La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

samedi 4 juillet 2020

Compulsion à souffrir


Est-ce notre conditionnement de civilisé qui nous a rendu réfractaires,
de façon compulsive (comme réflexe),
à ce qui pourrait nous rendre heureux d’exister,
mieux dans notre peau et sur Terre parmi les autres formes de vie ?
 


Musiciens en esprit, accordons nos violons :

La joie est un flux émotif, un mouvement de l’émotion  vers une zone agréable.

L’émotion se manifeste par flux et reflux dans quatre directions principales (peur, colère, joie, tristesse).

Le bien-être (dans sa peau et en ce monde) est un sentiment  puisque cet état agréable perdure.
Le sentiment de bien-être provient d’une satisfaction profonde et durable
nous rendant réceptifs à ce qui attire l’émotion vers la zone joie,
en plus de se laisser éprouver les autres émotions conséquentes aux événements en cours
(par exemple : si un proche décède, l’émotion s’épanche vers la tristesse
et ce, même si on se sent bien dans sa peau et dans sa vie).

Le civil veut  contrôler l’émotion,
qu’il redoute,
car, autrement, en considérant le mouvement émotif,
il ne pourrait pas produire des armes de guerre par exemple,
ni pratiquer de la vivisection.
Le civil encage l’émotion
par fainéantise et paresse d’apprendre à comprendre comment fonctionne un être humain
et aussi, parce que notre Moi-je rationalisant nous persuade que seul l’intellect importe.

L’humain a perdu son goût des affaires nobles de l’esprit
pour leur préférer les bénéfices promis par le mental.
Nous en sommes au point de considérer le corps comme une entrave, une imperfection !

Et le civil tomba sur la tête, c’est pourquoi il évolue la tête à l’envers.

En se persuadant qu’il faut brider les émotions,
l’humain "sécurise" tout, jusqu’à son frigidaire, parce qu’il a peur
notamment de manquer de quelque chose et de souffrir.

La peur est une émotion.

Et la peur est aussi un sentiment (un état qui perdure).

Il se trouve que notre mode de vie nous empêche chaque jour davantage
de se laisser éprouver des émotions de joie (rire, s’émerveiller,
éprouver de la reconnaissance, etc.)

 


Je pensais que le mécanisme de défense anti-bonheur m’était propre, vu mon histoire,
cependant je me rends compte que cette rétraction au bon et sain nous atteint tous,
à des degrés divers.

C’est comme si nous croyions, inconsciemment,
que de prendre une part de bonheur qui se présente n’engendrerait que souffrances par la suite !

Du bonheur, de la joie de vivre ?
Revolver m’en préserve.

Ce mécanisme de défense agit de façon inversée, contraire au bon sens,
nous empêchant de prendre et d’apprécier les opportunités de joie qui se présentent.


Le bonheur ne se calcule pas, ne se prévoit pas, ne se planifie pas ;
il n'est pas conséquent à la résolution d’une équation ni d’une discipline.
Le bonheur n’est pas une question de volonté
mais une affaire de présence à soi et aux autres et à la Nature.


On se raccroche à ce qui ne nous satisfait pas en profondeur ;
et lorsque une possibilité de bonheur frappe à notre porte,
comme les huîtres, on se barricade.
Laisse-moi car tu me feras souffrir davantage, lui crions-nous, au bonheur.
Dégage, tu ne m’auras pas cette fois.

Ce réflexe intérieur
‒ cette compulsion nocive qui coupe notre élan de vie et souffle notre flamme ‒
agit de façon contraire à notre bien-être et à notre épanouissement.

Cette compulsion morbide pourrait expliquer pourquoi nous manquons les appels au bon sens,
pour préférer rester dirigés vers le glauque sécurisé intrusif, les injustices, les inégalités,
le ravage de l’environnement, la tuerie des autres formes de vie, etc.

Au lieu de compulsivement être attirés vers le sain,
nous restons compulsivement soumis au malsain,
en réagissant sur la défensive contre ce qui pourrait nous rendre plus sereins,
satisfaits, modérés, équilibrés, harmonieux, heureux.

Nous évoluons les pieds dans la souffrance, le sang, les cris de douleurs et d'agonies,
la tête répétant sans cesse « je suis civilisé, je progresse, mal nécessaire, demain sera mieux et plus long ».

