite pas l’intervention.
En cas de manipulation, l’aidé doit comprendre, après coup, la manœuvre de l’aidant. Je veux dire que
l’intention de l’aidant doit être transparente, positive, constructive, et que la manipulation ne doit être
qu’une stratégie provisoire permettant une meilleure réceptivité de l’aidé qui, je le répète,
doit avoir compris la démarche une fois l’aide administrée, ceci afin d’éviter tout ascendant
ou prise de pouvoir ou influence néfaste et addictive de l’aidant.
L’aidant doit faire en sorte de rendre l’aidé le plus responsable possible de sa guérison
ou de sa libération
ou autres, afin que l’aidé reste ou devienne le plus autonome possible
et qu’il n’ait plus besoin d’aide par la suite.

Il en va ainsi en ce qui concerne la relation docteur-patient ou thérapeute-client ou maître-élève
comme dans un contexte d’aide imprévue se déroulant entre une personne et une autre.

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Lien

* Le piège du perfectionnisme (conte Soufi abordant la question de l’aide)

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2 commentaires:

  1. J'ai mis longtemps à comprendre cette dialectique qui est pourtant très vraie. Je raconte ne partie un peu cette chose là dans un conte du Bénin. Merci pour ces réflexions qui font avancer. Bonne journée.

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