Poursuivons avec la lecture de My Ishmael de Daniel Quinn.
Précédemment, nous avons vu comment se déroulaient les relations entre les uns et les autres.
Voyons maintenant les relations entre les nations, entre les divers Ordres religieux, races, etc.
D’une histoire que raconte Ishmael (le gorille) ressort la compétition incessante
se déroulant entre individus d’une même espèce.
Je rappelle que « Ceux-qui-laissent » appliquaient ce que nous pourrions nommés
– avec nos mots d’aujourd’hui (puisqu’ils ne s’en tenaient pas à des notions abstraites
telles celles de propriété privée ou de frontière) –, une « stratégie territoriale »
basée sur le postulat suivant, entre les individus :
« Attaque si tu es l’habitant et fuis si tu es l’intrus » ;
à quoi on peut ajouter, pour les groupes ou tribus :
« Rendez coup pour coup, mais ne soyez pas trop prévisibles »
sans s’acharner sur l’adversaire ni s’en prendre à sa nourriture, etc. ;
ce qui correspond à la stratégie intertribale des « attaques-surprises »
(encore en vigueur de nos jours pour les tribus évoluant hors sivilisation).
D. Quinn précise que les tribus primitives vivaient et vivent cela, sans tergiverser ni théoriser ;
c’est nous, les sivilisés en mal de contrôle qui analysons les comportements.
Poursuivons la récapitulation avec des extraits du roman
Julie est revenue dans l’appartement où se trouve Ishmael.
Je n’avais pas précisé que le gorille se trouve dans une pièce, derrière une vitre.
Julie se trouve face au gorille-savant, mais ils ne se voient qu'à travers la vitre,
étant chacun dans une pièce différente.
On n’en sait pas plus sur cet étrange Ishmael qui parle directement
dans la tête de Julie (ce qu’elle explique lors de leur première rencontre)…
Nous en sommes maintenant à ce qu’il s’est passé il y a dix mille ans
dans la région du Croissant fertile ainsi que du Proche-Orient, précise D. Quinn.
Proche-Orient : Iran (ancienne Perse), Anatolie (en Turquie) et la terre d’Israël.
Nous avons déjà vu dans les publications précédentes qu’une tribu « danse » beaucoup
et se renforce d’individus, s’organise, s’outille, s’arme, etc.
D. Quinn parle de cette époque comme d’une « révolution » culturelle.
Des dirigeants émergent et commencent à changer la « culture » primitive
pour imposer leur culture « Ceux-qui-prennent ».
Ceux-qui-savent
Ishmael reprend son enseignement :
- (Jusqu’alors) aucune (tribu) n’a asservi ses voisines ni n’a été asservie par elles.
Mais au Proche-Orient, un groupe de fermiers a commencé à empiéter
sur le territoire de ses voisins et à les assujettir. (…)
Une tribu dotée de ressources illimitées (grâce aux excédents de l’agriculture et à l’élevage)
et jouant à l’anéantisseur était quelque chose de nouveau sous le soleil.
Et une nouvelle donne peut saper les fondements d’une stratégie qui fut infaillible durant un million d’années. Comme rien ni personne ne leur résistait, Ceux-qui-prennent se prirent pour
les représentants de l’humanité tout entière et se donnèrent pour mission
de guider sa destinée. C’est encore le cas aujourd’hui.
- En effet (dit Julie).
Soumettre et contrôler en imposant une culture unique
- Maintenant, j’aimerais considérer la révolution (la prise de pouvoir de Ceux-qui-prennent
sur les tribus avoisinantes) dans sa cinquantième année. Ceux-qui-prennent ont soumis
quatre tribus du Nord, que nous appellerons les Hullas, les Puala, Les Cario et les Albas. (…)
Avant que les Hullas, Puala, Albas et Cario soient envahis et soumis par Ceux-qui-prennent,
chaque tribu avait son propre mode d’organisation, (…)
Le mode des Hullas n’était pas le mode des Puala, le mode des Puala différait de celui des Alba
et celui des Albas du mode des Cario.
Leur seul point commun, c’est qu’ils fonctionnaient tous, chacun dans leur genre.
L’important, pour tous ces peuples, était d’avoir trouvé un système de relations
qui prennent les gens comme ils sont. (…)
Chez les peuples tribaux, on ne trouve pas de lois interdisant un comportement perturbateur. (…)
Mais il existe des règles visant à limiter les dégâts provoqués par tel ou tel comportement perturbateur. (…), l’objectif n’est pas de punir, mais de réparer et d’apaiser les esprits, de sorte que tout retourne à la normale autant que faire se peut. (…) Je voudrais que tu comprennes à quel point cette démarche et ses effets sont différents de ceux de vos propres lois qui, au lieu de limiter les dégâts,
les augmentent et les multiplient, et cela, à travers tout le paysage social, détruisant les familles,
ruinant les vies et laissant aux victimes le soin de panser leurs blessures.
(…)
Avant d’être envahies par Ceux-qui-prennent,
ces tribus avaient coexisté de la façon habituelle,
en s’infligeant à l’occasion quelques attaques-surprises et ripostes.
Peux-tu me rappeler quel est l’intérêt de cette stratégie ?
- Elle permet à des tribus concurrentes de se maintenir sur un pied d’égalité.
- En effet. Mais Ceux-qui-prennent mirent fin à ce jeu intertribal,
puisque les Hullas, les Puala, les Cario et les Albas sont maintenant eux aussi devenus
Ceux-qui-prennent. N’est-ce pas ainsi que les hommes doivent vivre ?
- Il paraît.
- La stratégie des attaques-surprises s’est donc révélée dépassée, pour ces peuples.
- Oui.
- Mais alors, comment font-ils pour se maintenir sur un pied d’égalité ?
- Bonne question… Peut-être ne sont-ils pas en concurrence ?
- (…) Et pourquoi n’auraient-ils plus à se faire concurrence, d’après toi ?
