La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

mardi 27 juin 2017

Vie sous condition

Sur quoi repose notre conditionnement multimillénaire ?
Je veux dire : quels en sont les axes principaux ou encore, les leviers de contrôle ?

Suite à la lecture de Daniel Quinn, je distingue trois moyens imparables :

1. Nous faire détester, mépriser, le mode de vie dit primitif ;
un mode de vie en fait naturel, instinctif,
au sein duquel chacun, comme chaque tribu ou clan,
peut vivre comme il l’entend, à son rythme, en allant où le vent le mène.
Exemple de clichés courants : habiter dans des cavernes (non chauffées),
en entretenant des rapports barbares entre les uns et les autres, etc.
A ce mépris de la primitivité,
il faut ajouter « la mise sous clef de la nourriture et de l’eau »,
condition sine qua non pour le fonctionnement du rêve idéel.
Il ne reste plus qu’à propager régulièrement la peur du manque,
manque de nourriture et de boissons, de confort et de divertissements,
et, de toutes les façons possibles, évoquer fréquemment l’insécurité
et la barbarie sans la protection administrative du système si vil.


2. Générer un climat de méfiance et de mépris du féminin
et tout ce qui s’y rattache : sensibilité, sentiment d’amour, compassion, etc.
Le serpent devint diabolique, symboliquement,
lorsque les représentants mâles des Eglises ont rêvé de pouvoir et puissance.
Promouvoir une image ambivalente de la femme,
moins intelligente que l’homme,
notamment en présentant deux genres distincts de femmes :
- une sorte de femmes à respecter, la mère de chacun ainsi que la future mère de ses enfants,
femmes avec qui il faut être patient et gentil, qu’il ne faut surtout pas battre
(pourtant un dicton de prétendre « bats ta femme, si tu ne sais pas pourquoi, elle le sait »)
et à qui il faut offrir des fleurs et, au moins, une bague
(pour se faire pardonner de la battre et de la tromper) ;
- une sorte de femmes-objets, à mépriser mais consommable,
n’existant que pour les plaisirs sensuels.
La destinée de ce genre de femmes consiste à pomper… le fric des gentilshommes.
D. Quinn a relevé : « nous vivons un rêve d’hommes »,
rêve dans lequel les femmes ne se sentent pas bien ;
néanmoins, elles s’adaptent et ont le souci de plaire aux hommes,
et « très peu s’échappent » de ce rêve, a précisé cet auteur.
Mesdames, les hommes vous dépossèdent depuis…
Pfff…

Remarque : notons que le dégoût de la primitivité est étroitement relié
à celui de la féminité. Par exemple, une femme instruite, conforme,
bien adaptée au système, une fois enceinte et après l’accouchement,
quand elle allaite l’enfant, toute cela renvoie à un comportement primitif (naturel).
Il y a quelques mois, une pétition a tourné : une jeune femme s’est vue refuser
un endroit tranquille dans un commissariat pour pouvoir allaiter son bébé.
Les fonctionnaires ont éconduit la jeune femme et son bébé
en mettant en avant « l’incivilité » de sa demande et de son comportement !!
Quand on en arrive à méjuger une femme qui veut allaiter son enfant,
cela devient grave, très grave. Aliénation mentale générale
.

Sensibilité vs raison (primaire, logique et calculatrice)

Messieurs, ce tort causé aux femmes nous porte également préjudice…

Je reprends deux extraits publiés sous « Ouroboros » qui vous concerne,
Mesdames, d’où il ressort clairement comment les hommes vous manipulent :
L’universalité des traditions qui font du serpent le maître des femmes,
parce qu’il est celui de la fécondité.
Plus qu’une volonté d’hégémonie de l’esprit au détriment des forces naturelles,
il faut voir là un souci d’équilibrer ces deux forces fondamentales de l’être
(les deux forces de l’être étant celle du serpent, qui ressent les événements,
dont le symbole était relié aux femmes (durant l’antiquité)
et la force de l’aigle, qui survole les événements pour les penser,
symbole plus directement relié aux hommes).
Dans la mesure, au contraire, où il (le serpent)
demeure l’indispensable autre-face de l’esprit,
le vivifiant, l’inspirateur,
par lequel monte la sève des racines à la coupole de l’arbre,
il est agréé, et même glorifié.
Ainsi, toutes les grandes déesses de la nature,
ces déesses mères qui se reconduiront dans le christianisme
sous la forme de Marie, mère de Dieu incarné,
ont le serpent pour attribut.(…)
C’est cette tenace volonté humaine contre la dictature de la raison (…)

3. Vivre c’est produire et obtenir des produits.
Pour obtenir des produits, il faut en produire
(en produisant des efforts et heures de travail, etc.)
Pour produire, il faut prendre (ressources naturelles, surpêche,
agriculture intensive, élevage intensif, etc.) et calculer les bénéfices.
Et surtout, afin que chacun se sente concerné par ce cercle productif,
il faut des carottes : des distractions, de la bière, des femmes à la cuisse légère,
et du rêve américain disponible pour tous.
Un exemple de carotte : à la TV, à travers films, séries et publicités,
nous apprendre à vivre de façon bourgeoise, d’apparence distinguée,
en consommant librement divers produits,
comme boire un verre de whisky dans sa villa, au bord de la piscine,
après avoir garé sa voiture propre dans le garage non moins propre.
Pour les plus démunis, il reste l’espoir des jeux, de la française, du tiercé, etc.