Éprouver de la satisfaction d’exister, ponctuée d’instants de joie ?

Manquerait plus que ça, tiens !
Quelle drôle d’idée, quelle utopie... ?


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6 commentaires:

  1. Il me semble que notre plus grande peur c'est la peur du changement et de l'inconnu, c'est peut-être pour cela que l'on reste dans des situations et des pensées désagréables car on a peur de faire autrement, on nous a toujours dit que c'était comme ça, alors on y croit malheureusement.

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    1. Oui, peur du changement et de l'inconnu ; et donc,
      peur de la créativité et des véritables nouveautés...

      Cependant, en plus,
      il y a cette sorte de compulsion anti-bonheur (joie de vivre).
      Je me suis basé sur une activité que j'exerce depuis plusieurs mois
      durant laquelle, au fil des échanges, problèmes soulevés, témoignages,
      il en ressort ce "réflexe" psychologique de se défendre contre la joie
      (en pensant que ça va nous faire souffrir après coup) ;
      ce qui nous maintient dans le connu, les bonnes et mauvaises habitudes,
      ce que tu soulèves, Vi.

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  2. C'est drôlement et gravement paradoxal quand même :
    nous avons peur du changement et de l'inconnu,
    tout en créant un Cerveau IA dont on ne sait pas du tout comment demain "ça" réagira
    ni l'impact que "ça" aura sur nous.
    Je veux dire qu'on plonge dans cette technologie qui représente une totale inconnue
    mais lorsqu'il s'agit de vivre mieux = ah non, alors, peur !
    :o
    Ben moi, j'ai peur de cette technologie
    et rêve de nouveautés vraies et nourrissantes pour l'âme et l'esprit (et non seulement le cerveau), bienfaisantes...

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  3. J'en viens à me demander si nous avons si peur que ça de l'inconnu ?

    Ne serait-ce pas plutôt la peur de perdre le contrôle sur ce que l'on croit contrôler ?

    Tout cela (ce qui est relevé dans le texte et les coms) est relié.
    Réfléchir : notre émotion va rarement vers la joie spontanément (sauf si ivre, etc.),
    le bonheur (simple) nous fait peur,
    ainsi que la légèreté d'être, la simplicité de fonctionner,
    le sentiment intérieur de sécurité et de réconfort,
    la tolérance, l'empathie, l'affect, la tendresse, les sentiments, etc.
    Tout cela est plutôt d'énergie féminine ;
    comme Terre, symboliquement reliée à la femme,
    comme la Nature, généreuse, que nous ravageons.

    Compulsion anti-féminin (réaction contre ce que procure cette énergie) ?

    Un truc encore que je trouve important :
    la rationalité, le calcul, les maths et donc, l'IA,
    ainsi que le mépris des sentiments, du sensible, du vivant, etc.
    tout cela est plutôt d'énergie masculine.
    Le smartmonde de demain s'annonce donc... absolument masculin (puisque sous le contrôle d'un Cerveau Central, uniquement rationnel).

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  4. Et on nomme toujours des hommes aux postes les plus importants, ça ne risque donc pas de changer !
    Oui, tu as raison quand tu parles de cette compulsion antibonheur, je connais pas mal de personnes comme ça, elles ne savent pas se satisfaire de bonheurs simples, elles ressassent toujours et encore leur malheur et ne savent pas attraper au vol ce qui pourrait être bien et joyeux !
    Et oui, on a peur de ne pas tout contrôler, c'est pourquoi on a peur du changement car on ne sait pas si on pourra tout contrôler, il faut faire Hoʻoponopono, accepter de ne pas tout contrôler, accepter les choses telles qu'elles viennent sans vouloir présager de l'issue, si on calcule trop ce que l'on veut obtenir on est souvent très déçu. Si on ne s'attend à rien on n'est pas déçu et on peut même se réjouir ! ;)

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    1. Rien à ajouter
      ;)
      "Si on ne s'attend à rien on n'est pas déçu..."
      Voilà ce qui semble si difficile à la plupart d'entre nous,
      et voilà ce qu'on laisse passer, ce dont on se prive : "... on peut même se réjouir".
      Quel dommage !

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