La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

mercredi 5 juin 2019

Volonté de puissance vs amour

Je vous invite à plonger dans votre intériorité avec, pour guide, Carl Gustav Jung.

C. G. Jung déplorait le manque d’intérêt général pour le bien-être de l’âme
et surtout, l’attitude distante envers la psychologie de la part de nombreux médecins,
psychiatres et neurologues !
(Hallucinant, je trouve, d'autant que ça continue).
À ce sujet, Jung cite une réflexion d’Anatole France :
« Les savants ne sont pas curieux ».

Jung rappelle que l’étude de la psyché est récente dans notre monde moderne (post-industriel)
alors que, avant, sans théoriser (la psychologie et la philosophie ne formaient qu’une matière
d’étude), nos ancêtres ne concevaient pas une guérison sans recourir aux soins de l’âme
(comme le font encore les shamans dans les tribus hors civilisation, par exemple).

Je rappelle les deux catégories majeures de la psychopathologie :
les névroses et les psychoses.

Concernant les névroses, Jung explique :
(…) un des signes distinctifs de l’homme civilisé est, en toute généralité,
la désunion existant au sein de lui-même (…)
Jung parle de lutte intestine (conflits intérieurs) se déroulant entre notre nature animale
et notre rapport à la culture ainsi qu'à la morale.
Comme on le sait, le processus même de la civilisation consiste en un domptage progressif de tout ce qu’il y a d’animalité dans l’homme ;
il s’agit bel et bien d’une domestication, qui ne saurait aller sans révolte
de la part de sa nature animale, assoiffée de liberté.
Commentaire : étonnant que le besoin de liberté provienne de nos gènes animaux, non ?
(On peut parler aussi de mémoire cellulaire : l'appel à la liberté proviendrait de cette mémoire).
En y réfléchissant, les animaux sauvages sont libres, eux, effectivement.

Poursuivons sur le sujet du conflit intérieur :
Trop d’animalité défigure l’homme civilisé,
trop de civilisation crée des animaux malades.
Une diminution de l’hypocrisie
et un accroissement de la connaissance de soi-même

ne peuvent avoir que de bons résultats sur le plan de la tolérance
à l’égard d’autrui
;
car on n’est que trop disposé à reporter sur l’autre
le tort et la violence
que l’on fait à sa propre nature.
Rappel : sur le même sujet, Paul Diel parlait de l' « accusation d'autrui ».

C. G. Jung poursuit :
Le désordre dans la conduite est une prérogative exclusive de l’homme,
dont la conscience et la volonté libre peuvent à l’occasion se libérer contra naturam
des racines qu’elles ont dans la nature animale.
Cette particularité est la base inéluctable de toute culture,
mais elle est aussi, dès qu’elle est exagérée, la base de la maladie de l’âme.
On ne supporte sans dommage qu’un certain degré de civilisation.


Concernant notre ombre : cette part de nous-mêmes que l’on refoule,
cet "autre" en soi-même qui échappe à notre contrôle et qui, souvent,
contrarie notre conduite conditionnée de citoyen civilisé conforme :
Le fait en soi est proprement effrayant, que l’homme ait ainsi un côté d’ombre,
d’ombre psychologique, qui ne comporte pas seulement
– comme on se plairait à le penser –

de petites faiblesses et des grains de beauté, mais qui préside aussi
à des dynamismes franchement démoniaques.
L’être pris dans son particulier est rarement au courant de ces faits ;
car pour lui, individu isolé, il est presque impensable, ou bien invraisemblable,
qu’il se dépasse en quelque point ou de quelque façon.
Mais laissons cet être inoffensif constituer avec d’autres une masse, et déjà,
par leur réunion, ils forment un monstre qui, le cas échéant, sera aisément délirant,
et au sein duquel l’individu n’est plus qu’une cellule minime ; de gré ou de force,
il ne peut faire autrement que de participer à la folie sanguinaire de la bête,
ou même il l’y aidera de ses propres forces
.

Rappel : lire les extraits de l'ouvrage de Christophe Dejours traitant notamment
de ce que deviennent les travailleurs : des « collaborateurs du mal ».


Nous avons notamment deux instincts distincts et, le plus souvent, opposés (l’un à l’autre) :
- l’instinct de conservation de l’espèce : la sexualité, l’amour érotique et sensuel ;
- l’instinct de conservation de soi : la conscience du moi, et la volonté de puissance.

C. G. Jung nous parle de l’énergie provenant de l'opposition de ces deux instincts :
(…) il n’est d’énergie que là où existe une tension entre des contraires ;
c’est pourquoi, pour la déceler, il faut chercher et trouver ce qui
en face de l’attitude consciente constitue le contraire et l’opposé.

Abordant le sujet de l’amour et de la haine, Jung a écrit quelque chose qui, à mes yeux,
nous éclaire sur les décisions inappropriées des dirigeants actuels
(décisions revenant cycliquement, puisque Jung déplorait la marche du monde
déjà en 1916, avant la première guerre mondiale) :
(…) mais, psychologiquement, le contraire de l’amour est la volonté de puissance.
Là où règne l’amour, la volonté de domination est absente,
et là où la puissance prime, l’amour fait défaut.
L’amour et la volonté de puissance sont l’ombre l’un de l’autre : pour l’individu
qui se voue à l’amour, la volonté de puissance est la compensation inconsciente ;

pour quiconque aspire à la puissance, ce sera inversement Éros (l’amour).
Dans la perspective unilatérale de l’attitude consciente,
l’ombre apparaît comme une constituante inférieure de la personnalité,
et, en tant que telle, sera refoulée par les violentes résistances qu’elle suscite.
Or, les contenus psychiques refoulés doivent devenir conscients
afin que se crée entre les contraires une tension,
sans laquelle cesserait la perpétuation du mouvement vital.
La conscience, en quelque sorte, si on nous permet une image, se tient en haut,
l’ombre, en bas, et comme ce qui est en haut cherche toujours ce qui est en bas,
de même que le chaud cherche à s’équilibrer avec le froid,
chaque conscience cherche, sans peut-être le savoir, son contraire inconscient,
sans lequel elle est condamnée à la stagnation, à l’ensablement et à la pétrification.
Ce n’est que du heurt des contrastes que jaillit la flamme de la vie.


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2 commentaires:

  1. Salut Eric,
    je pense que tout le monde a deux facette, pour moi, je dis que ma conscience se barre en couille, donc des pensées qui sont la mais qui ne sont pas "vrai"... Des idées qui viens aussi vite qu'elle sont venue, mais les jours sombre l e 2ème viens et la c'est dur de dire que mon coté sombre a plus d'influence...
    Bon je vais finir ma lecture ici :))
    Prote roi bien l'ami et a bientôt :))

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    1. Oui pour les au moins "deux facettes", tout le monde.
      A mon avis, c'est la conscience collective qui se barre en couille, comment supporter autrement ce monde ?
      Intéressant ce que tu écris ensuite, Cres.
      Le côté sombre, c'est cela qu'il nous faut, chacun, apprivoiser, sans lutter contre...
      :)) Ciao Cres, merci

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