Parfois les bonnes idées se révèlent à la longue pas si bonnes que ça, voire mauvaises.
Parfois ce qui paraissait mauvaises idées se révèle plutôt bon et utile, à la longue.
Des inventions et de l’ingéniosité, il en faut,
mais en veillant à garder l’esprit sensible,
soucieux et vigilant concernant les éventuelles conséquences fâcheuses et ce,
au fur et à mesure de la mise en œuvre pratique des idées, projets et entreprises.
Nécessité de procéder à des bilans réguliers. Remettre en question.
Lorsqu’une entreprise fonctionne sainement, il n’y a pas lieu de craindre les bilans.
Pour quelles raisons est-il besoin de faire des bilans ?
Afin de ne pas encourager ni favoriser les entreprises et habitudes malsaines,
ainsi que pour éviter les prises de pouvoir de certains sur tous les autres, par exemples.
Voici un conte expliquant la mauvaise utilisation d'une découverte ; avec, en fond,
la domination de certains reposant sur l’incrédulité générale,
le manque de motivation d’apprendre,
ainsi que le manque d’esprit critique de la plupart d’entre nous, les gentils civils obéissants.
La découverte et l'art d'allumer un feu forment le sujet de ce conte ;
néanmoins et à la place du feu, on peut y voir le nucléaire, le pétrole, etc.,
et se rendre compte combien ce vieux conte reste objectivement
judicieux concernant la nature humaine :
Il était une fois un homme qui contemplait l’opération de la nature.
À force de concentration et d’attention, il finit par découvrir le moyen de faire du feu.
Cet homme s’appelait Nour. Il décida de voyager de communauté en communauté
pour faire part aux gens de sa découverte.
Nour transmit le secret à de nombreux groupes.
Certaines tirèrent parti de cette connaissance.
D’autres, pensant qu’il devait être dangereux, le chassèrent avant même
d’avoir eu le temps de comprendre de quel prix cette découverte aurait pu être pour eux.
Pour finir, une tribu devant laquelle il faisait une démonstration fut prise de panique :
ces gens se jetèrent sur lui et le tuèrent, convaincus d’avoir affaire à un démon.
Les siècles passèrent.
La première des cinq tribus qui avaient appris à faire le feu
en avait réservé le secret à ses prêtres. Ils vivaient dans l’opulence
et détenaient tout pouvoir tandis que le peuple gelait.
La seconde tribu finit par oublier l’art de faire le feu et idolâtra les instruments.
La troisième adorait une représentation de Nour lui-même :
n’était-ce pas lui qui les avait enseignés ?
La quatrième tribu conserva l’histoire de la création du feu dans ses légendes ;
certains y ajoutaient foi, d’autres les rejetaient.
Seuls les membres de la cinquième communauté se servaient effectivement du feu,
ce qui leur permettait de se chauffer, de faire cuire leurs aliments
et de fabriquer toutes espèces d’objets utiles.
Un jour, un sage accompagné d’un petit nombre de ses disciples
entreprit de traverser les territoires occupés par les cinq tribus.
Les élèves furent stupéfaits de découvrir une telle variété de rituels.
Et de dire à leur maître : « Mais ces différents procédés ne se réfèrent-ils pas tous
à l’art de faire le feu et à rien d’autre ?
Nous devrions éduquer ces gens ! »
– « Eh bien, nous allons refaire notre voyage », proposa le maître.
« Lorsqu’il sera terminé, ceux qui auront survécu connaîtront les vrais problèmes
et la manière correcte de les aborder. »
Quand ils arrivèrent sur le territoire de la première tribu,
ils furent reçus avec hospitalité.
Les prêtres invitèrent les voyageurs à assister à leur cérémonie religieuse
au cours de laquelle un feu allait être allumé. Quand ils en eurent fini
et que la tribu eut manifesté son émoi devant l’événement, le maître demanda :
« Quelqu’un désire-t-il prendre la parole ? »
– « Pour la cause de la Vérité, je me sens contraint de dire quelque chose à ces gens »,
dit le premier disciple.
– « Si tu veux le faire, à tes risques et périls, je t’en donne la permission », dit le maître.
Le disciple s’avança et en présence du chef de la tribu et des prêtres, il déclara :
« Je peux accomplir le miracle que vous prenez pour une manifestation spéciale
de la divinité. Si je le fais, reconnaîtrez-vous que vous êtes dans l’erreur
depuis bien longtemps ? »
– « Saisissez-vous de cet homme ! », s’écrièrent les prêtres.
On l’emmena et on ne le revit jamais plus.
Puis les voyageurs entrèrent dans le territoire voisin
où la seconde tribu idolâtrait les outils qui servaient à faire le feu.
Une fois encore, un disciple se porta volontaire pour essayer
de faire entendre raison à la communauté.
