La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

samedi 1 mai 2021

Fête des esclaves désœuvrés

 

Être son propre esclave : j'me suis noué des ceintures.


 


Je commence cette publication par un souvenir d'adolescent (texte revu et raccourci
déjà paru vers 2013 sur mon premier blog) :

Sans le vouloir, par la force des choses, durant ma treizième année de vie,
je suis devenu le perturbateur de la classe, à l'école.
Alors que, jusque-là, j'avais été discret et réservé, je découvrais avoir du répondant
et, surtout, j'osais tenir tête aux professeurs en les fixant droit dans les yeux,
en exprimant ce que je pensais, en bravant leur autorité ainsi que les règles de conduite.
Il arrivait de plus en plus souvent qu’une majeure partie de la classe râle et apostrophe
les perturbateurs « on voudrait écouter et travailler, nous », s’écriaient-ils.
Mon opinion sur les studieux : "les jolies petites machines bien huilées et obéissantes que voilà".
J'ai eu des problèmes (punitions, heures d'arrêt, etc.) avec la majorité des profs, sauf :
avec la professeure d’histoire et géographie qui était ouverte au dialogue, jeune d’esprit et compréhensive.
Bien que sévère et ne supportant ni le désordre ni l’inconduite,
elle était appréciée d’à peu près tout le monde dans la classe.
J'éprouvais du respect pour elle et, chose rare, je l’écoutais et considérais son point de vue.
Je la trouvais juste, intelligente et, surtout, elle parvenait à rendre ses cours intéressants,
vivants, dynamiques.
Toutefois, prétendre que je restais tranquille et silencieux
serait comme demander à un poisson de ne pas nager.

Avec une autre prof., l'affaire a pris une tournure étonnante.
Durant le ~premier mois, la professeure d’allemand, comme les autres profs,
n’eut de cesse de me punir pour mon inconduite. Elle était outrée par mon attitude.
De mon côté, j'avais des préjugés contre elle, probablement à cause de son aspect de vieille fille.
Je n’avais de cesse de la provoquer et, je l'avoue, de me moquer d'elle.
Constatant que ni punitions ni heures de retenue ne fonctionnaient pour me cadrer,
dès le second mois elle me fit soudainement une proposition incongrue et tout à fait inattendue
en plein cours : si je me tenais tranquille le reste de l’année scolaire,
elle m'offrirait un album musical de l’artiste de mon choix.
Silence complet dans la classe. Personne n’avait connaissance d’un tel procédé.
Cette proposition ressemblait à une forme de chantage, pensé-je alors, surpris et décontenancé :
elle veut m’acheter. J’ai maintenant un choix à faire, une décision à prendre :
soit je refuse de me laisser soudoyer,
soit j’accepte sa proposition et rentre dans les rangs des machines obéissantes
.
La notion du libre-arbitre est importante. J'en ai pris conscience à ce moment-là.
La professeure m'a rendu responsable de la suite des événements,
non seulement concernant mon devenir scolaire,
mais également en ce qui concerne l’ambiance générale de la classe
et ce, durant une période s’étalant sur plus de huit mois (ce temps paraît très long à l’âge de 13 ans).
À ce moment-là, durant les quelques secondes où tout parut suspendu,
je me sentais déchiré entre, d’un côté, l’obéissance et, de l’autre côté, la désobéissance.
J'ai fait mon choix et pris la décision d’accepter ce drôle de marché pas très catholique.
Je restais calme durant le cours d’allemand.
Au fil des mois, j'ai découvert que cette femme certes austère se révélait profondément juste
avec chacun de la classe. Pas de favoritisme ni élitisme ni "chouchoutisme" ni autre.
Elle considérait chacun pour et à partir de ce qu’il était.
Elle aimait enseigner, cela se percevait et cela nous stimulait,
en nous donnant le goût et l’envie d’apprendre cette langue difficile (l'allemand).
Peu à peu et contre toute attente, j'ai commencé à la respecter
et même à apprécier sa proximité (elle m'avait demandé de venir m’asseoir seul à une table
près du pupitre, durant son cours).
À la fin de l’année, et malgré quelques "dérapages de conduite",
la professeure m'a demandé quel disque, 33 tours, je voulais.

Pour saisir la subtilité de cette professeure,
il est nécessaire de savoir que je ne possédais aucun album musical jusqu’à ce jour où,
non seulement j'ai reçu mon premier album mais, en plus, du groupe musical
que j'avais choisi (Pink Floyd, Animals).
Elle a eu de l'intuition ce jour-là, elle a été sacrément inspirée.

Une âme rebelle a des ailes qui lui poussent dans le dos, ailes d’ange ou ailes de démon, c’est selon.
Le système répressif des écoles (on s'y croirait à l'armée) tend à couper les ailes des âmes rebelles,
sans chercher à discerner si ce sont des ailes émanant d’une âme d’ange ou de démon qu’ils amputent
souvent avec cruauté ou sadisme, sans compassion ni compréhension (des raisons du comportement de l'enfant).
Il faut obéir, sinon un rapport de force s'enclenche et, bien évidemment, c'est l'élève qui perd des plumes.

Nous sommes tous, et constamment, mis en situation de devoir faire des choix,
qui génèrent des conséquences pour notre devenir.
Dans tous les cas de situations, la corruption (au sens de dégradation) est inéluctable.
Ce sont nos décisions qui marquent notre existence et notre personnalité.
C’est pourquoi il vaut mieux élargir toujours plus le champ de la conscience, afin de savoir mieux discerner.
La tentation comme la corruption sont partout et constamment dans notre monde actuel ;
à chacun de choisir la moins pire façon de se salir les mains
car chercher à passer outre semble utopique.

