Une ombre, vautrée dans un pli du temps,
parvint à enrayer les incidents la concernant,
alors que s’accélérait l’inexorable mouvement,
ramenant les humains au commencement.
Elle attend, invisible aux regards boulimiques,
une attitude, un rêve ou une pensée magique ?
Ou peut-être, une ouverture, un déclic, un allié ?
De sûr, une opportunité de s’évader du bourbier.
S’échapper de la sphère technologique du central cerveau,
exalté par le courant d’idées frénétiques dénuées d’éthique,
espace où des vivant-morts prétentieux se font la nique,
au nom d’un pseudo plaisir mental aristo-mégalo.
Âmes corrompues, vicieuses, insatiables de vanités,
du temps et de la vie croient se jouer,
chevauchées par leurs démons intérieurs,
elles ne sentent pas Némésis leur dévorer le cœur.
Têtes dans des chariots à moteur, leurs pensées à la banque,
consommatrices-consumées, aux corps malmenés, en manque,
obnubilées par les armes mais dégoûtées par le terme « violence »,
craignent les conflits que leurs idéaux engendrent avec nonchalance.
Ombre, ramassée en un pli du temps,
s’est dégagée, désolidarisée, déresponsabilisée,
protégeant sa flamme, son micro-soleil,
de leurs voracités sans pareilles.
Ils s’enorgueillissent de se comparer à des prédateurs.
Mais a-t-on déjà vu un lion, un loup, un aigle ou un requin,
torturer pour tuer, détruire leur territoire pour quelques gains,
amasser pour amasser, en ne suscitant que désolation et malheur ?
Des mutants de l’enfer, ils sont,
sans remord ni compassion,
dépourvu de sensibilité,
avec pour seule mission de léser.
Ombre, recroquevillée en le pli du temps,
sauve son âme du jugement immanent.
Meurtrie, trahie, oubliée, délaissée,
tel est le prix pour un peu de liberté.