La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

jeudi 19 octobre 2017

Âme, tentation, libre-arbitre, corruption

Le concept du libre-arbitre divise les gens entre :
- ceux qui soutiennent que nous avons le choix (de nos réponses et actes)
et donc, que nous sommes dotés du libre-arbitre ;
- ceux qui soutiennent que nous n’avons pas de libre-arbitre.
Les personnes appliquant des dogmes ont tendance à adopter l’idée
que nous n’avons pas d’autre choix que de penser et nous comporter comme édicté,
en obéissant aux supérieurs autoproclamés garant des lois et commandements.

Un exemple pour démontrer que nous avons un libre-arbitre :
Dans un contexte extrême, d’enfermement forcé, comme en prison,
la personne a tout de même des choix à faire (dans le non-choix),
comme celui de bien se comporter (et espérer une remise de peine) ou non,
de préparer une évasion ou non, de penser à se suicider ou non,
de créer des liens avec les autres prisonniers ou partiellement ou non, etc.
Je me souviens d’une scène de film vu il y a plus de trente ans : Midnight express.
Le protagoniste, emprisonné à Istanbul, se lie d’amitié avec un prisonnier.
A un moment, ce dernier propose au protagoniste de partager de l’affection.
Le protagoniste refuse et lui explique quelque chose comme (dans mon souvenir) :
ce serait s’habituer à rester ici, en se résignant. (Il s’évade à la fin du film)

La vie, naturelle et sociale (artificielle), procure des stimuli de toutes sortes,
autant sur les plans physique que psychique.

Les tentations sont multiples et diverses.

La tentation nous place face au libre-arbitre.

Du libre-arbitre, de nos choix, se forment, à chaque fois,
deux possibilités, deux voies :
1) soit on se laisse corrompre, entraîner dans une voie qui n’est pas sienne ;
2) soit on ne se laisse pas corrompre, quelles qu’en soient les pressions extérieures.
Il est question, ici, de corruption de l’âme.
Pour le dire autrement, on se pervertit ou se laisse dénaturer,
détourner l'élan de nos aspirations et désir profonds,
en faisant des choix qui ne sont pas les nôtres.

L’existence pourrait se résumer à une série de tentations/choix.
Une métaphore : l’existence serait comme un grand tissu,
avec des lignes, et des points de jonction pour relier les lignes entre elles.
Les points de jonction correspondraient aux tentations/choix.
Il existe divers degrés de tentations auxquels se confronte l’âme.
Les points du maillage peuvent être plus ou moins importants
et, surtout, déterminants pour la santé psychique.

Il s’agit de tenir compte d’un fait : la corruption naturelle est inévitable.
Si j’ai bien compris cet autre concept, c’est une question d’entropie.
Un enfant, à peine né, que déjà il s’avance vers sa mort prochaine.
Chaque étape de sa formation participe à son développement comme à sa corruption.

Il est important de distinguer entre la corruption naturelle, inéluctable,
et la corruption non-naturelle, voulue par des esprits humains.


Le rôle éducatif des parents auprès de leur(s) enfant est délicat,
puisqu’il s’agit, selon moi, d’apprendre des choses à l’enfant,
forcément à partir de ce que l’on est et aime soi-même,
tout en évitant, au maximum, de corrompre son élan naturel ;
et ce, même si cet élan va à l’encontre des valeurs, croyances et désirs des parents. Aïe.
Et aussi, l’instruction publique (les écoles) participe à cette éducation-formation
délicate et déterminante de l’enfant.

L'autorité, les diverses autorités, peuvent, selon leur façon de procéder, gouverner,
limiter notre libre-arbitre, en orientant constamment nos choix dans une direction.

Alice Miller (thérapeute pour enfants) a traité avec justesse de la pédagogie noire
exercée par trop de parents, et aussi par certains instituteurs, docteurs,
thérapeutes, professionnels des services sociaux, gourous, politiciens, etc.
La pédagogie noire consiste notamment à abuser de son pouvoir sur autrui.

Abus de pouvoir : circonscrire le choix de l’autre, voire lui imposer une option.
L'abus de pouvoir peut consister à faire croire aux autres qu'ils n'ont pas le choix.