Peut-être que le mode de vie des personnes préservées, non encore corrompues
par ce que nous nommons la civilisation nous est insupportable au niveau inconscient ?
(Je pense aux enfants et aussi, aux tribus évoluant hors Système).
Ce que nous renvoient les personnes intègres vient, en quelque sorte, remuer le couteau dans la plaie
de nos âmes malades. Ce qui expliquerait, en partie, notre élan conscient visant à les anéantir complètement.
Cet insupportable effet miroir nous pousse à les détruire ou pervertir afin de ne plus voir
l’épouvantable image de nous-mêmes qu'ils nous réfléchissent.
Et les sauvages ne tiennent aucunement compte de la volonté des puissants de ce monde.
Ils ne permettent même pas de les enrichir davantage. Ce sont des rebelles, des terroristes
cherchant à préserver leurs âmes de notre monde civilisé.
Ils refusent qu’on leur ampute les ailes !
Ils luttent pour ne pas devenir de gentils robots bien éduqués en société !

Aliénation, tu t’es emparée de nous, humains calculateurs.
Nous en arrivons à tant aimer planifier nos existences (non seulement la nôtre mais toutes les existences)
que nous nous sommes entourés de calculatrices que l’on juge intelligentes et conscientes (!!) 
Et ces machines, ces outils "géniaux" nous hypnotisent et aveuglent quant au fait incontestable
que nous sommes en train de ruiner, de souiller encore et toujours plus notre environnement naturel
qui est, est-il besoin de le préciser, notre unique fournisseur de nourritures, d’eau et de matières premières…

 

Donnons voix aux jeunes concernant ce qui se passe depuis plus d'un an, et écoutons-les.
D'abord une adolescente de 15 ans, belge :


 

Et aussi, à un jeune de 18 ans qui a tout compris :



 

8 commentaires:

  1. Sympathiquement colorées tes ceintures , très chouette l'idée :)
    C'est fichtrement vrai que si le prof sait comment faire pour intéresser ses élèves c'est une année bien agréable pour les enfants qui se plaisent à apprendre et le prof qui se régale d'enseigner ...... mais hélas pas toujours facile pour les uns et les autres .

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    1. Coucou Saby-la-bricole ;)
      La mode de l'anglais : DIY (do it yourself). J'préfère FLT (fais-le toi-même)
      Tu as saisi le but de la manoeuvre (ton 2nd paragraphe), 5/5

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  2. Ce jeune (deuxième vidéo) te prend aux tripes ... ah ben tiens vlà un courageux

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    1. Il m'a ému, remué. J'le trouve lucide et, oui, courageux.
      J'ai aimé le détail à la fin, lorsqu'il ramasse la vidéo cassée (ne pas laisser de trace derrière soi, préconisent les sages amérindiens).

      Le témoignage de la fille est important notamment parce qu'elle parle des dégâts de passer trop de temps derrière des écrans, sans bouger, sans vrai contact (en plus des saccages psychiques dus aux confinements)...

      Mais que faisons-nous subir aux enfants et jeunes gens ?
      Sommes-nous en train de devenir des tortionnaires (de nos propres enfants) ?

      Si ça continue et qu'on ne dit-agit pas "stop, ça suffit", ça risque de durer des années ! (Dixit notamment Klaus Schwab et Attali-Nostradamus)
      Et maintenant se profile l'urgence climatique (comme prévu dans leur Plan diabolique)...

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  3. la vidéo de Viktoree est terrible ! Il m'a fait pleurer, c'est en effet horrible ce qu'on leur fait vivre à ces jeunes, ce qu'on vit nous-mêmes et ce qu'on fait vivre à nos aînés...
    les aînés et nous, on peut encore se consoler avec nos bons souvenirs, le passé qui était tout de même plus gai ( pour certains) mais eux ?

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    1. Ma fois, puisqu'on le vit, tous, sur toute la planète,
      faut croire que c'est ce que nous voulons,
      que c'est inscrit dans nos esprits malades... de peurs... de manquer...
      L'argent et la sécurité sont passés avant la qualité de vie,
      et la plongée dans le virtuel a raison de notre incapacité
      à maintenir des relations saines.
      Qu'est-ce que la vie, vivre ?
      Des relations, des interconnexions (naturelles), des interactions

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    2. non, c'est ce qu'on veut nous faire croire, c'est un peu comme la loi de l'offre et la demande, on te dit que si ça existe c'est parce qu'on l'a demandé, mais non, c'est juste parce qu'à un moment l'offre a été plus forte que la demande, du coup on nous fait croire qu'on a augmenté l'offre parce que la demande avait augmenté, en fait c'était juste pour arranger certains et leur faire gagner encore un peu plus d'argent. on ne veut rien on nous le donne, on nous le vend, on nous supplie de le prendre et on s'enferme dans un cercle vicieux, on nous a dit que c'était ce qu'on voulait, donc c'est ce qu'on veut !

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    3. Oui, on nous fait croire bcp de choses..., "cercle vicieux"
      Vi, le "hic" c'est que, soit cela vient de moi, soit nous (la plupart) avons une satanée difficulté à entretenir des relations saines, même dans des milieux professionnels où on intervient auprès d'autrui, comme les travailleurs sociaux, les "médecins", les psys.
      "Nous pensons le monde" et constate le résultat (à ce jour)...
      Tous responsables.
      C'est pourquoi il faut commencer par dire, crier : "stop, ça suffit"
      D'abord le dire en soi-même, puis le crier dehors
      ;)

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