Âgé de 14 ans, Abraham endurait déjà moult souffrances intérieures.
Il ne supportait ni l’ambiance ni la dynamique relationnelle familiales.
Il n’acceptait pas qu’on lui sape ses élans à mesure de leur émergence.
Fuguer, partir, fuir.
Ses parents se couchant tôt pour récupérer des longues journées de labeur,
une nuit, Abraham attendit dans son lit que son frère, plus âgé,
se couche et s’endorme.
Vers 23 heures, plus un bruit dans l’appartement.
Abraham, le plus doucement possible, s’est levé.
Il a pris ses vêtements et s’est habillé au salon, en silence.
Le cœur battant la chamade, Abraham est sorti de l’appartement.
Terrifié, notamment à l’idée que l’un de sa famille se réveille
et aussi, de se retrouver seul, dehors, en pleine nuit,
Abraham se sentit également satisfait de son audace, joyeux,
ce qui lui permit de descendre les escaliers en les survolant.
Mais Abraham ne savait trop que faire de sa liberté.
Il se réfugia d’abord dans les caves de l’immeuble.
Il y resta dans le noir, en état de vigilance,
sursautant au moindre bruit, fumant cigarette sur cigarette.
Peu à peu, il se calma et tenta de réfléchir à sa situation.
Soudain, la lumière fut et l’éblouit ! Quelqu’un arrive.
Effrayé, Abraham s’est promptement levé et a détalé, en silence.
Le cœur battant, il est sorti de l’immeuble, au pas de course,
en s’assurant de ne croiser personne.
Il s’est dirigé vers le pré, à l’orée de la forêt.
Abraham s’est trouvé un coin bien sombre,
vers les arbres, mais en restant dans le champ.
Essoufflé, il s’est assis pour récupérer.
Il regarda les étoiles, et cela lui fit du bien.
Que faire ? Où aller ? se demandait Abraham.
De faibles bruits, divers et indéterminés, provenaient de la forêt.
Abraham commença à s’imaginer les pires scénarios :
des monstres cachés dans les bois, assoiffés de sang,
et des arbres voulant l’attraper avec leurs inquiétantes branches.
Soudain paniqué par ses propres images mentales,
il se releva et se mit à courir.
Il n’y voyait guère et, longeant un ravin des plus sombres,
Abraham s’encoubla,
un pied pris dans une racine, il chuta dans le noir ravin.
En l’espace de quelques secondes,
il se visualisa écrasé au fond du trou ténébreux,
à en ressentir des douleurs, son corps brisé.
Cependant, cela ne se passa pas comme ça.
En chutant, par pur réflexe instinctif,
Abraham terrifié s’était agrippé à des racines.
La roulade stoppée, suspendu, il se tint immobile,
collé contre la terre toute humide, poisseuse,
néanmoins réconfortante.
Il faisait si noir au-dessous qu’il n’en voyait pas le fond.
Ouf ! Je n’ai pas trop mal, constata Abraham tout secoué,
juste quelques égratignures, on dirait.
Autant par ses frayeurs imaginées que par le choc consécutif à la chute,
il se retrouvait dans un état d’effroi important.
Abraham ressentit la froide humidité de la terre le pénétrer,
à travers ses vêtements, jusqu'aux os.
Lentement, il releva la tête et aperçut, abasourdi,
comme un immense voile de lumière blanche et opaque
recouvrant le ciel, auparavant sombre et étoilé.
Qu’est-ce que cette lumière ?
Comment est-ce possible ?
se demanda Abraham, fasciné par le phénomène.
Revenant à sa situation, il se dit, tremblant de peur et de froid,
qu’il fallait remonter, qu’il ne pouvait rester dans cette posture toute la nuit.
Abraham, instinctivement, se mit à respirer profondément
tout en se répétant une litanie improvisée :
je n’ai pas peur, j’ai glissé et je vais remonter.
Il n’y a pas de danger dans cette forêt et les monstres n’existent pas,
c’est dans mon imagination. Les arbres sont inoffensifs.
Mais le ciel est étrange…
Ses sens à l’affût, agilement, il se tourna pour se positionner sur les genoux
et tâta le terrain de sa main droite, en quête de prises.
En se raccrochant aux racines et pierres stables,
Abraham parvint à se hisser au sommet, haletant.
Il reprit son souffle en restant recroquevillé dans la terre.
J’ai réussi à sortir du ravin.
Il fit rapidement un bilan des douleurs,
je n’ai rien de grave.
Sur le qui-vive, Abraham a regardé autour de lui,
surpris de constater qu’il y voyait presque comme de jour,
mais pas comme avec le soleil.
Il se diffusait une luminosité bizarre, indéfinissable,
crémeuse et épaisse.
Abraham regarda le pré qu’il connaissait bien,
et il n’en crut pas ses yeux !