- Eh bien, parce qu’ils sont du même bord, maintenant.
- Autrement dit, peut-être le tribalisme était-il en fait la cause de la compétition,
plutôt qu’une méthode permettant de la gérer à long terme plus ou moins pacifiquement.
Avec l’extinction de ces humbles tribus, la compétition disparaît et la paix règne enfin sur terre.
Je (Julie) lui dis que, pour ce qui était de la paix sur terre, je ne pouvais rien affirmer.
- Supposons que tu représentes le peuple des Cario, Julie. C’est un été très sec et vos voisins du Nord,
les Hullas, ont endigué un cours d’eau dont vous vous serviez pour irriguer vos champs.
Qu’allez-vous faire maintenant que vous êtes tous du même bord ? (…)
Le fait d’être du même bord ne met pas fin à la compétition au sein d’une même espèce, après tout.
Que vas-tu faire ?
- Je vais demander aux Hullas d’ouvrir leur barrage.
- Bien sûr. Et ils te répondront : « Non, sans façon. Si nous avons endigué le ruisseau,
c’est pour irriguer nos propres champs.
- Ils pourraient partager.
- Non, ils disent qu’ils ont besoin de toute l’eau disponible.
- Alors je ferai appel à leur fair-play.
Soudain, il y eut comme une rafale de vent derrière la vitre.
Je levai les yeux et vit qu’Ishmael se tordait de rire.
J’imagine que tu plaisantes (rétorque Ishmael).
- Oui.
- Bon. Alors, que comptes-tu faire pour ce ruisseau, Julie ?
- Je suppose qu’il va falloir faire la guerre.
- Evidemment, c’est une possibilité.
(…)
Julie demande s’ils ne pourraient pas se faire quelques attaques-surprises.
- Très bien. Les Cario, devenus fermiers, vont donc mener quelques attaques-surprises.
Face à cela, les Hullas vont devoir décider s’ils ont toujours avantage à endiguer le cours d’eau.
- Donc, c’est la guerre quoi qu’il en soit (…)
- Quelle est la différence, d’après toi (entre les attaques-surprises et la guerre) ?
- Dans un cas, on se contente de rendre coup pour coup ;
dans l’autre, on veut soumettre les gens pour les obliger à faire ce qu’on désire.
- C’est exact.
De nos jours, notre élan naturel ressort chez les jeunes gens
Ishmael me demande si le jeu des attaques-surprises était pratiqué de nos jours chez Ceux-qui-prennent. Après réflexion, je lui dis qu’il se pratiquait entre bandes de jeunes.
- Bien vu, Julie. En effet, les bandes rivales emploient cette stratégie pour se maintenir sur un pied d’égalité. Et que veulent faire ceux de ta culture avec ces bandes de jeunes ?
- Les supprimer, bien sûr. En finir avec elles une bonne fois pour toutes.
- Naturellement (…)
Ceux-qui-prennent-et-savent dénaturent pour tout contrôler
- Autant entrer en guerre vous semble acceptable, autant le jeu des attaques-surprises
vous semble inadmissible. Depuis le début, Ceux-qui-prennent ont toujours été hostiles
à cette stratégie tribale.
A mon avis, c’est parce que les attaques-surprises échappent par essence à tout contrôle
exercé par une organisation extérieure, ce qui n’est pas du tout du goût de Ceux-qui-prennent.
Ils veulent tout gérer, tout organiser, et ne tolèrent pas qu’il puisse se passer dans leur entourage
quelque chose qui leur échappe.
(…)
- Au point où nous a entraînés notre discussion, tu es bien placée pour constater que la compétition
entre des peuples ayant le même style de vie recouvre nécessairement plus de choses que la compétition entre peuples ayant des styles de vie différents.
Les fermiers rivalisent davantage avec des fermiers qu’avec des chasseurs-cueilleurs.
- Bon sang, c’est vrai ! Donc, en créant un monde rempli de fermiers,
nous avons élevé le niveau de compétition au maximum.
- C’est en effet ce qui se passe entre les Hullas, les Puala, les Cario et les Albas, Julie.
Ils étaient déjà en concurrence lorsqu’ils avaient des modes de vie différents.
Depuis qu’ils vivent tous de façon identique, leur rivalité n’a fait que s’accentuer.
(…)
- Ceux-qui-prennent ont abandonné l’ancienne stratégie de maintien de la paix (…)
Qu’ont-ils trouvé pour la remplacer ?
Après quelques minutes de débat intérieur, je répondis : « On dirait que Ceux-qui-prennent
se sont offerts eux-mêmes en substitution. Ils se sont décrétés gardiens de la paix. »
- Oui, Julie. Ils se sont institués administrateurs du chaos et, depuis,
ils improvisent de génération en génération avec plus ou moins de succès. (…)
Le crime est une industrie multimilliardaire,
les enfants achètent de la drogue au coin de la rue,
et les citoyens poussés à bout passent leur colère en se tirant dessus.
Les gardiens de la paix édictent une loi
Ishmael demande à Julie quelle loi ont mis en place Ceux-qui-prennent
pour faire cesser les attaques-surprises qui assurent indépendance des tribus et égalité.
L’ancienne loi, non écrite mais allant de soi pour tous les primitifs du monde entier
était : « Battez-vous contre vos voisins (les attaques-surprises),
mais pas entre vous » (entre individus de la même tribu).
- Alors, quelle est cette nouvelle loi, Julie ?
- On ne doit se battre contre personne.
- Bien entendu. Et comme tu viens de le souligner, cela signifie qu’avec la stratégie
des attaques-surprises, c’est l’indépendance tribale qu’on a jetée aux oubliettes.
Ceux-qui-prennent voulaient administrer un monde où les gens travaillent,
non un monde où les gens perdent du temps et de l’énergie à jouer aux attaques-surprises.
- Evidemment.
