La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

vendredi 17 février 2017

Interdit de pisser

Je republie un texte, ci-dessous.
Je rentre de la ville et puis assurer que le contenu est tout-à-fait d’actualité,
peut-être davantage qu’en été 2015.

Je suis resté moins de deux heures en ville.
À la gare, des … ? (flics, mais de quel genre ?)
plaquaient un homme, très jeune, au sol.
Ils étaient au moins quatre sur lui, tous avec des gilets pare-balles et des armes.
Un autre groupe de flics tenait un gars semblant être le copain de celui à terre...
Des militaires hyper armés quadrillent la ville, par groupe de trois ou quatre.
Faut voir comme certains paraissent jeunes !
Y a des femmes aussi.
Certain(e)s, bien constitués physiquement,
ont encore leur visage d’enfant, une grosse mitraillette au bras.
C’est rassurant. … ?

Au retour, dans le bus, un homme, soixantaine, tousse,
assis sur le siège devant, un homme, quarantaine, rouspète ;
ce dernier se retourne et demande à l’autre de ne pas lui cracher dessus,
l’autre l’envoie sur les roses, ils se sont insultés et ont fini par se traiter de « pd ».

In ci vi li tés

Et que penser de ces interrogatoires officiels qui envoie l’inculpé, présumé innocent,
à l’hôpital pour avoir, par accident, fait rentrer une matraque dans son Q ?

Ben, ce n’est pas comme ça qu’on y arrivera, à mon avis.
Mal barré tout ça. Société d’hypocrites.

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Affichages chocs en ville,
des interdictions supplémentaires (il était temps),
bientôt le manuel (non, pas Valls) de ce qui est permis,
car plus vite lu et mémorisé que tous les interdits :
180 € d’amende en cas de jet de mégots, jet d’urine,
et autres, je cite, incivilités.

Incivilités, tolérance zéro.

Quelque chose me turlupine l’esprit :
ce terme d’incivilité, cet argument choc et imparable,
qui omet un tout petit détail de rien du tout, absolument insignifiant :
il n’y a quasi plus de toilettes publiques non payant dans la plupart de nos villes.

Le besoin de pisser, de vider sa vessie, n’est pas un luxe, est-il ?

De plus en plus de gens vivent dans la rue,
de plus en plus d’interdits sont promulgués,
les parcs publics ferment la nuit,
plus de W.C. accessibles sans payer, etc.
(Public ? Encore un terme trompeur.)

Ce que je ne comprends pas :
pour quelles raisons, sûrement sentimentales,
ne gaze-t-on pas tous les incivils ?
Une douche et hop, affaire suivante.
Pourquoi tant d’hypocrisie et faux-fuyants
face à ce phénomène dérangeant, déstabilisant,
nous empêchant de profiter tranquillement de notre confort,
sous antidépresseurs, avec des bières et du vin au frais ?
Inventez donc un virus qui s’attaquerait à tous ceux ne disposant pas
d’au moins 50'000 € sur un compte bancaire certifié ISO Qualité 666.

Tout ce temps et cet argent investis pour élaborer des arguments
justifiant la mise en place de plus de polices, de contrôles, etc.

Dans notre monde civilisé et sécurisé, aseptisé,
il vaut mieux être incarné en chat ou en chien,
puisque, eux, ils peuvent encore pisser et chier où bon leurs semblent,
sans débourser un kopeck.

Vivement que l’on nous place le cerveau dans une machine,
ça ne pisse pas une machine et,
oh, bonheur et Nirvana goudronné et bétonné,
ça ne défèque pas non plus.

Soyons sincères avec nous-mêmes,
c’est vrai que tous ces clochards, SDF et autres zonards, gênent nos plans,
en bousculant nos idéaux de société propre et polie,
où chacun est libre,
où, tous, nous évoluons en fraternité et égalité de droits
comme chacun peut le constater chaque jour ;
alors qu’à cause d’eux, ça pue dans nos villes,
ça sent trop l’humain,
et cela rappelle que l’humain est un animal comme les autres,
un animal qui pisse et caque au moment où il en ressent le besoin.