À mi-hauteur du champ, après le grand arbre,
se trouvaient trois personnes tout de blanc vêtues,
jusqu’à un capuchon recouvrant leurs têtes, tels des capes ou manteaux.
Les personnes se tenaient autour d’un grand feu, sans bouger.
On dirait des druides, se dit Abraham, qui ne pouvait voir leurs visages.
Il resta à l’ombre des arbres, recroquevillé, au bord du ravin,
à observer ces gens étranges, qui étaient trop éloigné de lui
pour qu’Abraham puisse distinguer ce qu’ils faisaient.
Ils semblaient se parler ou juste se réchauffer.
L’esprit d’Abraham ne comprenait plus rien. Bug mental.
Quelques minutes avant, il faisait nuit et il n’y avait personne.
Alors que là, tout-à-coup, le ciel était blanc et, dans le champ,
il y avait ce qui semblait être trois hommes réunis autour d’un grand feu.
Bizarre. Comment est-ce possible ?
Qui sont ces gens ?
Que se passe-t-il ?
Abraham avait perdu la notion du temps.
Entendant un bruit inhabituel dans la forêt,
Abraham a détourné son regard. Ça doit être un animal.
Le temps de fermer les yeux pour être sûr d’être bien éveillé,
puis de les rouvrir, qu’Abraham constata que…
il ne restait plus rien de la scène du feu ni du ciel blanc !
La nuit était ordinaire, avec des étoiles et… le pré, vide.
Abraham, intrigué, se releva, en restant vigilant.
L’esprit des plus confus, il se reprit, se raisonna comme il put,
et remonta vers le grand arbre. Il n’y a personne. Étonnant !
Abraham a cherché les traces du feu.
Rien, pas de bois brûlé ni cendre,
et pas âme qui vive aux alentours.
Ne sachant plus ni que penser ni que faire,
congelé et ayant eu son lot d’émotions pour la nuit,
Abraham retourna à l’appartement.
Il s’est déshabillé dans le corridor puis,
il mit la clé dans la serrure de la porte, le plus discrètement possible,
et l’entrebâilla. Il glissa la tête à l’intérieur pour écouter. Silence.
Tic-tac ressassait l’horloge inlassablement.
Abraham est allé se glisser dans son lit, ni vu ni connu.
Ébahi par le survenu, il s’endormit aussitôt.
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Il ne supportait ni l’ambiance ni la dynamique relationnelle familiales.
Il n’acceptait pas qu’on lui sape ses élans à mesure de leur émergence.
Fuguer, partir, fuir.
Ses parents se couchant tôt pour récupérer des longues journées de labeur,
une nuit, Abraham attendit dans son lit que son frère, plus âgé,
se couche et s’endorme.
Vers 23 heures, plus un bruit dans l’appartement.
Abraham, le plus doucement possible, s’est levé.
Il a pris ses vêtements et s’est habillé au salon, en silence.
Le cœur battant la chamade, Abraham est sorti de l’appartement.
Terrifié, notamment à l’idée que l’un de sa famille se réveille
et aussi, de se retrouver seul, dehors, en pleine nuit,
Abraham se sentit également satisfait de son audace, joyeux,
ce qui lui permit de descendre les escaliers en les survolant.
Mais Abraham ne savait trop que faire de sa liberté.
Il se réfugia d’abord dans les caves de l’immeuble.
Il y resta dans le noir, en état de vigilance,
sursautant au moindre bruit, fumant cigarette sur cigarette.
Peu à peu, il se calma et tenta de réfléchir à sa situation.
Soudain, la lumière fut et l’éblouit ! Quelqu’un arrive.
Effrayé, Abraham s’est promptement levé et a détalé, en silence.
Le cœur battant, il est sorti de l’immeuble, au pas de course,
en s’assurant de ne croiser personne.
Il s’est dirigé vers le pré, à l’orée de la forêt.
Abraham s’est trouvé un coin bien sombre,
vers les arbres, mais en restant dans le champ.
Essoufflé, il s’est assis pour récupérer.
Il regarda les étoiles, et cela lui fit du bien.
Que faire ? Où aller ? se demandait Abraham.
De faibles bruits, divers et indéterminés, provenaient de la forêt.
Abraham commença à s’imaginer les pires scénarios :
des monstres cachés dans les bois, assoiffés de sang,
et des arbres voulant l’attraper avec leurs inquiétantes branches.
Soudain paniqué par ses propres images mentales,
il se releva et se mit à courir.
Il n’y voyait guère et, longeant un ravin des plus sombres,
Abraham s’encoubla,
un pied pris dans une racine, il chuta dans le noir ravin.
En l’espace de quelques secondes,
il se visualisa écrasé au fond du trou ténébreux,
à en ressentir des douleurs, son corps brisé.
Cependant, cela ne se passa pas comme ça.
En chutant, par pur réflexe instinctif,
Abraham terrifié s’était agrippé à des racines.