Commentaire : nous avons "assisté" à l'avènement des notions abstraites de :
non-violence et de paix, et découvrons l'intention cachée derrière ces concepts.
La nature humaine reste enfouie, malgré les interdits
Ishmael explique :
Les gens avaient beau appartenir à un nouvel ordre mondial, cela ne les empêchait pas d’être aussi
querelleurs, égoïstes, méchants, cruels, cupides et violents que par le passé.
Mais la loi tribale n’était plus là pour modérer les effets de ces comportements. (…)
Alors comment Ceux-qui-prennent vont-ils traiter les comportements perturbateurs des gens qu’ils gouvernent ?
Que vont-ils faire au sujet de l’adultère, de l’agression, du viol, du vol, du meurtre, etc. ?
- Ils vont le proscrire.
- Bien sûr. Proscrire n’était pas dans l’esprit de la loi tribale, qui servait à limiter les dégâts
et à réconcilier les gens dans chaque tribu. (…)
Selon l’esprit tribal, il est stupide de formuler une loi dont on sait qu’elle sera transgressée.
Cela ne ferait que discréditer l’idée même de loi. Or, de toute loi qui se présente sous la forme
« Tu ne feras pas cela », on sait qu’elle sera transgressée, peu importe ce qui suit.
(…) depuis le tout début, la loi de Ceux-qui-prennent est une accumulation de règles
dont on sait qu’elles seront violées, et elles l’ont été immanquablement jour après jour
pendant dix mille ans. Ce qui n’est guère surprenant. (…)
Et puisque depuis le tout début vos lois impliquent dans leur formulation même
leur propre violation, il vous a fallu trouver quel traitement infliger à ceux qui ne les respectent pas.
- Ceux qui enfreignent la loi doivent être punis.
Commentaire : et la religion officielle nous a inculqué de culpabiliser car nous sommes des pécheurs.
Punir et se sentir coupable, afin d’accepter le système des punitions.
Ishmael continue :
- (…) Pendant dix mille ans, vous avez conçu et multiplié des lois dont vous saviez très bien
qu’elle seraient bafouées, et aujourd’hui il en existe des millions qui sont, pour la plupart,
violées des millions de fois par jour. Connais-tu personnellement quelqu’un qui n’ait jamais enfreint la loi ?
Commentaire : Ceux-qui-prennent nous ont appris à… tricher, se mentir
et mentir aux autres (notamment pour ne pas être puni), etc.
Ishmael d’appuyer là où ça fait mal :
- Les représentants que vous élisez pour faire respecter ces lois les violent eux-mêmes.
Et les piliers de votre société trouvent à s’indigner que certaines gens aient si peu de respect pour elles.
(…)
Le noyau de la révolution (culture, dont les nouvelles lois, de Ceux-qui-prennent) se trouvait toujours
au Proche-Orient et dans le Croissant fertile (…) Là-bas, on en était encore aux prémices
de ce qui constituerait la plus grande innovation de votre culture, après l’agriculture totalitaire
et la confiscation de la nourriture : l’écriture.
Mais cinq mille ans s’écouleraient avant que les logographes de la Grèce classique ne songent à utiliser
cet outil pour archiver le passé des hommes. Quand ils s’y mirent, voici grosso modo le portrait
qu’ils en firent : « La race humaine est née il y a un millier d’années dans la région du Croissant
fertile. Depuis toujours elle tire sa subsistance des cultures, elle cultive donc la terre
aussi instinctivement que les abeilles construisent des ruches. D’instinct, elle est aussi encline
à la civilisation. Donc, dès sa naissance, la race humaine s’est mise à cultiver la terre
et à construire la civilisation. »
Il n’y avait évidemment plus aucune souvenance du passé tribal de l’humanité
qui avait pourtant perduré des centaines de milliers d’années.
Il avait disparu sans laisser de traces en tombant dans le Grand Oubli.
Les maîtres du monde comblent le vide du Grand Oubli
Ishmael explique, concernant le savoir-vivre de Ceux-qui-laissent, « il fallait bien que ceux de la culture (Ceux-qui-prennent) le détruisent pour devenir maîtres du monde » :
Certains de remplacer ce qu’ils détruisaient par quelque chose d’aussi bien sinon de meilleur,
ils s’y sont efforcés et s’y efforcent encore, servant aux gens tout ce qu’ils peuvent trouver pour combler
le vide. L’archéologie et l’histoire racontent depuis cinq mille ans comment, l’une après l’autre,
chaque société de Ceux-qui-prennent a cherché une recette qui calme, inspire, amuse, distraie les gens
et leur fasse oublier un malheur qui ne veut tout simplement pas disparaître. Fêtes, divertissements,
grandes pompes, cultes solennels, jeux du cirque, quête perpétuelle du pouvoir, luxe, richesses, sports,
concours, combats, guerres, croisades, intrigues politiques, chevalerie, exploration du monde,
honneurs, titres, alcool, drogue, jeu, prostitution, opéra, théâtre, arts, gouvernement (…) radio, TV,
cinéma (…), jeux vidéos, ordinateurs (…) il y en a pour tout le monde.
Mais si bien des gens ont ainsi comblé le vide de leur existence, seule une infime partie a pu espérer
accéder aux bonnes choses qui étaient jadis accessibles à tous.
De même aujourd’hui, seul un petit pourcentage d’entre vous peut espérer vivre comme les milliardaires,
stars de cinéma, champions, top models, bref tous ceux dont la vie vaut d’être vécue, à ce qu’on dit.
Pour la plupart, vous êtes des parents pauvres. (…)
La vie tribale n’était pas une combinaison de nantis et de démunis.
Pourquoi les gens auraient-ils supporté un tel arrangement, à moins d’y être forcés ?
(…) le mode de vie de Ceux-qui-prennent a toujours engendré des riches et des pauvres,
ces derniers constituant l’écrasante majorité des humains.
Comment les démunis auraient-ils pu découvrir la source de leur infortune ?