Au sein de la bulle d’abstraction, la liberté se paye.
Une équation, la liberté ?
Plus t’es riche, plus tu consommes, plus tu crois être libre,
et plus tu veux être riche…
Certains esprits-se-voulant-zen de reconnaître que l’argent ne fait pas le bonheur,
« mais il y contribue », ajoutent-ils doctement.


En résumé, voici le message de nos sociétés :
Ne vous écoutez pas, n’éprouvez pas le vivant et refoulez vos élans naturels ;
vos ressentis vous trompent, vos impressions doivent être calibrées
pour une adaptation à une réalité conforme et civilisée,
inculquée notamment grâce aux divers médias ;
vos désirs, qu’on vous foute la paix et de liberté, sont utopistes ;

le sentiment est faiblesse et la sensibilité, maladie mentale, à l’exemple des femmes.
Sans travailler, ou sans faire travailler vos avoirs ‒ et les banques furent ‒,
vous devenez l’ennemi
de notre resplendissante société globalisée en une pensée unique,
dont la croissance prime sur nos existences de larves entravées,
système qui détruit notre environnement naturellement nourricier,

pour une idée de le remplacer par un environnement rentable,
artificiellement parfait et déjà fort endetté.
Mais au fait,
de qui est la pensée unique ?
Quelle est le roi, l’inventeur, le détenteur, le garant de cette pensée mondiale ?

On s’en fout !
Produire. Consommer. Se distraire. Sécurité pour tous.

Longue vie à la machinerie faisant fonctionner la bulle d’abstraction,
qui, dorénavant, n’aura plus besoin de travailleur ni d’esclave,
maintenant qu’il y a des robots dociles qui ne contrarient pas.
La libération de la machine dotée d’un contrôle cerveau central.
« 3 personnes sur 4 mourront de chaleur ces prochaines années »,
nous fait-on savoir officiellement, ces temps-ci.
Nous voilà préparés. Un homme averti en vaut deux.
Et une femme avertie ?
Bah, l’équivalent d’un trois-quarts d’homme.
Au moins, y aura du boulot, après les vagues de chaleur meurtrières,
ne serait-ce que pour s’occuper des robots.

Et comme tout est équation,
d’ici là nous aurons trouvé l’équation qui nourrit et abreuve,
et surtout, qui rend heureux.

CQFD

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9 commentaires:

  1. Font suer je te dis !!! ça devient grave oui très grave !!! Quoi de plus naturel qu'une femme qui allaite son enfant oui ... et à notre époque parce que C est "naturel" cela devient gênant ... mais purée c'est du n'importe quoi ... Combien de fois j'ai trouvé un lieu tranquille pour mes petits et personne ne m'a rien dit il aurait plus manquer que ça !!!! alors à l'inverse du message des sociétés je crie : Ecoutez vous, ressentez le vivant et ne refoulez pas le naturel !!!!!

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  2. Eric,
    Drôlement bien résumé même si cette drôlerie ne fait guère envie... et pourtant on est en plein dedans.
    @+

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    1. On est en plein dedans, bien rangé, classifié,
      comme de la nourriture dans l'assiette de ton collage.
      ;))
      Ciao Thierry

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    2. J'ai trouvé chez un bouquiniste Wang Tome 1 de Bordage. Youpi !

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    3. :) bonne lecture (bourrée d'actions, éprouvante)
      Tu y découvriras "le Tao de la survie" (excellent),
      à mon avis qu'on va devoir de plus en plus appliquer...
      (J'en avais publié des extraits sur l'autre plateforme)

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  3. J'essaie de rattraper mon retard de lecture...
    ça ne m'étonne pas du tout ce que tu dis par rapport à la femme qui voulait allaiter. Quand j'ai annoncé que je voulais allaiter ma fille, tu aurais vu les regards de ma famille, MA famille ! Ma sœur et ma mère trouvait ça dégradant !jamais elles n'auraient voulu faire ça ! Alors, je me suis tu et lorsque ma fille est arrivée je l'ai allaitée, elles étaient devant le fait accompli, elles ont dû accepter même si je sais qu'elles ne m'ont pas comprise. Il fallait que j'accepte le progrès et que j'utilise comme tout le monde les biberons et le lait maternisé parce qu'on leur avait dit que c'était comme ça; c'était il y a 20 ans et même à la maternité on trouvait ça inutile et embêtant, on ne m'a pas aidée, je me suis débrouillée en lisant à droite et à gauche et en recherchant des personnes qui l'avait fait et je ne regrette pas !
    Toute une vie on nous assène LA vérité, on nous dit comment il faut agir, ce qu'il faut faire pas pour notre bien, non, pour qu'on soit bien formaté, qu'on rentre bien dans le moule, qu'on consomme bien, qu'on travaille bien, qu'on ne ressente rien .

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    1. Ce que tu as écrit me remue les tripes. Brrr...
      "Dégradant" !!
      (Comment peut-on en être arrivé à accepter que de soi-disant experts véhiculent ce genre de propos ??)
      Mesdames, ne vous laissez pas faire !

      Merci Vi pour ce témoignage et bravo pour ton courage,
      et ta détermination à t'écouter. Cela n'a pas dû être évident pour toi.
      Les proches sont ceux qui nous déstabilisent le plus lorsque l'on est en désaccord...

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    2. Oui, tu as raison, les proches sont très déstabilisants car inconsciemment on veut toujours leur plaire même si au plus profond de soi on sait qu'on a raison.

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