Langage en gage

Cette publication pour réunir des pensées de divers auteurs sur le thème des limites du langage,
du piège dans lequel nous embourbent les mots, les écrits, les théories, les discours politiques, etc.

Au début des temps,
Sur la terre d’Egypte,
Le maître des secrets
Donna le verbe et l’écriture.

‒ Kate Moss

Faisons le point, un bilan, concernant le langage (parler, écrire, calculer) :
1) Est-ce que le langage permet de maintenir l’ordre en soi-même, dans nos esprits,
ou, au contraire, est-ce que le langage égare nos esprits ?

J’écris autrement que je ne parle,
je parle autrement que je ne pense,
je pense autrement que je ne devrais penser,
et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité.

‒ Kafka

2) Le fait de parler sans cesse ‒ de visu, par téléphone, SMS, Internet, par l'écriture ‒
est-ce favorable au relationnel, à la qualité de nos interactions ?

On est maître des paroles que l’on n’a pas dites,
esclaves de celles que l’on a prononcées.

‒ Henri Loevenbruck

On n’a pas besoin de se parler pour se comprendre.
Au contraire, je dirais.
Parler, c’est très bien pour embrouiller.

‒ Claude Courchay

3) Des réunions, colloques, assemblées, etc.,
est-ce que ces regroupements de gens donnent des résultats satisfaisants ?

Une conférence est un groupe de gens réunis pour compliquer un travail
qu’une seule personne ferait facilement.

Le langage nous agrippe avec des doigts invisibles.
Il nous conditionne à la façon dont les autres pensent.
Par le langage,
nous nous imposons les uns aux autres notre manière d’envisager les choses.

‒ Frank Herbert

4) Grâce au langage, sauverons-nous la planète ?

Les mots sont les objets suprêmes. Ce sont des choses dotées d’esprit.
(…) Mais ce sont aussi des traquenards de tromperies et de perceptions erronées.
Les mots déforment notre pensée en l’orientant dans des chemins infinis d’auto-illusion,
et le fait que nous passions la plus grande partie de notre vie mentale
dans des châteaux de l’esprit construits avec des mots
signifie que nous manquons de l’objectivité nécessaire
pour nous apercevoir de ces terribles distorsions de la réalité que nous apporte le langage.

‒ William Gass

5) N’existe-t-il pas d’autres moyens de communiquer que celui du langage verbal et écrit ?

Nous avons élevé le pouvoir de la raison, le pouvoir de manipuler les mots,
au-dessus de toutes nos autres facultés.

Le mot écrit est devenu notre Dieu.

Nous avons oublié qu’avant les mots,
il y avait les actions,
et qu’il y a toujours eu quelque chose au-delà des mots…

Tous les langages de notre globe tendent vers la folie,
parce qu’ils séparent le concept d’intellect de celui du corps.
Ainsi, on obtient une fragmentation, une sorte de schizophrénie. 

‒ F. Herbert

6) Comment savoir et reconnaître ce qui est juste ?

Quand le corps et l’intellect disent la même chose, c’est la vérité…

Lorsque la parole et l’acte sont en contradiction,
fiez-vous à l’acte.

‒ F. Herbert

7) Quelles effets et conséquences observons-nous, concrètement,
au sujet de notre mode de communiquer bientôt 5G ?

J’ai connaissance d’un schéma profond dont les humains nient l’existence dans leurs paroles
tout en la confirmant dans leurs actes.
Ils disent rechercher la sécurité et le calme, cet état de choses qu’ils appellent la paix.
Mais en même temps qu’ils parlent, ils disséminent les graines du désordre et de la violence.

‒ F. Herbert

8) Parler, aide-t-il à nous comprendre les uns les autres
et à entretenir des relations sociales satisfaisantes (d’une façon générale) ?

On ne comprend jamais vraiment les autres,
on se contente de réagir à leurs présences.

‒ Dennis Lehane

9) Certains prétendent que l’esprit n’aime pas le vide, pourtant
une minorité d’humains expérimentent le pouvoir lumineux de la vacuité,
que l’on ne peut éprouver qu’en se taisant.

Le silence permet d’assimiler ce qui a été perçu par nos sens, extérieurs et intérieurs.
Le silence favorise le traitement du ressenti et des informations sensitivo-émotives ;
autrement dit, le silence permet une meilleure digestion de nos impressions.

Pour s’écouter soi-même, écouter ses sens, il faut cesser de parler et de cogiter sans cesse.

Certains phénomènes ne peuvent être appréhendés qu'au travers du silence (verbal)
et la tranquillité intérieure (état méditatif et contemplatif).

Passer son temps à s'expliquer, se justifier, argumenter, se mentir et mentir,
tromper, dissimuler, etc., pour, au final, se retrouver l'esprit confus ;
alors que, en silence, on en apprend davantage sur soi et sur l’autre et sur le monde.

C’est comme ça qu’on voit si on se plaît avec une personne,
quand on peut se taire tout à fait au moins une minute,
et profiter du silence.

‒ Dial du film « Pulp fiction »

Apprends le silence
et tu apprendras à entendre.

‒ F. Herbert

10) Quelle attitude adopter pour appréhender autrement l’avenir ?

Faites comme si vous ne saviez rien !
Apprenez à être d’une innocence totale.
Il s’agit de tout aborder avec un esprit vierge.
Faire le vide en soi et autour de soi.

Ce qui doit s’inscrire par la suite s’inscrira de lui-même.

‒ F. Herbert

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