A qui auraient-ils pu demander pourquoi le monde est ainsi fait qu’il favorise une poignée d’individus (…) ?
A leurs gouvernants, leurs maîtres, leurs patrons ? Sûrement pas.
(…)
Peut-être comprends-tu maintenant pourquoi tant de gens de ta culture scrutent le ciel
avec l’espoir d’entrer en relation avec des dieux, des anges, des prophètes, des extraterrestres
ou des esprits défunts. (…)
- Oui, je le comprends maintenant.
- Alors tu sais où mène cette route. Même si elle ne s’arrête pas là, évidemment.
- Ouf ! Je suis heureuse de l’apprendre.
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Précédemment, nous avons vu comment se déroulaient les relations entre les uns et les autres.
Voyons maintenant les relations entre les nations, entre les divers Ordres religieux, races, etc.
D’une histoire que raconte Ishmael (le gorille) ressort la compétition incessante
se déroulant entre individus d’une même espèce.
Je rappelle que « Ceux-qui-laissent » appliquaient ce que nous pourrions nommés
– avec nos mots d’aujourd’hui (puisqu’ils ne s’en tenaient pas à des notions abstraites
telles celles de propriété privée ou de frontière) –, une « stratégie territoriale »
basée sur le postulat suivant, entre les individus :
« Attaque si tu es l’habitant et fuis si tu es l’intrus » ;
à quoi on peut ajouter, pour les groupes ou tribus :
« Rendez coup pour coup, mais ne soyez pas trop prévisibles »
sans s’acharner sur l’adversaire ni s’en prendre à sa nourriture, etc. ;
ce qui correspond à la stratégie intertribale des « attaques-surprises »
(encore en vigueur de nos jours pour les tribus évoluant hors sivilisation).
D. Quinn précise que les tribus primitives vivaient et vivent cela, sans tergiverser ni théoriser ;
c’est nous, les sivilisés en mal de contrôle qui analysons les comportements.
Remarque préliminaire : quand on y pense, vraiment et profondément,
la paix n’est qu’un concept, une idée, une abstraction car, dans la réalité des faits,
les humains étaient du temps des tribus comme ils sont de nos jours, pareillement :
« querelleurs, égoïstes, méchants, cruels, cupides et violents ».
Voilà la grande utopie : vouloir obliger, par la force, les humains à ne plus se quereller,
au lieu d’accepter et de faire avec (ce qui fut le cas avant, durant environ 200'000 ans !)
Il leur a fallu inventer une notion : la paix.
Il a fallu canaliser l’agressivité naturelle : la dévotion religieuse…
La paix se vit (comme la liberté) et se ressent. Le simple fait d’en parler et pire,
de théoriser à ce sujet, ne sont que démarches purement intellectuelles (bulle d’abstraction)
signalant que l’on n’est plus dans l’harmonie générale et que nous avançons contre-nature.
En état de paix, pas besoin de discourir à ce sujet.
Si je me sens libre, quelle intérêt de discourir sur la liberté ?
Poursuivons la récapitulation avec des extraits du roman
Julie est revenue dans l’appartement où se trouve Ishmael.
Je n’avais pas précisé que le gorille se trouve dans une pièce, derrière une vitre.
Julie se trouve face au gorille-savant, mais ils ne se voient qu'à travers la vitre,
étant chacun dans une pièce différente.
On n’en sait pas plus sur cet étrange Ishmael qui parle directement
dans la tête de Julie (ce qu’elle explique lors de leur première rencontre)…
Nous en sommes maintenant à ce qu’il s’est passé il y a dix mille ans
dans la région du Croissant fertile ainsi que du Proche-Orient, précise D. Quinn.
Proche-Orient : Iran (ancienne Perse), Anatolie (en Turquie) et la terre d’Israël.
NB : ces dernières années, des archéologues ont trouvé des ruines de villes (fortifiées,
donc organisées) datant d’avant les premières villes du Croissant fertile,
comme celle d’Ur des sumériens.
Göbekli Tepe, en Anatolie, daterait de 11'000 à 10'000 ans avant J-C !
« Remontant à 9.000 ans avant J-C, Çatal Höyük, en Anatolie, est considérée comme l'une des premières villes connues dans l'histoire. (…) les habitants de Çatal Höyük avaient le sens de la vie urbaine, étaient capables de planifier, de concevoir, de calculer et que leurs goûts artistiques étaient bien plus avancés que l'on ne l'eut cru.
Le professeur Ian Hodder, le responsable actuel de l'équipe de fouilles, affirme
que les données obtenues annulent totalement la théorie des évolutionnistes.
Il dit qu'ils ont déterré des œuvres d'art étonnantes dont les origines n'étaient pas claires. » (Extrait tiré du site Wikipedia).
Dans la vallée de l’Indus, Pakistan, il semble que des villes se sont construites par la suite,
à partir de 5'000 ans avant J-C (ainsi qu’en Inde et Afghanistan).
Et encore, ailleurs, au Pérou, Amérique du Sud, ils ont trouvé des traces d’agriculture
remontant à 8'500 ans avant J-C !
En bref, l’histoire se précise ou se dément, selon les dernières découvertes archéologiques.
Nous avons déjà vu dans les publications précédentes qu’une tribu « danse » beaucoup
et se renforce d’individus, s’organise, s’outille, s’arme, etc.
D. Quinn parle de cette époque comme d’une « révolution » culturelle.
Des dirigeants émergent et commencent à changer la « culture » primitive
pour imposer leur culture « Ceux-qui-prennent ».
Ceux-qui-savent
Ishmael reprend son enseignement :
- (Jusqu’alors) aucune (tribu) n’a asservi ses voisines ni n’a été asservie par elles.
Mais au Proche-Orient, un groupe de fermiers a commencé à empiéter
sur le territoire de ses voisins et à les assujettir. (…)
Une tribu dotée de ressources illimitées (grâce aux excédents de l’agriculture et à l’élevage)
et jouant à l’anéantisseur était quelque chose de nouveau sous le soleil.