Ce que nous renvoient ces personnes, qui vivent l’enfer sur nos trottoirs,
est insupportable, culpabilité et honte.
Honte de constater l’indifférence de la plupart d’entre nous qui avons encore un W.C.
Cette honte, ce n’est pas à eux de la porter,
mais à nous tous, petits bourgeois et plus,
qui, non seulement se blindent dans l’indifférence,
mais deviennent de plus en plus insensés et iniques,
au point de leur en ajouter, des embûches,
à croire que nous voulons "nourrir" leurs sentiments de haine ?

C’est fou, mais dans ce monde si civilisé,
plus c’est difficile pour certains,
plus le système et plusieurs d’entre nous s’acharnent
sur ceux même qui subissent l’intolérable,
la misère au sein de l’excès d’opulence.

Suivons la logique des gens civilisés :
la plupart des personnes qui pissent (et plus si endroit favorable) dans la rue
sont sans le sou. Ce qu’ils parviennent à mendier, ils le boivent,
ce qui stimule d’autant le besoin de se soulager (ouf, c’est sans fin cette histoire).
Dorénavant, ces personnes fauchées (par certaines volontés) se verront verbalisées
et devront s’acquitter, avec le sourire, d’une amende de 180 €,
une bagatelle.
Je ne saisis pas : qui va payer l’amende ?

En prison ?
Les prisons sont déjà archi  pleines,
et reconnaissons tout de même qu’une peine de prison pour avoir pissé…

In ci vi li té.

Pas de toilettes publiques et interdiction de se soulager sans débourser.

Un argument probablement pensé dans un W.C. privé 5*, d’à peine 30 m2,
par nos décideurs qui eux, ne pissent pas, non, ils font don d’eux-mêmes.

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6 commentaires:

  1. Bonjour,
    je lis souvent votre blog.
    Ce texte me fait penser qu'à chaque fois que je sais en ville, il y a une sdf qui ne demande rien, c'est surement peu de chose une bière surtout sans chiotte...
    Le pire c'est les boîtes à fric le sont trop cher pour beaucoup trop de personne même en travaillant...C'est hors sujet comme à mon habitude...
    Bonne continuation de cres qui vous passe un peu de musique.
    https://www.youtube.com/watch?v=Jql6txVXTAo

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    1. Je ne trouve pas hors sujet le propos. Notre mode de vie, en ville, devient élitiste, effectivement, tout est cher (même pour pisser), sans parler des loyers...
      Merci, bon soir (je vais aller écouter...) :)

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  2. Eric,
    Quelle violence ! Vraiment une vie de chien !
    @+

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    1. Ah, voilà quelqu'un qui reconnait les vecteurs de violence.

      C'est marrant, je viens de le recevoir, Vie de chien. :)
      (Je serai critique, sans pitié. Ton pote pourrait faire de la bd,
      il a un style bien à lui...)
      A + Thierry

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  3. T'inquiètes, dans pas longtemps la barre va monter, ben oui, seuls les riches auront tous les droits, les cadres moyens, les petits bourges n'auront plus le droit de cité non plus. Regarde, si tu n'as pas les moyens de t'acheter une voiture non polluante, tu n'as déjà plus le droit de te rendre à paris et à Lyon, ce n'est qu'un pas de plus vers les privilèges.
    Moi, ce qui m'a le plus touchée dans les villes ces dernières années c'est la modification des bancs pour empêcher les SDF de s'allonger... C'est une horreur tout simplement, ils n'ont rien et n'ont même plus le droit de se reposer.
    deux articles intéressants , recensant tous les moyens anti sdf :

    http://www.topito.com/top-dispositifs-anti-sdf-scandaleux-repousser-clodos-classe
    et
    https://www.vice.com/fr/article/nos-villes-sont-de-plus-en-plus-hostiles?utm_source=vicefbfr

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    1. Ben si, je m'inquiète ! ;))
      Tu fais bien d'ajouter cette ignominie, celle des bancs,
      qui empoisonne non seulement les SDF, mais chacun qui aurait envie de s'allonger, de faire une sieste (ça m'est arrivé en pause boulot d'aller dans un parc...) + même à l'aéroport (de Nice) ils ont fait pareil, les voyageurs en attente ne pouvant plus s'allonger...
      Merci pour les liens, Virevolte

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