La roulade stoppée, suspendu, il se tint immobile,
collé contre la terre toute humide, poisseuse,
néanmoins réconfortante.
Il faisait si noir au-dessous qu’il n’en voyait pas le fond.
Ouf ! Je n’ai pas trop mal, constata Abraham tout secoué,
juste quelques égratignures, on dirait.
Autant par ses frayeurs imaginées que par le choc consécutif à la chute,
il se retrouvait dans un état d’effroi important.
Abraham ressentit la froide humidité de la terre le pénétrer,
à travers ses vêtements, jusqu'aux os.
Lentement, il releva la tête et aperçut, abasourdi,
comme un immense voile de lumière blanche et opaque
recouvrant le ciel, auparavant sombre et étoilé.
Qu’est-ce que cette lumière ?
Comment est-ce possible ?
se demanda Abraham, fasciné par le phénomène.
Revenant à sa situation, il se dit, tremblant de peur et de froid,
qu’il fallait remonter, qu’il ne pouvait rester dans cette posture toute la nuit.
Abraham, instinctivement, se mit à respirer profondément
tout en se répétant une litanie improvisée :
je n’ai pas peur, j’ai glissé et je vais remonter.
Il n’y a pas de danger dans cette forêt et les monstres n’existent pas,
c’est dans mon imagination. Les arbres sont inoffensifs.
Mais le ciel est étrange…
Ses sens à l’affût, agilement, il se tourna pour se positionner sur les genoux
et tâta le terrain de sa main droite, en quête de prises.
En se raccrochant aux racines et pierres stables,
Abraham parvint à se hisser au sommet, haletant.
Il reprit son souffle en restant recroquevillé dans la terre.
J’ai réussi à sortir du ravin.
Il fit rapidement un bilan des douleurs,
je n’ai rien de grave.
Sur le qui-vive, Abraham a regardé autour de lui,
surpris de constater qu’il y voyait presque comme de jour,
mais pas comme avec le soleil.
Il se diffusait une luminosité bizarre, indéfinissable,
crémeuse et épaisse.
Abraham regarda le pré qu’il connaissait bien,
et il n’en crut pas ses yeux !
À mi-hauteur du champ, après le grand arbre,
se trouvaient trois personnes tout de blanc vêtues,
jusqu’à un capuchon recouvrant leurs têtes, tels des capes ou manteaux.
Les personnes se tenaient autour d’un grand feu, sans bouger.
On dirait des druides, se dit Abraham, qui ne pouvait voir leurs visages.
Il resta à l’ombre des arbres, recroquevillé, au bord du ravin,
à observer ces gens étranges, qui étaient trop éloigné de lui
pour qu’Abraham puisse distinguer ce qu’ils faisaient.
Ils semblaient se parler ou juste se réchauffer.
L’esprit d’Abraham ne comprenait plus rien. Bug mental.
Quelques minutes avant, il faisait nuit et il n’y avait personne.
Alors que là, tout-à-coup, le ciel était blanc et, dans le champ,
il y avait ce qui semblait être trois hommes réunis autour d’un grand feu.
Bizarre. Comment est-ce possible ?
Qui sont ces gens ?
Que se passe-t-il ?
Abraham avait perdu la notion du temps.
Entendant un bruit inhabituel dans la forêt,
Abraham a détourné son regard. Ça doit être un animal.
Le temps de fermer les yeux pour être sûr d’être bien éveillé,
puis de les rouvrir, qu’Abraham constata que…
il ne restait plus rien de la scène du feu ni du ciel blanc !
La nuit était ordinaire, avec des étoiles et… le pré, vide.
Abraham, intrigué, se releva, en restant vigilant.
L’esprit des plus confus, il se reprit, se raisonna comme il put,
et remonta vers le grand arbre. Il n’y a personne. Étonnant !
Abraham a cherché les traces du feu.
Rien, pas de bois brûlé ni cendre,
et pas âme qui vive aux alentours.
Ne sachant plus ni que penser ni que faire,
congelé et ayant eu son lot d’émotions pour la nuit,
Abraham retourna à l’appartement.
Il s’est déshabillé dans le corridor puis,
il mit la clé dans la serrure de la porte, le plus discrètement possible,
et l’entrebâilla. Il glissa la tête à l’intérieur pour écouter. Silence.
Tic-tac ressassait l’horloge inlassablement.
Abraham est allé se glisser dans son lit, ni vu ni connu.
Ébahi par le survenu, il s’endormit aussitôt.
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Un vrai talent d'écriture ! A quand un recueil de tes créations...
RépondreSupprimer:) Hello Redelf, je me recueille,
Supprimeret me recueille, à être devenu expert.
Eric,
RépondreSupprimerTrès bien écrit. Bravo. La thématique est bien cernée. Nous aussi.
@+
Ciao, merci Thierry
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