Et une nouvelle donne peut saper les fondements d’une stratégie qui fut infaillible durant un million d’années. Comme rien ni personne ne leur résistait, Ceux-qui-prennent se prirent pour
les représentants de l’humanité tout entière et se donnèrent pour mission
de guider sa destinée. C’est encore le cas aujourd’hui.
- En effet (dit Julie).
Soumettre et contrôler en imposant une culture unique
- Maintenant, j’aimerais considérer la révolution (la prise de pouvoir de Ceux-qui-prennent
sur les tribus avoisinantes) dans sa cinquantième année. Ceux-qui-prennent ont soumis
quatre tribus du Nord, que nous appellerons les Hullas, les Puala, Les Cario et les Albas. (…)
Avant que les Hullas, Puala, Albas et Cario soient envahis et soumis par Ceux-qui-prennent,
chaque tribu avait son propre mode d’organisation, (…)
Le mode des Hullas n’était pas le mode des Puala, le mode des Puala différait de celui des Alba
et celui des Albas du mode des Cario.
Leur seul point commun, c’est qu’ils fonctionnaient tous, chacun dans leur genre.
L’important, pour tous ces peuples, était d’avoir trouvé un système de relations
qui prennent les gens comme ils sont. (…)
Chez les peuples tribaux, on ne trouve pas de lois interdisant un comportement perturbateur. (…)
Mais il existe des règles visant à limiter les dégâts provoqués par tel ou tel comportement perturbateur. (…), l’objectif n’est pas de punir, mais de réparer et d’apaiser les esprits, de sorte que tout retourne à la normale autant que faire se peut. (…) Je voudrais que tu comprennes à quel point cette démarche et ses effets sont différents de ceux de vos propres lois qui, au lieu de limiter les dégâts,
les augmentent et les multiplient, et cela, à travers tout le paysage social, détruisant les familles,
ruinant les vies et laissant aux victimes le soin de panser leurs blessures.
(…)
Avant d’être envahies par Ceux-qui-prennent,
ces tribus avaient coexisté de la façon habituelle,
en s’infligeant à l’occasion quelques attaques-surprises et ripostes.
Peux-tu me rappeler quel est l’intérêt de cette stratégie ?
- Elle permet à des tribus concurrentes de se maintenir sur un pied d’égalité.
- En effet. Mais Ceux-qui-prennent mirent fin à ce jeu intertribal,
puisque les Hullas, les Puala, les Cario et les Albas sont maintenant eux aussi devenus
Ceux-qui-prennent. N’est-ce pas ainsi que les hommes doivent vivre ?
- Il paraît.
- La stratégie des attaques-surprises s’est donc révélée dépassée, pour ces peuples.
- Oui.
- Mais alors, comment font-ils pour se maintenir sur un pied d’égalité ?
- Bonne question… Peut-être ne sont-ils pas en concurrence ?
- (…) Et pourquoi n’auraient-ils plus à se faire concurrence, d’après toi ?
- Eh bien, parce qu’ils sont du même bord, maintenant.
- Autrement dit, peut-être le tribalisme était-il en fait la cause de la compétition,
plutôt qu’une méthode permettant de la gérer à long terme plus ou moins pacifiquement.
Avec l’extinction de ces humbles tribus, la compétition disparaît et la paix règne enfin sur terre.
Je (Julie) lui dis que, pour ce qui était de la paix sur terre, je ne pouvais rien affirmer.
- Supposons que tu représentes le peuple des Cario, Julie. C’est un été très sec et vos voisins du Nord,
les Hullas, ont endigué un cours d’eau dont vous vous serviez pour irriguer vos champs.
Qu’allez-vous faire maintenant que vous êtes tous du même bord ? (…)
Le fait d’être du même bord ne met pas fin à la compétition au sein d’une même espèce, après tout.
Que vas-tu faire ?
- Je vais demander aux Hullas d’ouvrir leur barrage.
- Bien sûr. Et ils te répondront : « Non, sans façon. Si nous avons endigué le ruisseau,
c’est pour irriguer nos propres champs.
- Ils pourraient partager.
- Non, ils disent qu’ils ont besoin de toute l’eau disponible.
- Alors je ferai appel à leur fair-play.
Soudain, il y eut comme une rafale de vent derrière la vitre.
Je levai les yeux et vit qu’Ishmael se tordait de rire.
J’imagine que tu plaisantes (rétorque Ishmael).
- Oui.
- Bon. Alors, que comptes-tu faire pour ce ruisseau, Julie ?
- Je suppose qu’il va falloir faire la guerre.
- Evidemment, c’est une possibilité.
(…)
Julie demande s’ils ne pourraient pas se faire quelques attaques-surprises.
- Très bien. Les Cario, devenus fermiers, vont donc mener quelques attaques-surprises.
Face à cela, les Hullas vont devoir décider s’ils ont toujours avantage à endiguer le cours d’eau.
- Donc, c’est la guerre quoi qu’il en soit (…)
- Quelle est la différence, d’après toi (entre les attaques-surprises et la guerre) ?
- Dans un cas, on se contente de rendre coup pour coup ;
dans l’autre, on veut soumettre les gens pour les obliger à faire ce qu’on désire.
- C’est exact.
De nos jours, notre élan naturel ressort chez les jeunes gens
Ishmael me demande si le jeu des attaques-surprises était pratiqué de nos jours chez Ceux-qui-prennent. Après réflexion, je lui dis qu’il se pratiquait entre bandes de jeunes.
- Bien vu, Julie. En effet, les bandes rivales emploient cette stratégie pour se maintenir sur un pied d’égalité. Et que veulent faire ceux de ta culture avec ces bandes de jeunes ?
- Les supprimer, bien sûr. En finir avec elles une bonne fois pour toutes.