Nos âmes se trouvent constamment, avec plus ou moins d’intensité,
confrontées à la tentation et au nécessaire discernement
entre ce que nous définissons comme étant le Bien et le Mal (pour soi et son entourage).

Chaque événement, chaque expérience peuvent s’avérer tentantes et, par conséquent,
susceptibles de corrompre nos résolutions ou la bonne éducation reçue ou, pire,
nos principes moraux ou notre sentiment d'intégrité.

NB : arrêtons-nous sur ce verbe corrompre et, plutôt que de se rappeler la définition,
voyons quelques synonymes : altérer, fausser, dénaturer, souiller, polluer, gâter,
envahir, dépraver, débaucher, pervertir, soudoyer ; mais aussi, abonder.


Les situations de tentation (importantes, vitales) sont intéressantes
car la mobilisation du libre-arbitre s’impose,
ce qui tend à révéler la personnalité profonde d’une personne.
Dans ce contexte, la personne se confronte,
ne serait-ce que quelques secondes, à sa véritable nature,
à son influençabilité, à son éthique personnelle, à son niveau de corruption, etc.
Elle peut y prendre la mesure d’elle-même, se jauger.



La scène de l’image ci-dessus illustre clairement la tentation.
La tentation place chacun face à un choix.
La scène illustre donc, également, le libre-arbitre :
l’homme se retrouve devant deux possibilités, laquelle va-t-il choisir ?

D’un côté, une femme blonde, simple, paraissant déjà liée à l’homme.
Elle pourrait être sa sœur ou sa femme ou une amie proche.
D’un autre côté, une femme couronnée, telle une reine,
influente (elle pose une main sur l’épaule de l’homme),
semble proposer quelque chose, faire une offre par exemple,
soit à l’homme, soit à la femme blonde, soit aux deux.

Quelles conséquences le choix de l'homme aura-t-il sur chacune des femmes ?

La corruption (non-naturelle),
dans une situation comme illustrée par l’arcane l’Amoureux,
est un acte stratégique, réfléchi (ce qui est illustré par la femme couronnée ;
la couronne symbolisant une forte activité mentale, en plus d'une autorité).

De corrompre quelqu’un, intentionnellement, permet de parvenir à ses fins.

Notons l’apparition d’un ange, dans l’image de l’arcane l’Amoureux du Tarot,
qui vient comme prendre acte de la décision qui va être prise par l’homme,
ce qui souligne l’importance de ce moment (de la scène illustrée).
Selon la décision prise,
l’ange peut décocher une flèche blessant l’être (voire deux ou les trois êtres)
de l’intérieur, ce qui blesserait et affaiblirait la sensibilité de l'âme.

Exemple de question inspiré de cet arcane :
l’homme, va-t-il choisir le profit et l’ambition (la femme couronnée)
ou va-t-il choisir de rester intègre et humble (la femme blonde) ?

Remarquons le nom de cet arcane : l’Amoureux.
L’émotionnel est déterminant en situation de tentation.
Une tentation mobilise le désir.
Le choix sera fonction du désir profond,
ou du niveau de lâcheté ou d’exaltation mentale du moment.

Le libre arbitre…
Nos existences sont conditionnées par la façon dont nous nous comportons
avec notre prochain. Et Dieu n’est rien de plus que cela :
nous sentons Sa présence chaque fois que nous devons faire un choix.
Tout le reste n’est… qu’artifice.

– Raymond Khoury
J’aime beaucoup ce qu’a écrit cet auteur :
« nous sentons Sa présence chaque fois que nous devons faire un choix ».
C’est exactement ce qui ressort de l’image de l’Amoureux (du Tarot),
avec l’angelot et son arc.


Mieux l’âme se porte (intégrité), plus l’esprit se dirige précisément
et avec discernement dans le monde ; ce qui inclut les choix à faire,
les décisions à prendre, c’est-à-dire le libre-arbitre.

NB : intégrité et corruption luttent incessamment en notre for intérieur.
L’intégrité renforce l’âme, ce qui stimule l’esprit à devenir performant et lucide.
La corruption fragilise l’âme, ce qui génère la confusion et l’aliénation de l’esprit,
par exemple la démence.