Ayant reçu la permission du maître, il dit devant la tribu rassemblée :
« Je sollicite la faveur de vous parler comme à des êtres raisonnables. Vous vénérez
les moyens par lesquels quelque chose peut être fait, même pas la chose en soi.
Vous retardez ainsi le moment de son utilisation.
Je connais la réalité qui est le fondement de cette cérémonie. »
Les membres de cette tribu étaient plus raisonnables. Ils répondirent au disciple :
« En tant que voyageur et étranger, tu es le bienvenu parmi nous.
Mais, puisque tu n’es pas des nôtres et que tu ignores tout de nos coutumes
et de notre histoire, tu ne peux comprendre ce que nous faisons. Tu te trompes.
Peut-être même essaies-tu de nous enlever notre religion ou de la modifier.
En conséquence, nous refusons de t’écouter. »
Les voyageurs poursuivirent leur chemin.
Lorsqu’ils arrivèrent sur les terres de la troisième tribu,
ils trouvèrent devant chaque maison une idole qui représentait Nour,
le faiseur de feu originel.
Ce fut au tour du troisième disciple de s’adresser aux chefs de la tribu :
« Cette idole représente un homme qui lui-même représente un pouvoir
– et ce pouvoir peut être exercé. »
– « Peut-être en est-il ainsi », répliquèrent les adorateurs de Nour,
« mais il n’est donné qu’à une minorité de pénétrer le vrai secret. »
– « À la minorité qui le comprendra. Pas à ceux qui refusent de regarder
certains faits en face », dit le troisième disciple.
– « C’est là pure hérésie de la part d’un homme qui ne parle même pas
correctement notre langue et qui plus est, n’est pas un prêtre de notre religion »,
murmurèrent les prêtres. Et il ne put aller plus loin.
Le groupe continua son voyage et arriva bientôt au pays de la quatrième tribu.
Un quatrième disciple s’avança devant tout le peuple assemblé.
« L’histoire des faiseurs de feu est vraie et je sais comment faire du feu », dit-il simplement.
La confusion se répandit dans la tribu qui se divisa aussitôt en plusieurs factions.
Certains dirent : « C’est peut-être vrai. Et si c’est le cas,
nous voulons savoir comment faire le feu. »
Mais, quand le maître et ses adeptes eurent interrogé ces gens
il s’avéra que la majorité d’entre eux étaient désireux d’utiliser ce savoir-faire
à leur propre avantage et qu’ils ne comprenaient pas qu’il était destiné à favoriser
le progrès de l’humanité. Les légendes déformées avaient pénétré si profondément
dans l’esprit de la plupart que ceux qui pensaient qu’elles pourraient bien représenter
la vérité étaient souvent des déséquilibrés, qui n’auraient pas été capables
de faire du feu même si on leur avait montré comment procéder.
Il se trouva une autre faction pour affirmer : « Il est évident que ces légendes
ne reposent sur rien. Cet homme essaie tout bonnement de nous mystifier
pour se faire ici une place au soleil ! »
« Nous préférons les légendes telles qu’elles sont », proclamait un autre groupe,
« car elles constituent le ciment même de notre cohésion. Si nous les abandonnons
et que nous découvrons par la suite que cette nouvelle interprétation est sans valeur, qu’adviendra-t-il de notre communauté ? »
Et il y avait encore bien d’autres points de vue.
La petite troupe continua son voyage jusqu’à ce qu’elle atteigne le territoire
de la cinquième communauté. L’emploi du feu y était chose banale
et ses membres avaient d’autres problèmes à affronter.
Le maître dit alors à ses disciples :
« Vous devez apprendre à enseigner car les hommes ne veulent pas de l’enseignement.
Tout d’abord, il vous faudra leur apprendre à apprendre.
Avant cela même, vous devrez leur apprendre qu’il y a encore quelque chose à apprendre.
Ils imaginent qu’ils sont prêts à apprendre mais ils ne veulent apprendre
que ce qu’ils s’imaginent devoir apprendre,
et non ce qu’il leur faut apprendre en tout premier lieu.
Quand vous aurez appris tout cela, alors serez-vous en mesure
d’inventer les voies de votre enseignement.
La connaissance sans la capacité spéciale d’enseigner
n’est pas la même chose que la connaissance plus la capacité. »
– Ahmed-el-Bedavi
___________________________________
Oui on refuse d'apprendre
RépondreSupprimerOuaip, ou on ne veut "apprendre" que ce que l'on sait déjà
Supprimerou encore, uniquement ce qui confirme nos croyances, idées et valeurs
ou bien, ce qui va nous enrichir (d'argent) rapidement
ou ce qui va nous propulser un étage plus haut dans la hiérarchie, etc.
Un bon jour Thierry