- Naturellement (…)
Ceux-qui-prennent-et-savent dénaturent pour tout contrôler
- Autant entrer en guerre vous semble acceptable, autant le jeu des attaques-surprises
vous semble inadmissible. Depuis le début, Ceux-qui-prennent ont toujours été hostiles
à cette stratégie tribale.
A mon avis, c’est parce que les attaques-surprises échappent par essence à tout contrôle
exercé par une organisation extérieure, ce qui n’est pas du tout du goût de Ceux-qui-prennent.
Ils veulent tout gérer, tout organiser, et ne tolèrent pas qu’il puisse se passer dans leur entourage
quelque chose qui leur échappe.
(…)
- Au point où nous a entraînés notre discussion, tu es bien placée pour constater que la compétition
entre des peuples ayant le même style de vie recouvre nécessairement plus de choses que la compétition entre peuples ayant des styles de vie différents.
Les fermiers rivalisent davantage avec des fermiers qu’avec des chasseurs-cueilleurs.
- Bon sang, c’est vrai ! Donc, en créant un monde rempli de fermiers,
nous avons élevé le niveau de compétition au maximum.
- C’est en effet ce qui se passe entre les Hullas, les Puala, les Cario et les Albas, Julie.
Ils étaient déjà en concurrence lorsqu’ils avaient des modes de vie différents.
Depuis qu’ils vivent tous de façon identique, leur rivalité n’a fait que s’accentuer.
(…)
- Ceux-qui-prennent ont abandonné l’ancienne stratégie de maintien de la paix (…)
Qu’ont-ils trouvé pour la remplacer ?
Après quelques minutes de débat intérieur, je répondis : « On dirait que Ceux-qui-prennent
se sont offerts eux-mêmes en substitution. Ils se sont décrétés gardiens de la paix. »
- Oui, Julie. Ils se sont institués administrateurs du chaos et, depuis,
ils improvisent de génération en génération avec plus ou moins de succès. (…)
Le crime est une industrie multimilliardaire,
les enfants achètent de la drogue au coin de la rue,
et les citoyens poussés à bout passent leur colère en se tirant dessus.
Les gardiens de la paix édictent une loi
Ishmael demande à Julie quelle loi ont mis en place Ceux-qui-prennent
pour faire cesser les attaques-surprises qui assurent indépendance des tribus et égalité.
L’ancienne loi, non écrite mais allant de soi pour tous les primitifs du monde entier
était : « Battez-vous contre vos voisins (les attaques-surprises),
mais pas entre vous » (entre individus de la même tribu).
- Alors, quelle est cette nouvelle loi, Julie ?
- On ne doit se battre contre personne.
- Bien entendu. Et comme tu viens de le souligner, cela signifie qu’avec la stratégie
des attaques-surprises, c’est l’indépendance tribale qu’on a jetée aux oubliettes.
Ceux-qui-prennent voulaient administrer un monde où les gens travaillent,
non un monde où les gens perdent du temps et de l’énergie à jouer aux attaques-surprises.
- Evidemment.
Commentaire : nous avons "assisté" à l'avènement des notions abstraites de :
non-violence et de paix, et découvrons l'intention cachée derrière ces concepts.
La nature humaine reste enfouie, malgré les interdits
Ishmael explique :
Les gens avaient beau appartenir à un nouvel ordre mondial, cela ne les empêchait pas d’être aussi
querelleurs, égoïstes, méchants, cruels, cupides et violents que par le passé.
Mais la loi tribale n’était plus là pour modérer les effets de ces comportements. (…)
Alors comment Ceux-qui-prennent vont-ils traiter les comportements perturbateurs des gens qu’ils gouvernent ?
Que vont-ils faire au sujet de l’adultère, de l’agression, du viol, du vol, du meurtre, etc. ?
- Ils vont le proscrire.
- Bien sûr. Proscrire n’était pas dans l’esprit de la loi tribale, qui servait à limiter les dégâts
et à réconcilier les gens dans chaque tribu. (…)
Selon l’esprit tribal, il est stupide de formuler une loi dont on sait qu’elle sera transgressée.
Cela ne ferait que discréditer l’idée même de loi. Or, de toute loi qui se présente sous la forme
« Tu ne feras pas cela », on sait qu’elle sera transgressée, peu importe ce qui suit.
(…) depuis le tout début, la loi de Ceux-qui-prennent est une accumulation de règles
dont on sait qu’elles seront violées, et elles l’ont été immanquablement jour après jour
pendant dix mille ans. Ce qui n’est guère surprenant. (…)
Et puisque depuis le tout début vos lois impliquent dans leur formulation même
leur propre violation, il vous a fallu trouver quel traitement infliger à ceux qui ne les respectent pas.
- Ceux qui enfreignent la loi doivent être punis.
Commentaire : et la religion officielle nous a inculqué de culpabiliser car nous sommes des pécheurs.
Punir et se sentir coupable, afin d’accepter le système des punitions.
Ishmael continue :
- (…) Pendant dix mille ans, vous avez conçu et multiplié des lois dont vous saviez très bien
qu’elle seraient bafouées, et aujourd’hui il en existe des millions qui sont, pour la plupart,
violées des millions de fois par jour. Connais-tu personnellement quelqu’un qui n’ait jamais enfreint la loi ?
Commentaire : Ceux-qui-prennent nous ont appris à… tricher, se mentir
et mentir aux autres (notamment pour ne pas être puni), etc.
Ishmael d’appuyer là où ça fait mal :
- Les représentants que vous élisez pour faire respecter ces lois les violent eux-mêmes.
Et les piliers de votre société trouvent à s’indigner que certaines gens aient si peu de respect pour elles.
(…)
Le noyau de la révolution (culture, dont les nouvelles lois, de Ceux-qui-prennent) se trouvait toujours
au Proche-Orient et dans le Croissant fertile (…) Là-bas, on en était encore aux prémices
de ce qui constituerait la plus grande innovation de votre culture, après l’agriculture totalitaire
et la confiscation de la nourriture : l’écriture.
