La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

samedi 8 avril 2017

De la possession

On peut tout voir, considérer, sous forme de possession ;
le temps de lire ce propos en tout cas.

Le défi de cette existence semble consister à ne pas se laisser posséder,
par quoi que ce soit d’extérieur et aussi, d’intérieur (à soi-même).

Ne pas se laisser posséder par ses sentiments, ses désirs et ambitions,
ni par ses émotions (en interaction),
ni par ses idées, ses fantasmes, ses croyances, des souvenirs, etc.

Ne pas se laisser posséder par ses instincts,
par les plaisirs sensuels, sexuels et, pour certains, sadiques.

Ne pas se laisser posséder par les plaisirs intellectuels,
ni par le dialogue intérieur.

Ne pas se laisser posséder par des peurs infondées,
ni par l’angoisse existentielle.

Sur l’extérieur, dans le monde,
ne pas se laisser posséder par les idées des autres personnes,
ni par le rêve social pré formaté et pensé par des "esprits" malsains.

Ne pas se laisser posséder par la TV, Internet et le smartphone,
ni par cette boulimie d’informations, régurgitées à mesure.


Ne pas se laisser posséder par sa voiture, son logement,
son compte en banque, ses assurances, ses biens, etc.

Ne pas vouloir s’approprier l’ami(e) ou le conjoint, ni son enfant.
Vouloir l’autre pour soi, s’en approprier, n’est pas amour, si ?

Là réside une difficulté : oser aimer, se laisser aller à aimer, intensément,
sans chercher à posséder. Or, quand on aime on devient possessif...

C’est cela, aussi, être maître de soi :
savoir rester détaché (et non pas insensible),
en ne se laissant pas posséder, par quoi que ce soit ; dans l’absolu*.

À voir ce qu’il se passe dans ce monde,
il semble que nous soyons possédés,
devenus excessivement dépendants de futilités.
Sur l’autre plateforme, j’avais écrit que « nous aurions besoin, tous,
d’être exorcisés » (et m'étais souvenu de Tubular bells de Mike Oldfield).



Les possessions entravent, telles des cordes qui, au fil du temps,
deviennent de plus en plus épaisses, résistantes,
ce qui tend à énerver, à rendre agressif et intolérant,
pire : à immobiliser le corps et rigidifier le psychisme.

Les possessions retiennent, nous empêchant d’avancer,
et l’esprit de s’aliéner, en se justifiant et argumentant sur tout,
puis, suivant la direction du vent, sur son contraire.

Nos possessions nous rongent l’âme,
figeant le sentiment sur mode indifférence,
et le corps de devenir insatiable de désirs toujours plus nombreux et malsains,
alors que l’être profond demeure irrémédiablement insatisfait.

Ce que nous possédons finit par nous posséder.

Symboliquement, cela est la fonction du diable :
nous posséder, quelle que soit la façon,
afin de maintenir une emprise sur notre âme.
 



* L’absolu donne une direction.
L’important se déroule le long du chemin.
La perfection consiste à agir au mieux, avec attention,
au sein de l’imperfection.

Virevolte, dernièrement, a écrit en com :
« Il y a des dépendances plus douces que d'autres ! »
Voix simple, voie sage.
 



La visée de ce propos n’est pas de lutter contre ce qui nous possède,
mais d’en avoir conscience, pleinement.
Et, tant qu’à faire, d’entreprendre un tri,
afin de se défaire de ce qui nous possède excessivement ou de façon malsaine.
On pourrait dire aussi :
apprendre à gérer ce qui rend trop dépendant,
notamment le répétitif, certaines routines et habitudes
prisent de façon conditionnée, automatique, sans y avoir réfléchi
(comme si elles allaient de soi, sans les avoir remises en question).

Être et rester maître de ses besoins et plaisirs,
et ils ne nous possèdent plus,
en tout cas plus à notre insu.

Il n’est donc pas question de se priver ni d’ascèse,
mais de tempérance, de Conscience, d’Intelligence.

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Lien
* Mouvement et liens
* Du positif, on veut... (en bas de page, un énoncé aide à la maîtrise de soi,
notamment à se désenvoûter de ce qui nous possède)

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4 commentaires:

  1. Éric,
    Ton article fait sérieusement cogiter. Tous concernés. Con cernés ? Pourtant c'est nous qui possedons tout cela. La dialectique du manipulateur manipulé cher à mes camarades marionettistes. Il y a une belle scène là dessus dans la peau de Malkovitch si je me souviens bien.
    Beau dimanche.
    Thierry

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    1. :)) excellent l'inspiré, puisque effectivement toutes ces conneries finissent par nous cerner de toutes parts, limitant notre liberté de mouvement...
      (J'me souviens l'avoir vu ce film, mais ne m'en souviens guère)
      Ciao Tmore

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  2. Il est extrêmement difficile dans notre société de ne pas posséder ou simplement de ne pas se laisser posséder. Tous les jours toutes les heures nous sommes matraqués par des publicités nous vantant les mérites de tout un tas de choses, pas parce qu'elles sont utiles, non, juste parce qu'on nous incite à consommer, notre société ne fonctionnant plus que sur ce leitmotiv, consommer, consommer pour exister...Dès le plus jeune âge si on n'a pas le dernier cri en tenue vestimentaire ou objets connectés on passe pour des ringards des inadaptés à la vie...j'en sais quelque chose avec mes deux ados à la maison !!!
    Mouais et alors, on achète, ça devient vite obsolète et on veut à nouveau acheter, on est content pendant un moment et puis on désire à nouveau, on est en manque, on obtient et on est à nouveau en manque, c'est une drogue.Certains iront même jusqu'à faire des crimes pour posséder plus. Certains seront malheureux toute leur vie de ne pas avoir pu posséder ( mon ex par ex...)
    Alors, oui, il faut apprendre à se détacher comme tu dis, pas être insensible mais se détacher, faire en sorte que ces possessions ne nous possèdent plus ne nous pourrissent plus la vie, revenir à des choses simples que l'on ne possède pas parce que ces choses là ne nous font pas de mal, elles nous donnent et ne prennent pas. Tiens on en reviens toujours au même principe de vie, les preneurs et les donneurs... Et oui, je réitère, il y a des dépendances plus douces que d'autres, dépendre de la nature par exemple...

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    1. Ton 1er paragraphe trace un bon exemple concernant le comment on nous rend, intentionnellement, toujours plus dépendants...
      Oui, nous en venons à nous comporter comme des drogués !
      Merci pour ce témoignage plein de bon sens, Vi.

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