La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

vendredi 12 mars 2021

Avec la mort sur l'épaule



- Hey, salut mec, ça fait longtemps.

Accolade

- Yo, ça roule ?

- Putain, ça fait du bien de se toucher, de voir ta sale face de rat sans masque,
et de m'étendre près de toi. T'as pas peur au moins ?

- Peur de quoi ? De tes microbes ? De mourir ?

- Ouais, au final c'est bien de mourir qu'il s'agit.


- Je lui parle, tu sais, à la mort.
Tu devrais essayer.

- Hein, de parler à la mort ?

- Oui. Elle ou "cela" est là, à chaque instant.
Chacun sent-sait au plus profond de soi qu'il va mourir.
Pourquoi partir de l'a priori que c'est effrayant et terrible de mourir ?


- De mourir, peut-être, mais de souffrir, l'agonie, tout ça, quoi, c'est pas réjouissant.

- Personne ne sait ni quand ni comment il va mourir.
Pourquoi s'en faire un ennemi à combattre ?
Pourquoi s'imaginer des souffrances ou autres ?
À quoi ça sert d'y penser ?
Au lieu de s'en faire des idées noires, vaines, provoquant des peurs irrationnelles,
j'préfère m'en faire une alliée, de la mort,
qui n'est somme toute qu'une voie de sortie de ce monde-à-l'envers.
Tu n'as pas eu envie de mourir une fois ou l'autre ?

- De mourir, non, pas jusque-là. En fait, j'y pense pas ; enfin, j'y pensais pas, avant 2020.

- De s'adresser à la mort calme le mental apeuré par ses incessants calculs.
De toute façon, personne ne peut lui échapper, à la mort,
pas même Bill Gates&Cie, alors pourquoi ne pas s'en faire une amie, une confidente ?
Tu peux tout lui dire, sans aucune censure, même tes pires sentiments et idées.

- Ha, ha, ha... T'es ouf toi. Bizarrement, ça m'fait du bien de parler de ça.
T'as p'tre raison : plus on craint la mort, plus on appréhende et plus on se fait peur inutilement.
Euh..., tu lui dis quoi quand tu lui parles ?


- Ah, ah ! Tu sais, contrairement à toi, il m'est arrivé plusieurs fois d'implorer de mourir,
pour que ma vie cesse. J'veux dire que ça s'est fait tout seul : j'me suis mis à lui parler.
Depuis, je la ressens comme libératrice et j'attends l'instant qu'Elle aura choisi.
J'sais qu'Elle est là et qu'à tout moment "cela" peut me prendre ce qui,
bien que ça puisse paraître paradoxal,
me donne la pêche de faire des activités qui me plaisent et me font du bien.

- Tu la provoques en quelque sorte, non ?

- Plus tu l'appelles en l'implorant de faire cesser ton existence et plus Elle t'ignore, la garce,
te laissant mariner dans ton jus, comme si Elle te disait « règle donc tes problèmes, mec,
t'es pas encore prêt pour le passage ».
Les hypocondriaques ainsi que les hystériques feraient mieux d'apprendre à parler à leur mort,
plutôt que de nous emmerder avec leurs « mesures de précaution sanitaire ».

- Yep.
Bon, allez go. Ma mort et moi, on y va. On s'revoit vite j'espère.

- Yo

 

Pawel Kuczynski

 

11 commentaires:

  1. Mortel ton dialogue, je les adore ces deux là.

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    1. Mmouais, ben j'vais quand même les dénoncer : ils se sont donnés une accolade + ils ne portaient pas de masque (clin d'oeil à ton collage du jour)

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  2. Pour toi : https://youtu.be/4NF7RrnrGOI
    Je connaissais déjà l’histoire du cheval Peyo, là j'écoutais cette vidéo...
    J'ai pensé à toi dans cette conversation intime avec la mort...

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    1. :) merci. Incroyable ce cheval (j'avais entendu parler de chats...) !

      Le gars dit être à son service ?
      Et il l'amène sur des scènes (pas sûr que ce soit la volonté du cheval) ?
      Ah, satané humain toujours en décalage entre sa parole et ses actes, tout en prétendant que non, et que de toute façon c'est pour la bonne cause.

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  3. Oui, de toute façon, quoi qu'il arrive nous mourrons, cette vérité là tout le monde la connaît, c'est peut-être même la seule dont on puisse être certain ! ;)
    Je suis d'accord avec toi, je préfère mourir d'avoir vécu plutôt que mourir d'avoir évité.

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    1. "tout le monde la connaît" : ah ? On dirait pas
      ;) oui, vivre, simplement

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  4. A 14 ans, je suis tombée sur une phrase qui disait à peu près cela : "Quand tu nais, tu pleures et les autres autour rient. Quand tu meurs, tu ris et les autres pleurent". J'avais bien aimé cet "équilibre" :-D

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    1. Oui, mourir et rire = le summum !
      :))
      Coucou Redelf

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  5. Redelf c'est le genre de phrase très réaliste qui marque en effet
    Eric , alors hahah ce week end j'ai un "médecin" masqué qui m'a fait la bise , bluffée la Saby !!
    Hug ami blogueur

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    1. Big hug Saby et sweetie smack (sans masque, oups !)

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