Mais cinq mille ans s’écouleraient avant que les logographes de la Grèce classique ne songent à utiliser
cet outil pour archiver le passé des hommes. Quand ils s’y mirent, voici grosso modo le portrait
qu’ils en firent : « La race humaine est née il y a un millier d’années dans la région du Croissant
fertile. Depuis toujours elle tire sa subsistance des cultures, elle cultive donc la terre
aussi instinctivement que les abeilles construisent des ruches. D’instinct, elle est aussi encline
à la civilisation. Donc, dès sa naissance, la race humaine s’est mise à cultiver la terre
et à construire la civilisation. »
Il n’y avait évidemment plus aucune souvenance du passé tribal de l’humanité
qui avait pourtant perduré des centaines de milliers d’années.
Il avait disparu sans laisser de traces en tombant dans le Grand Oubli.
Les maîtres du monde comblent le vide du Grand Oubli
Ishmael explique, concernant le savoir-vivre de Ceux-qui-laissent, « il fallait bien que ceux de la culture (Ceux-qui-prennent) le détruisent pour devenir maîtres du monde » :
Certains de remplacer ce qu’ils détruisaient par quelque chose d’aussi bien sinon de meilleur,
ils s’y sont efforcés et s’y efforcent encore, servant aux gens tout ce qu’ils peuvent trouver pour combler
le vide. L’archéologie et l’histoire racontent depuis cinq mille ans comment, l’une après l’autre,
chaque société de Ceux-qui-prennent a cherché une recette qui calme, inspire, amuse, distraie les gens
et leur fasse oublier un malheur qui ne veut tout simplement pas disparaître. Fêtes, divertissements,
grandes pompes, cultes solennels, jeux du cirque, quête perpétuelle du pouvoir, luxe, richesses, sports,
concours, combats, guerres, croisades, intrigues politiques, chevalerie, exploration du monde,
honneurs, titres, alcool, drogue, jeu, prostitution, opéra, théâtre, arts, gouvernement (…) radio, TV,
cinéma (…), jeux vidéos, ordinateurs (…) il y en a pour tout le monde.
Mais si bien des gens ont ainsi comblé le vide de leur existence, seule une infime partie a pu espérer
accéder aux bonnes choses qui étaient jadis accessibles à tous.
De même aujourd’hui, seul un petit pourcentage d’entre vous peut espérer vivre comme les milliardaires,
stars de cinéma, champions, top models, bref tous ceux dont la vie vaut d’être vécue, à ce qu’on dit.
Pour la plupart, vous êtes des parents pauvres. (…)
La vie tribale n’était pas une combinaison de nantis et de démunis.
Pourquoi les gens auraient-ils supporté un tel arrangement, à moins d’y être forcés ?
(…) le mode de vie de Ceux-qui-prennent a toujours engendré des riches et des pauvres,
ces derniers constituant l’écrasante majorité des humains.
Comment les démunis auraient-ils pu découvrir la source de leur infortune ?
A qui auraient-ils pu demander pourquoi le monde est ainsi fait qu’il favorise une poignée d’individus (…) ?
A leurs gouvernants, leurs maîtres, leurs patrons ? Sûrement pas.
(…)
Peut-être comprends-tu maintenant pourquoi tant de gens de ta culture scrutent le ciel
avec l’espoir d’entrer en relation avec des dieux, des anges, des prophètes, des extraterrestres
ou des esprits défunts. (…)
- Oui, je le comprends maintenant.
- Alors tu sais où mène cette route. Même si elle ne s’arrête pas là, évidemment.
- Ouf ! Je suis heureuse de l’apprendre.
____________________________
Eric,
RépondreSupprimerPassionnant ces extraits. Pas évident d'obtenir la paix. Contradictions toujours. Par la force ? Soyez heureux ! Ça fout les boules. Ton article déconstruit bien tout le mécanisme. On n'en sort pas de ce débat cornélien.
Belle journée à toi.
Thierry
Au nom de la paix, sommes-nous, chacun, tous,
Supprimerdisposés à sacrifier nos élans, nos passions, nos sentiments ?
La voilà la contradiction.
La paix n'est pas à penser ni à obtenir,
mais à vivre au quotidien, à chaque instant.
La quête d'une paix idéale, idéelle, engendre...
un climat de violence latent.
Je me fais une idée de la paix,
Thierry se fait une idée de la paix,
l'internaute en train de lire se fait une idée de la paix,
l'actionnaire de multinationale se fait une idée de la paix,
un membre d'une vieille famille d'aristocrate se fait une idée de la paix, etc.
De quelle paix parlons-nous ? Celle qui arrangerait qui ?
Du vent tout ça, du vent qui sent mauvais, très mauvais...
Ces gens qui évoquent la paix, sont-ils en paix avec eux-mêmes,
à l'intérieur d'eux-mêmes, ainsi qu'avec leurs proches ?
"Ils" mettent en avant la paix pour ne pas risquer de perdre leur pouvoir, leur ascendant, leurs bénéfices...
Pas de conflit, pas d'opposant, la paix quoi, pour eux.
Les seuls qui peuvent se permettre de parler de paix sont ceux parvenus
à un état de paix intérieur : résolution des conflits, des dualités, avoir conscience de son histoire (sans zone d'ombre),
se connaître et avoir appris à se maîtriser (et non uniquement à se contrôler), etc. Voilà ce qu'implique la paix...
Ton intervention m'a inspiré, Thierry, bon soir à toi ;)
Un aspect à approfondir que m'inspire le roman de D.Quinn :
RépondreSupprimerpourquoi, comment se fait-il que les "attaques-surprises" régulaient et maintenaient la paix (non conceptualisée soit, allant de soi) et une harmonie générale dans le monde des primitifs que nous étions ?
Admettons qu'un clan ait inventé les hamacs.
Avec mon clan, en passant, nous découvrons cette nouveauté. On attaque. Quelques coups et hématomes plus tard, nous repartons avec un seul hamac.