Il me vient une question :
est-il possible à l’esprit d’enrayer ou de dégager l’âme
de cet inéluctable processus de corruption naturelle et, s’il y a lieu, non-naturelle ?

Cette question nous fait rebondir vers la philosophie de l’évolution spirituelle
hindouiste comme bouddhiste,
avec l’idée d’une possible extraction du cycle des répétitions et des réincarnations…

___________________________________

11 commentaires:

  1. Eric,
    Beaucoup de choses m'échappent dans ton article, mais m'intéressent, me questionnent.
    Thierry

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. A moi aussi (bcp de choses m'échappent), il m'a pris la tête ce texte.
      P'tre que j'aurais dû le peaufiner ?
      :)) (Dur pour commencer le jour) A + Thierry

      ♫ ♪ Debout les gars, réveillez-vous ♫ ♪
      il va falloir en mettre un coup...♫ ♪

      Supprimer
  2. Une précision sur ce qui ressort de ce propos complexe et aussi,
    sur ma motivation (de l'avoir écrit) :
    Chaque fois qu'une personne choisit une option
    (ou une direction, une activité, etc.)
    allant à l'encontre de son élan naturel (désir et aspirations profondes),
    c'est comme si elle se portait un coup à elle-même, depuis l'intérieur ;
    ce qui fragilise, blesse, sa membrane de la sensibilité.

    En bref, le libre-arbitre est central dans la trame de notre existence.

    RépondreSupprimer
  3. De nombreuses fois dans ma vie je me suis empêchée de réagir ou d'agir pour des raisons d'éducation, ça ne se faisait pas ! Et j'ai laissé faire, je me suis laissée faire alors que je n'en avais pas envie et puis il y a eu aussi l'inverse. On m'a contrainte à aller contre ma nature sous prétexte que mon éducation été rigoriste, il fallait que je me lâche. Alors pour ne pas paraître bête, pour ne pas m'enfermer dans cette éducation que j'avais eue, je me suis enfermée dans d'autres principes qui ne me correspondaient pas du tout. Je me suis libérée de tout ça il y a peu...Maintenant je fais ce qui me semble être bien pour moi.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Itou.
      Merci pour ce témoignage, Vi. Il en ressort comme "on" nous force à...,
      comme on se sent forcé de...
      ;)

      Supprimer
    2. je viens de m'apercevoir que j'ai fait une jolie faute ! "mon éducation était rigoriste" " et pas "été" ! ;)

      On a toujours l'impression d'être forcé à faire des choses alors qu'on peut ne pas se forcer et faire ce qu'on a envie !

      Supprimer
    3. C'est ce que j'apprends (à faire ce que j'ai envie).
      Mais le système nous pressurise, de plus en plus,
      l'aime pas qu'on fasse ce qu'on veut.

      Supprimer
  4. Bonjour, article très intéressant
    Je me permets de poser sans détour cette question :
    le suicide est-il une question de libre arbitre?
    le contexte : celle qui se pose la question n'est pas dépressive, elle a bien roulé sa bosse pendant 35 ans,elle est d'une intelligence supérieure à la normale (HQI), et elle vient de subir une avalanche d'emmerdes en tout genre, graves. Elle est par ailleurs seule sans héritier, elle en a JUSTE ASSEZ.Son libre arbitre lui fait penser qu'elle a le droit d'abréger ses souffrances, dans un corps très mal en point et alors que les perspectives d'épanouissement personnel sont réduites à néant. Enfin tout ceci est un résumé,avec quelques raccourcis n'est-ce pas?

    Désolée si j'ai choqué
    Bonne journée
    Chrissie

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Chrissie,
      Oui, le suicide est une question de "libre arbitre".
      Notre corps, notre vie, nous appartient, enfin, nous en disposons ;
      donc quand ça ne va pas, pourquoi souffrir s'il n'y a plus d'horizon
      ni espoir ni désir (de continuer à vivre) ?
      Par exemple, je suis pour l'euthanasie.

      Le propos n'est pas choquant, je trouve,
      au contraire, merci d'avoir osé
      ;)

      Supprimer
    2. Merci Eric pour votre franchise

      Supprimer