Pourquoi pas tous les hamacs ?
Parce que mon clan sait maintenant qu'il y aura des représailles.
Moins nous causons de dégâts et moins nous volons, moins violente seront les représailles, cela me paraît aussi simple et évident que ça ("coup pour coup", mais sans esprit d'anéantissement.
C'est important de comprendre cela : pas de volonté d'anéantissement.
De savoir qu'il y aura "vengeance" calme les ardeurs des attaquants.
Cela tempère, de soi-même, les élans de chaque clan ou tribu...
Maintenant, pour quelles raisons les autorités proscrivent cette dynamique (qui s'avérait plus saine et qui a duré quelques, au moins, 200'000 ans) ?
Il s'agit de bien cerner la tricherie, la lâcheté et, surtout, le non-choix que de faire comme on nous dit de faire. Les armée et polices sont là pour nous le rappeler, à chaque instant, aidés, dorénavant, par les robots, drones, etc.
On nous coupe les élans et donc, les ailes.
Dans ces conditions qui sont les nôtres,
pas de violence = ne pas s'opposer et faire ce qu'on vous dit.
La paix ?
On ne peut évoquer la paix (j'insiste) que lorsque, en soi-même,
on a résolu cette question de dominance...
L'être, une fois aligné, vibrant de tous ces centres, ressent la paix.
Eric,
SupprimerOui très juste. Commençons par la paix intérieur en sachant que tout est mouvant, rien n'est acquis. Équilibre, toujorus et encore... Intéressant tes comm' en plus.
@+
Comme tu as pu le constater j'ai été moins présente, pas beaucoup de temps en ce moment et grosse fatigue, j'ai donc eu de plus en plus de mal à venir lire ici.
RépondreSupprimerje vois que ta lecture te passionne toujours autant. je savais bien que ce livre te plairait, moi, il m'avait fait un effet incroyable, toutes mes croyances établies dégringolaient les unes après les autres. On m'avait menti toute ma vie !
Question ? peut-on tu crois comparer les attaques terroristes à des attaques surprises ? "Autant entrer en guerre vous semble acceptable, autant le jeu des attaques-surprises vous semble inadmissible. Depuis le début, Ceux-qui-prennent ont toujours été hostiles à cette stratégie tribale.
A mon avis, c’est parce que les attaques-surprises échappent par essence à tout contrôle exercé par une organisation extérieure, ce qui n’est pas du tout du goût de Ceux-qui-prennent.Ils veulent tout gérer, tout organiser, et ne tolèrent pas qu’il puisse se passer dans leur entourage quelque chose qui leur échappe." parce que finalement, on tolère les guerres mais pas le terrorisme, on accepte que des millions de gens soient tués sous prétexte de nous protéger mais on n'accepte pas que quelques-uns se vengent. c'est une réflexion que je me suis faite ...
"On m'avait menti toute ma vie" = même sentiment,
Supprimerc'est ce que je déplore : notre société est bâtie sur des mensonges...
Et ces mensonges, nous les apprenons aux élèves dans les écoles.
Ex: C. Colomb qui aurait découvert l'Amérique, cette histoire est du niveau de celle du Père Noël ! (Intéressez-vous à l'histoire des Mormons, à leurs Ecritures... ; sans parler des Vikings)
Je crois que, oui, les terroristes imposent des attaques-surprises.
Ils veulent déstabiliser l'emprise de ceux qui ont tout-pouvoir.
Ex : le Che Guevara, le Sentier lumineux (au Pérou) et, ici, il y avait les Brigades rouges, la Bande à Bader, les Corses, les Basques, etc.
Avec le DAESH = prudence, car cette "affaire" n'est pas claire (une autre histoire à la Père Noël étant celle de Ben Laden)... ?
Je me suis fait exactement la même réflexion, Virevolte, merci de ton intervention.
Et j'ai pensé, en plus des jeunes (comme le souligne D. Quinn), aux bandes de "brigands" et mafieux = elles fonctionnent aux attaques-surprises entre elles ; jusqu'à ce qu'un parrain ou un cartel veuille contrôler toute une ville (par ex.) et alors ils se tirent dessus, etc.
Quand un cartel cherche la mainmise sur les trafics, la politique passe des attaques-surprises (entre bandes) à l'anéantissement (= soit ta bande rejoint la nôtre et vous nous versez un pourcentage de vos larcins, soit vous disparaissez).
Réflexion intelligente, Vi : on tolère les guerres, la famine en Afrique, que des enfants travaillent pour nos vêtements luxueux et nos smartphones, etc., mais pas les "vrais" rebelles (qui eux, causent bcp moins de morts et de dégâts à la planète)
Oui, c'est à ça qu'il faut réfléchir...
Pie bavarde a encore quelque chose à ajouter, un bel exemple de réaction,
RépondreSupprimerde réponse primitivo-sage.
J'avais écrit que "ce qu'il se passe en Turquie m'effraie davantage
que la guerre en Syrie".
Rappel : la goutte d'eau qui a déclenché les hostilités a débordé
lorsque le gouvernement a présenté un projet d'urbanisme
prévoyant la destruction d'un grand parc à Istanbul.
Grande manifestation, opposition des habitants.
Quelques temps après, le putsch (contesté par certains).
Depuis, aux dernières nouvelles, plus de 140'000 arrestations d'opposants
au régime, toute classe sociale confondue.
Et le président a maintenant tout pouvoir.
Comment réagissent les habitants (n'ayant plus intérêt à manifester) ?
Vous l'avez peut-être lu sur le site Reporterre : ils plantent et font pousser des légumes et autres plantes dans chaque coin de terre qu'ils trouvent en ville !
Voilà, selon mon entendement, une réaction "attaques-surprises" intelligente. Pour le dire autrement, voilà un message subtile et imprévisible que le peuple adresse au Moi-président tout-puissant)...